Les pauvres aident les pauvres. Ils n'ont pas d'autres alternatives. Les wilayates et les préfectures ont d'autres chats à fouetter que d'apporter du secours aux familles sans ressources. Ces distributeurs de thé, farine et sucre attendent la veille du Ramadan et encore quand ce n'est pas bien après l'aïd. En attendant, les pauvres aident les pauvres. A l'Océan, un père de famille nombreuse, qu'on appelle l'fqih, distribue dès 5 h du matin du pain aux épiciers du quartier. Avec sa « kréressa », il fait le tour du quartier jusqu'à la place de Russie près du terrain Pex. Il gagne une misère : 50 centimes par pain rond. Mais malgré ses ressources maigres, il donne aux plus pauvres, « khobza » par-ici, une autre par-là. Un geste gratuit et symbolique. Chaque matin, une famille installée au Borj, qui attend d'être expulsée en raison du futur Musée de la Marine, vient à son domicile vers 7 h 30 environ pour prendre du pain que notre fqih - un citoyen n'appartenant à aucune tendance - offre sans le moindre bla-bla. Un citoyen qui ne connaît ni l'Abbé Pierre ni autre figure de proue qui se bat contre l'exclusion. Un fqih sans étiquette qui ne sait pas que partout des hommes et des femmes dans le monde entier apportent comme lui un soutien aux démunis, un mot employé pour se donner parfois bonne conscience. stop. Ils et elles donnent l'air d'être branchés mais derrière la façade, il y a toute une histoire. Ces jeunes se privent souvent de tout pour se retrouver en face de l'ordinateur du cyber du coin. Sans jouer les misérabilistes, ces passionnés de Facebook et autre « you tube alik » n'ont parfois même pas à manger. Enfin correctement : avec entrée, plat de résistance et dessert. Dans bien des familles en 2010, des jeunes et moins jeunes se contentent de « harcha », ces crêpes qui remplissent la panse à moindre coût, et de thé à la menthe. Les habitués de web, mal ou peu nourris, ne rateraient pour rien au monde leur visite au cyber du coin. stop. Le dernier « Tel Quel » qui ne fait pas que dans le sensationnel à chaque fin de semaine, a retenu que c'est grâce à Si M'hamed Boucetta que les premiers textes de Abdelatif Laâbi, poète prodigieux et courageux, sont sortis de prison. Ce qu'a révélé d'ailleurs le Prix Goncourt de poésie 2009 – qui n'a même pas été honoré dans son propre pays – lors de l'émission Mais encore qui passera en juillet sur 2M – à surveiller – mais ça n'étonne pas ceux qui se rappellent de la droiture et du franc-parler de l'ex-Secrétaire Général de l'Istiqlal qui a toujours défendu la liberté d'expression du temps de Si Allal, un héros national. Si M'hamed avait suscité l'admiration générale quand il avait dit d'un certain Driss Basri qui avait du bon et du mauvais : « ma kadou fil zadou fila », une expression qui avait soulevé de l'espoir dans un pays encore sous les années de « rassas » malgré les premiers balbutiements de la démocratie. Basri avait encaissé sans réagir, sachant parfaitement la stature du grand avocat Si Boucetta. stop. Pendant que des centres d'appels affichent des chiffres de bonne santé, une boîte à Rabat est prête de la faillite. Elle doit des ardoises à l'ex Wana et à la Caisse Centrale de Garantie qui attendent que ça se corse pour déposer plainte. En attendant, le boss, qui n'a encore ramassé aucune bosse, fait des promesses jusqu'au jour où il partira aux Caraïbes comme il le fait chaque fois qu'il ne laisse que « Erraïb » des bureaux fantômes. Wana, séduite, avait laissé les factures se gonfler croyant avoir à faire à un homme d'affaires style Bernard Tapie qui s'est manifesté à Rabat dans un centre d'appels discrètement… stop. Cette fois, la Corniche est bel et bien larguée à la boniche. Ce que nous répétions sur cette colonne s'est confirmé le week-end dernier dans une conférence de presse où rien ne presse. Emaar a plié bagage pour ne retenir que le projet Tingis à Tanger, histoire de sauver les meubles. En fait, dès le début, des ténors d'ici savaient exactement ce que voulait Emaar. Projet socio-éducatif, piscines à la casablancaise et toitures à la Casamayor, il n'y avait que du « bokh » qui nous a fait rêver. Maintenant, il faut se rendre à l'évidence et retourner sur nos rochers pleins de détritus, d'arêtes de sardines abandonnées par des pêcheurs Oulad El homa – la commission des plages ne s'occupe que du sable blond et fin – et autres petites saletés, jusqu'à la prochaine maquette présentée autour de banquettes de saumon fumé pour une clientèle à déplumer. stop. Pour une pub auto, Toto s'est payé une demi page avec deux photos superposées. Dans la première, celle du haut, on voit des supporters sud-africains avec la légende suivante : « En juin, certaines font du bruit… », les fans de Bafana Bafana jouent du célèbre instrument, le vuvuzela. Deuxième photo : on voit des musiciens à Essaouria avec la légende suivante : « D'autres font de la musique ». C'est pas génial du tout, messieurs les concepteurs du slogan « Changeons de vie, changeons l'automobile ». stop. Pour commémorer la mort de Pina Baush, un monument de la danse internationale, une célébrité née en Rhénanie, au tempérament de feu qui a grandi « sous les tables d'un bistrot », dira-t-elle, le Goethe Institut de Rabat pris de court par l'Internet comme tous les centres culturels, n'a rien trouvé de mieux qu'une exposition de photographies qui ne mettent pas en valeur ce monstre sacré de la danse contemporaine. Une vidéo, un film, - des vidéos !- auraient été plus appropriés pour lui rendre un hommage. Elle fut une étoile du Metropolitan Opéra de New York. Si ça se trouve, le Goethe Institut de Rabat ne sait pas que la capitale a une longue histoire de la danse depuis des décennies. De Raseli Del Camby à la mère de Nina Baldoui. La vie artistique dans la capitale n'est pas née de la dernière pluie, fut-elle bienfaitrice.stop.