La commémoration de la disparition du leader Allal El Fassi été marquée par le climat qui caractérise l'ensemble de la vie politique nationale depuis les dramatiques événements du 16 mai de Casablanca. Le secrétaire général du parti de l'Istiqlal, Abbas El Fassi a présidé un meeting de commémoration de feu Allal El Fassi. Au cours de cette manifestation tenue sous le thème «le destin de l'édification du Maghreb Arabe est entre les mains de ses fils», durant laquelle ont été empêchées d'y assister les victimes d'Annajat, deux événements ont été au cœur du débat interne au sein du Parti de l'Istiqlal en cette période de fin mai. D'abord , la commémoration du 29ème anniversaire de la disparition de Allal El Fassi, décédé le 13 mai 1974 en Roumanie, suite à un arrêt cardiaque, qui a été célébrée la semaine dernière, ensuite, la tenue du Conseil national du parti qui aura lieu le 1er juin prochain. Les deux événements donnent l'impression d'être isolés, l'un de l'autre, mais se complètent au fond, à la lumière des donnes qui caractérisent la conjoncture actuelle. N'est-ce pas Allal El Fassi qui a marqué le salafisme modéré de l'histoire du Maroc moderne ? Certes, les origines du retour aux sources durant la première moitié du siècle dernier n'ont aucun rapport avec le comportement actuel de ceux qui se proclament de la salafia et qui sèment la terreur au nom «du droit chemin». Mais, encore faut-il que soient comprises et assimilées les leçons qui découlent de la nuit du vendredi sanglant de Casablanca. Dans le cas de la salafia istiqlalienne, il s'agissait d'une nouvelle renaissance accompagnée d'une lutte contre les pratiques des confréries prévalant dans les tréfonds de la campagne marocaine, fortement marquées par un attachement viscéral à des thèses erronées sur l'Islam, et qui représentaient , avant tout les intérêts d'une caste «féodale», conservatrice et étroitement liée aux intérêts des forces coloniales. Allal El Fassi représentait en fait un courant citadin aspirant à un monde libre des jougs et séquelles du passé. Ses positions, placées dans le contexte de l'époque, étaient nettement plus en avance par rapport à certaines approches des dirigeants actuels de ce même parti. Abbas El Fassi, le secrétaire général du PI n'a pas hésité à annoncer en mars dernier à Taourirt «que la scène marocaine est actuellement le théâtre d'une confusion», qui se manifeste à travers «la tentative de certains milieux de soulever un faux débat autour de l'Islam et par la propagande au profit de la laïcité». Une position défendue, quoi timidement, à la veille de la marche du 25 mai à Casablanca ; et ce, même en rappelant sur les colonnes de la presse de ce parti que des «manifestants ont jeté leur opprobre sur tous ceux qui tentent d'exploiter l'Islam à des fins électoralistes». D'ailleurs, à maintes reprises, les dirigeants du PI n'hésitent pas à faire des clins d'œil aux islamistes, en évoquant leur adhésion à «la référence islamique», comme si d'autres partis marocains ne croient pas à l'Islam. Cela dit lors de sa réunion de Taza, Abbas El Fassi a tenu à rappeler que son parti stigmatise avec vigueur les attentats criminels dont Casablanca a été le théâtre et qui ont provoqué la mort de citoyens civils innocents et causé d'importants dégâts matériels, soulignant que les responsables à tous les niveaux oeuvrent actuellement pour surmonter les séquelles de ces actes vils et barbares.