Le Parti de l'Istiqlal commémore, demain vendredi 14 mai 2010, le 36ème anniversaire de la disparition du leader de la libération, feu Allal El Fassi, par un grand meeting populaire à Fès, ville du savoir et du nationalisme qui a vu naître le Zaïm. La commémoration de ce 36ème anniversaire qui coïncide avec le centenaire de la naissance du leader de la libération a été placée sous le signe: «La politique, éthique et valeurs». Deux axiomes fondamentaux dont l'observance rigoureuse constitue le prélude à une pratique politique saine et noble agissant dans l'intérêt général et éloignée des surenchères politiciennes stériles. C'est une question de morale où le devoir exige de ne point permettre à l'opinion publique de s'alimenter des doctrines nihilistes et des idées malfaisantes. Feu Allal El Fassi en faisait le pilier de son action à travers laquelle il fut réellement et pratiquement de tous les combats. L'exceptionnalité du personnage tire justement son essence du respect de l'éthique et des valeurs par lesquelles il avait marqué son militantisme sincère, évolutif et pragmatique pour asseoir une société démocratique, unitaire et engagée sur la voie du développement. Patriote exemplaire, ses luttes et ses positions furent résolues et engagées. Sa vision prospective, sa tolérance exemplaire et son attachement à l'évolution et au progrès ne l'empêchaient pas de défendre avec jalousie les valeurs fondatrices de la Nation marocaine, garantes de l'identité et de l'humanisme marocains. C'est ce qui a d'ailleurs fait de lui l'une des personnalités politiques marocaines la plus marquantes du 20ème siècle. Feu Allal El Fassi était aussi un théologien émérite, un homme de lettres, et un leader national et panarabe. Il était l'exemple type de l'éducateur, de l'enseignant, du réformateur, du guide moral, du penseur politique, de l'ami sincère, du compagnon dévoué et du père affectueux. Rares sont les personnalités de l'Histoire contemporaine qui ont pu marquer par leur pensée des générations successives. Rares sont celles aussi dont l'oeuvre et les dogmes demeurent constamment d'actualité. Un legs ne continue de vivre dans l'esprit des peuples que s'ils y trouvent un lien avec leurs préoccupations présentes. Autrement, il est versé aux archives après la disparition de son auteur. Manifestement en avance sur son époque, Allal El Fassi était animé d'une vision prospective et d'une réflexion moderne que l'on qualifierait de progressiste. N'a-t-il pas préconisé, il y a de cela plusieurs décennies, l'interdiction pure et simple de la polygamie? Le Alem qu'il était ne manquait pas d'arguments: «La principale caractéristique de l'Islam, disait-il, est son aptitude permanente à l'évolution progressiste». Implacable dans son engagement contre le colonisateur, il fut qualifié par ce dernier «d'âme du nationalisme marocain». Intransigeant quant à l'unité nationale et à l'intégrité territoriale, il en fit son cheval de bataille pour préserver au pays sa véritable indépendance. Ne s'était-il pas opposé aux négociations d'Aix-Les-Bains qui livrèrent aux Marocains une indépendance boiteuse? Le Maroc se trouvant à l'époque en position de force, l'indépendance pour le leader du mouvement national devait englober l'ensemble des territoires nationaux sous occupation étrangère. S'il avait été suivi dans son raisonnement, on ne serait pas aujourd'hui encore otages de l'affaire dite du Sahara. Une affaire dont il allait faire par la suite SA grande cause. Certains voyaient dans son combat pour la récupération de Sakia Al Hamra et Oued Eddahab un «égarement dans les sables et une poursuite vaine des mirages du désert». Qu'à cela ne tienne, dans cette lutte contre le colonialisme et contre les défaitistes de l'intérieur du pays, il assumait le risque d'être seul et solitaire dans cette course de fond et de longue haleine, sans jamais démordre ni faillir à sa mission. L'essentiel de la force d'Allal El Fassi dans la défense de l'unité territoriale n'était pas tant son sentiment juste d'être dans son droit, mais surtout dans la lucidité de l'analyse qu'il faisait de l'indépendance incomplète du Maroc. L'indépendance totale devait constituer le prélude à l'édification du pays et à sa démocratisation. Cette dernière, au-delà des mécanismes et des institutions qui en revêtent le caractère, Allal El Fassi en faisait par ailleurs une matière d'éducation. La démocratie pour lui est «une éthique et une doctrine dont les manifestations doivent se refléter sur le comportement», ce qui nous ramène d'ailleurs au nécessaire respect de l'éthique et des valeurs dans l'exercice politique. Ce n'est qu'à cette condition que l'on pourrait prétendre à une société égalitaire réfléchissant socialement et solidairement, favorisant la pensée en fonction du devoir, faisant du choix des idées le déterminant de la marche vers le progrès et la libération mentale conformément aux nécessités des temps modernes et, surtout, barrant la route aux doctrines nihilistes et aux idées malfaisantes. Les écrits et ouvrages du leader révèlent la perspicacité de sa vision, la richesse de sa pensée et la force de sa personnalité. Ils constituent aujourd'hui, comme ils l'ont fait par le passé, un guide pour une évolution sereine et porteuse. Son ouvrage phare «L'autocritique», entre autres oeuvres, est particulièrement révélateur de la pensée de ce grand éducateur et réformateur. Ses écrits en disent long sur la vision moderne et moderniste de cet homme hors pair qui prônait tout simplement une citoyenneté pleinement assumée, fondée sur une implication consciente et réfléchie dans les affaires publiques, pour constituer, in fine, la plus haute autorité morale dans une société démocratique. Leader incontestable par le passé, Allal El Fassi demeure pour le présent une référence incontournable qui ne manquera pas de se projeter encore dans le futur.