Des milliers d'habitants ont quitté mardi le centre de Brisbane (nord-est), qui s'apprête à affronter les pires inondations depuis 120 ans, tandis que les magasins de vivres étaient dévalisés. La tension est montée d'un cran en Australie depuis qu'un mur d'eau a dévalé les rues de plusieurs villes à l'ouest de Brisbane lundi, causant la mort d'au moins neuf personnes. Des dizaines d'autres sont portées disparues. Ces nouvelles inondations ont été provoquées par des pluies torrentielles, jusqu'à 30 cm d'eau en certains endroits en moins de 24 heures, tombées sur un sol déjà saturé d'eau. Un mur d'eau, un océan au milieu de la montagne, un "tsunami terrestre": les nouvelles inondations qui ont ravagé le nord-est de l'Australie ont tout balayé sur leur passage, emportant les voitures et poussant les habitants à se réfugier sur les toits. Près de la ville de Toowoomba, à 130 km à l'ouest de Brisbane, les maisons ont été arrachées de leurs fondations et les habitants terrorisés se sont réfugiés sur les toits ou accrochés à des lampadaires pour sauver leur peau. La brusque montée des eaux, qui a tout dévasté sur son passage lundi, a tué au moins neuf personnes. Plusieurs dizaines d'autres étaient portées disparues. "Il n'y a pas eu de signal d'alerte, autant que je sache", a déclaré au journal The Australien, Donna Dyer, serveuse à l'Irish Club Hotel de Toowoomba. "C'était atroce. Il pleuvait des cordes et on a soudain entendu la rivière sortir de son lit, et puis un mur d'eau a dévalé la rue", a-t-elle raconté. "C'est arrivé tellement vite. Tout d'un coup je vois flotter devant moi une citerne et les canapés du magasin de meubles". Des employés de bureau ont été évacués de leurs locaux inondés et une femme à l'extérieur s'est cramponnée à un petit arbre avant d'être récupérée grâce à une chaîne humaine. Quatre personnes se sont accrochées à des panneaux à un carrefour de la ville et un couple s'est réfugié avec ses deux enfants dans une cavité dans le plafond de leur maison, juste avant que le déluge envahisse l'habitation, selon les médias locaux. Les masses d'eau ont traversé Toowoomba, une ville d'une grosse centaine de milliers d'habitants, située dans la cordillère australienne, avant de dévaler à travers plusieurs bourgades en aval. "C'était comme un océan, il y avait des vagues. Je n'ai jamais vu quelque chose de semblable", a déclaré Sandra Van de Kley, employée de bureau à Toowoomba, à The Australian. Pour Steve Jones, le maire du district de Lockyer Valley, le village de Withcott paraît avoir été soufflé par "une bombe atomique" ou un cyclone. "Les pompes à essence ont été arrachées et transportées 500 mètres plus loin", a-t-il témoigné. Le responsable de la supérette du village, Treg Cleland, a raconté que ses marchandises flottaient dans un mètre d'eau, et qu'à l'extérieur, le niveau atteignait près de trois mètres. "On a eu environ 5 ou 10 minutes" pour se mettre à l'abri, après un appel de la police avertissant de l'arrivée d'un mur d'eau depuis Toowoomba, a-t-il dit à Fairfax Radio. "Personne n'aurait imaginé un tel volume d'eau, il faut le voir pour le croire", a-t-il ajouté. A Grantham, un village voisin qui est sans doute la localité la plus dévastée, les habitants se sont réfugiés dans l'école tandis que les voitures dévalaient les rues et les vieux bâtiments résistaient avec peine à l'assaut des flots. "L'eau arrive", a déclaré Campbell Newman, le maire de Brisbane, troisième plus grande ville australienne, où vivent deux millions de personnes. "Aujourd'hui, c'est déjà remarquable. Demain, ça va aller mal et jeudi sera catastrophique pour les habitants et les entreprises", a-t-il ajouté. Les employés du centre-ville ont quitté les bureaux et s'empressaient de rentrer chez eux par bus, train ou voiture, après un ordre d'évacuation de la police. Les autorités ont prévenu que quelque 6.500 habitations et entreprises pourraient être touchées par ces inondations, les pires qu'a connu la capitale du Queensland depuis 1893. Les supermarchés étaient dévalisés par des habitants inquiets. "Dans le supermarché de notre quartier, une soixantaine de personnes faisaient la queue à chacune des douze caisses, et tout était en rupture de stocks, les biens périssables comme les non périssables", a indiqué Paul Betros, un avocat prié de rentrer chez lui par sa firme du centre-ville. "Il n'y avait plus de pain, de lait, d'eau en bouteille, de bougie. Le rayon boulangerie fermait car il n'y avait plus rien à vendre", a-t-il ajouté. Un autre habitant, Daniel Sumner, a comparé son supermarché à "une maison de fous".