Nous avons jeté un regard sur l'intimité de l'après ftor et le calme plat qui règne dans les maisons où l'on n'entend même pas parfois le remue-ménage dans les cuisines – la vaisselle, c'est après le repos du guerrier – et dans les rues où même des gosses – dans le silence de l'après rupture – cessent de taper sur le ballon. Venons-en maintenant à l'avant ftor quand toute une ville ou un village, le ventre creux, vaque à des occupations diverses. Si les uns vont au marché, d'autres se penchent sur leur ordinateur, histoire d'apprendre et de prendre des conseils précieux. Le ballet des marcheurs qui ne sont plus stressés par l'heure du repas de midi, de l'apéro qui se transforme en scritif qui gâche leur après-midi, commence dès la sortie du bureau ou de la manufacture. Pour bien des hommes, il n'est pas question de rentrer à la maison, pas avant la rupture qui capture tous les appétits. La redécouverte de la ville et de ses lieux délaissés est renouvelée chaque jour. Souvent avec les mêmes gestes, le même cérémonial jusqu'au coup de canon qui ne frappe plus que dans la tête. L'avant-ftor est rempli de bons petits moments où le corps, malgré la soif, plus que la fin, semble subir une expérience médicale qui ne peut être que bienfaitrice. C'est dans le creux de l'après-midi que des réflexions s'emparent de l'esprit, disposé à peser le pour et le contre, et que des incitations à la méditation s'imposent. Des moments intenses qui ne se répètent pas après le ftor. stop. La Villa des Arts superbement restaurée, après avoir chassé les scorpions et les lézards qui avaient squatté l'ex-terrain abandonné, a du grand mérite. Elle programme des thèmes dignes d'intérêt à travers toute l'année, même en plein été. Après cette réussite qui suscite de l'admiration, dans un quartier de la bourgeoisie moyenne où il y a quand même encore de belles villas que n'aurait pas boudé Pancho Villa, il serait temps que l'Omnium Nord -Africain pense à ouvrir des centres culturels de cette envergure, moins pimpants et plus fonctionnels, dans des quartiers où des jeunes attendent qu'on pense à eux, qui ne vont pas attendre Mawazine pour respirer un peu. A Yacoub El Mansour, à El Youssoufia ou à Sidi Moussa où des maisons de jeunes à la Malraux seraient d'une grande utilité. stop. La culture de la messagerie sur le portable se poursuit cahin-caha, tant bien que mal avec des mots doux ou crado qui font pouffer de rires les puristes, qui sont déjà obligés de suivre la vague, en causant « darija » sans modération parce que leurs relations parlent avec des signes ostentatoires qui ne trompent pas, qui signifient qu'ils ne parlent que la langue du tarah et du barah. Même un diplômé de Harvard ou de Princeton de retour au Maroc, composera sur son GSM des mots de tous les jours qu'on parle sans détour, pour se faire comprendre. Les utilisateurs du téléphone portable sont en train de réinventer la darija. Mieux encore, en lui donnant des lettres de noblesse dont elle rêvait. Il n'y a plus de fausse honte à taper « hani jay » pour dire tout simplement « j'arrive », comme aurait dit Juliette Gréco et Jacques Brel le Marocain à force d'être cité par les nôtres… stop. On pardonne à des terroristes qui finissent par se repentir et à des mauvaises graines qui acceptent de déposer les armes, mais pas à des fonctionnaires, toujours en exercice qui ont des incidents de paiement auprès de telle ou telle banque, des incidents qui remontent à 7 et 8 ans. Où aucun chèque n'a été déposé au proté. Ne dit-on pas « Allah ghafor Rahim » ? Pourquoi alors briser la vie d'un fonctionnaire ou autre, client depuis des années dont la paie est virée directement à la banque machin-truc depuis des décennies ? Bien sûr, on se cache derrière le règlement. Mais c'est un règlement obsolète qui ne colle plus avec le temps, surtout que, encore une fois, les incidents de paiement remontent à plusieurs années. On va bloquer tout un pays. Jusqu'à quand, des criminels, les vrais de vrais, sont relâchés dans la nature ? En attendant, Machin-Bank décide de retirer bien des pouvoirs à ses agents régionaux qui ne savent plus quoi dire à leurs clients privés du moindre centime. C'est comme ça qu'une banque perd son prestige et des clients qui se passent le mot au quart de tour. stop. Mais à quoi pensent-ils le reste de l'année ? Beaucoup attendent ce mois béni pour s'offrir des jus de fruits à l'heure de la rupture et des mixtures de toutes sortes. Effectivement, dans des familles, le mixer Moulinex fabriqué dans le Calvados, l'Orne ou Yinchuan en Chine, est rangé au fond du placard pour ne ressortir que durant le Ramadan, mois de toutes les audaces et de toutes les recettes qui lassent. Du coup, des balèzes qui veulent gonfler leurs biceps achètent pommes, raisins, oranges, poires et melon. Tous les cocktails sont à avaler d'un trait avant le bol de harira. On appelle ça le « assir » qui est entré dans le langage des jeunes qui pressent ainsi le temps. Traduisez. stop. Qui ira chercher, au fin fond de la cuisine, une cuillère en bois hors Ramadan ? Si, il y a des cuillères du genre sous le toit parce que dans de nombreux foyers marocains, on ne trouve ni m'ghorfa ni zlafa de Safi. La cuillère en bois est un geste ancestral qui relève le goût de la soupe aussi ancienne que les tombeaux saâdiens ou les remparts almohades. A supposer que Boufortuna remonte à bien avant l'arrivée des morisques classe tous risques et les andalous qui reviennent à pas de loup, sans faire de bruit pour se frayer un chemin dans la nuit. stop. Hexagone. Le si innocent Eric Woerth aurait incité Sarko à donner la légion d'honneur à l'homme par qui le scandale est arrivé, un certain Patrice de Maistre. Eh ben ! On ne savait pas que la Légion, titre prestigieux, pouvait s'acquérir sans coup férir. On comprend dès lors pourquoi il y a tant de médaillés ici ou là-bas qui ont fini par dérailler à force d'arborer un signe qu'ils ne méritent pas… stop.