Plus de 215 millions d'enfants au travail, c'est le lot mondial relevé. A cette étape décisive, l'enfant étant une entité à part entière, autant prendre au sérieux cette problématique, dans ce nouveau Maroc moderne, engagé dans une série de procédures de droits, d'équité et de démocratie, et dans une batterie de mesures de protection de l'enfance, de stratégies et plans d'action se voulant pérennes, à même de relever les indicateurs sociaux, les objectifs du millénaire pour le développement et les objectifs, à l'horizon 2015, pour un Maroc digne de ses enfants. D'après le Ministère de l'Emploi et de la Formation Professionnelle, les avancées sont majeures, mais les défis à relever sont encore grands, surtout en ce qui concerne la scolarisation et les alternatives au travail. Le bilan, relevé par M. Jamal Rhmani, dans le cadre de la conférence de presse donnée à l'occasion de la fête du travail, a mis en relief les réalisations des trois dernières années en matière de lutte contre le travail des enfants. Selon le ministre, un premier budget de 2 180 000 dhs a été alloué en 2009 par le Ministère de l'Emploi et de la Formation Professionnelle à cette problématique d'ordre sociale et économique, 7 conventions de partenariat ont été signées avec les associations oeuvrant dans le domaine du travail des enfants et 13 sessions de formation ont été organisées au profit des inspecteurs de travail dans ledit domaine. En plus de la formation et du recrutement, à cet effet, de 43 coordonnateurs régionaux au niveau des délégations de travail, sensés rédiger de rapports annuels sur le phénomène. Sans oublier l'organisation, par le Ministère, de campagnes de formation et de sensibilisation, via de nouveaux outils de communication, ainsi que de rencontres de coordination dans le cadre du suivi de la mise en oeuvre de la Stratégie Nationale de lutte contre le travail de l'enfant conformément au plan d'action national pour l'enfance 2006-2015 : « Pour un Maroc digne de ses enfants ». Ce plan s'assigne le droit à une vie saine, au développement, à la santé, à un enseignement de qualité et à la protection contre l'exploitation et la violence. Pour ce qui est des chantiers ouverts pour l'année en cours, dans le cadre du travail des enfants, on peut citer l'organisation de sessions de formations tripartites pour le suivi du phénomène et la sensibilisation aux normes internationaux de travail relatives au travail des enfants, le renforcement du rôle de l'inspection dans ce domaine, l'appui aux bonnes pratiques à travers la signature de conventions avec les associations et les organisations de la société civile oeuvrant dans le domaine, la révision des listes de travaux dangereux interdits, l'interdiction du travail des enfants dont l'âge est inférieur à 18 ans conformément ahkam tawsia aux recommandations 190 sur les pires formes de travail des enfants, la préparation de cadres référentiels de l'élaboration ainsi que la réalisation d'une étude sur la situation du travail des enfants. Dans ce même cadre de protection effective de l'enfance, Monsieur Jamal RHMANI Ministre de l'Emploi et de la Formation Professionnelle a assisté, les 10 et 11 mai 2010 à Lahaye, aux travaux de la Conférence Internationale de travail qui coïncide avec le 10éme anniversaire de l'entrée en vigueur de la convention n° 182 de l'OIT sur les pires formes du travail des enfants. Cette conférence a rassemblé plus de 80 pays, plus de 50 ministres de l'emploi, des ONG , l'OIT, l'UNICEF et la Banque Mondiale. Se voulant une feuille de route et une plate forme d'échange d'expériences et de bonnes pratiques dans ce domaine, ce congrès détermine les volets pour l'abolition effective des pires formes de travail. A cet effet l'allocution du ministre s'est orientée vers les stratégies et plans d‘actions nationaux, les dernières réformes législatives dans la lutte contre ce fléau et les obligations que le Maroc s'assigne à tenir dans le cadre de la mise en œuvre de la feuille de route relative à ce congrès. Cette feuille de route, une fois adoptée, permettra l'élimination du phénomène à l'horizon 2015. Le défi est grand en matière protection des enfants, une mobilisation des gouvernements, des syndicats, des acteurs associatifs nationaux et internationaux, du secteur privé, des agences de développement et des médias s'impose, a relevé M. Rhmani, dans son allocution à Lahaye, devant les représentants du BIT, de l'UNICEF et des Organismes des Nations Unis. Il a mis également en exergue, au plan institutionnel, l'harmonisation des législations nationales avec les conventions des Nations-Unies et celles de l'OIT ainsi que les acquis nationaux en matière de protection des enfants. A savoir, le Code de la Famille qui a su préserver les droits et protégé, directement et indirectement, l'enfant du travail et de l'abandon scolaire ; le Code de Travail entré en vigueur en 2004, lequel a élevé l'âge d'admission à l'emploi à 15 ans et interdit l'emploi des jeunes de moins de 18 ans dans les travaux dangereux et aussi l'Observatoire National de l'Enfance (O.N.D.E), organe de coordination des initiatives intersectorielles en faveur de la protection des droits des enfants. Il a mis l'accent sur les autres mesures entreprises telles que la réglementation, en matière de protection de la maternité, par le prolongement du congé de maternité, rémunéré par les prestations de sécurité sociale, de 12 à 14 semaines et la mise en place du Comité Directeur national de lutte contre le travail des enfants. Ce dernier est appuyé par un bureau central créé au niveau du Ministère de l'Emploi et de la Formation Professionnelle, et par des points focaux nommés au sein des 43 délégations provinciales du Ministère. Sans oublier le projet d'extension de 10 à 30, la liste nationale des travaux dangereux interdits aux enfants de moins de 18 ans. Par ailleurs a été cité le programme IPEC, dont l'objectif est de prévenir la mise au travail précoce des enfants, d'abolir le travail des enfants dans les activités les plus dangereuses, d'enrichir les connaissances sur le phénomène, de sensibiliser les acteurs clés et de renforcer leurs capacités d'intervention. Ce programme a permis de retirer 32.560 enfants dont 14.835 filles et la formation, sur les bonnes pratiques de prévention et de contrôle du travail des enfants, du Corps d'Inspection du Travail. Certes, il reste beaucoup à faire, surtout en ce qui concerne la réalisation effective de l'obligation scolaire et la capacité d'offrir des alternatives acceptables au travail des enfants. Dans le cadre du premier volet, un plan d'urgence a été lancé par le Gouvernement, à travers la garantie de fournitures scolaires, le programme TISSIR de lutte contre la déperdition scolaire par des mesures encourageant les familles à travers une aide financière mensuelle aux familles qui a pu bénéficier à 87 milles enfants, attestée par l'accroissement de 25,8% du taux d'inscription des élèves en première année du primaire ; par la diminution de 58,2% du taux d'absence dans les écoles et par la réduction de 71,4% de l'abandon scolaire. Le deuxième volet, confirme le ministre, fait l'objet d'autres initiatives soit dans le cadre de l'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) et les programmes de l'éducation informelle, soit dans le cadre des programmes de formation professionnelle par apprentissage qui viennent d'être renforcés depuis 2008 en visant 50.000 apprentis par an. Le plus grand défi, atteste M. Rhmani, se rapporte au financement des politiques nationales de lutte contre le travail des enfants, de lutte contre la pauvreté, sans oublier la mise en place de la gouvernance de ces politiques. A la clôture des travaux du la Conférence de la Haye, plusieurs volets sont à assurer par le Maroc, un engagement à garantir pour 2016, délai qui rendra compte des réalisations en matière de l'abolition des pires formes de travail de l'enfant. L'adhésion du Maroc se veut forte pour cette feuille de route ciblant la concrétisation d'un monde juste, équitable et solidaire où tous les enfants du monde ont droit à la santé, à l'éducation et au développement saint. Dans une déclaration finale, le ministre s'est engagé à : 1) L'adoption, dans les plus brefs délais possibles, d'une loi nationale spécifique aux travaux domestiques interdisant l'emploi des enfants de moins de quinze ans, projet déjà préparé et mis dans le circuit d'adoption. La révision, en vue de son extension, de la liste des travaux dangereux interdits aux enfants de moins de 18 ans de 10 à 30 travaux; La poursuite et le renforcement du programme TISSIR d'aide directe aux familles vulnérables pour lutter contre l'abandon scolaire et l'extension géographique et des effectifs bénéficiant de ce programme ; La réalisation d'études pour l'identification des enfants impliqués dans les pires formes du travail des enfants ; La poursuite de la politique d'appui aux ONGs œuvrant dans le domaine de la protection des enfants; Le renforcement des mesures de contrôle de l'application de la réglementation national relative en la matière ; L'appui à la mise en œuvre de la Norme Sociale Nationale sur la conformité sociale de l'entreprise ; La mise en œuvre de politiques volontaristes de l'emploi favorisant l'intégration des catégories vulnérables sur le marché du travail par le biais de la formation.