L'engrenage a été bien huilé. D'abord sortir au grand jour un ordre militaire relatif à une vaste opération d'expulsion de Palestiniens de la Cisjordanie. Mais surtout attendre la date d'entrée en vigueur du décret pour le rendre public et prendre tout le monde de court. Faut-il le signaler, l'ordre militaire menaçant de déportation des dizaines de milliers de Palestiniens a été établi en 2009 mais n'a été divulgué médiatiquement qu'à quelques jours de sa mise en application. Et depuis, la machine sioniste s'est ébranlée avec ses premières victimes du décret. Certes, pour le moment, la charrette n'a convoyé qu'une poignée de Palestiniens touchés par l'expulsion. Mais tous laisse à croire que les prochains convois seraient plus fournis. D'abord l'indifférence de tout le monde envers cette décision de purification raciale et ethnique que constitue le décret de l'armée israélienne. Du bout des lèvres, le président syrien Bachar Al Assad et le chef de la Ligue arabe Amr Moussa l'ont dénoncé. La France s'est dite «très préoccupée» par la décision d'Israël «de modifier les règles d'expulsion des ressortissants palestiniens séjournant en Cisjordanie ». Autrement dit, pour Paris, Israël peut tranquillement continuer à expulser des Palestiniens selon d' «anciennes règles». Les Jordaniens ont pris pour argent comptant les « assurances » israéliennes que le nouveau décret militaire israélien ne conduirait pas à l'expulsion de Palestiniens séjournant en Cisjordanie. Libres à eux de croire aux chimères. Mais on n'a enregistré aucune réaction notoire ni des Etats-Unis, ni de Bruxelles, encore moins du quartette de Sir Blair. Comment dans ces conditions (favorables) Israël n'entamerait-il pas tranquillement et aussi inexorablement la sale besogne de déporter des dizaines de milliers de Palestiniens de la Cisjordanie vers nulle part ailleurs. Et ça a déjà commencé. La première victime de la charrette est Ahmad Sabah, 40 ans, du village de Tulkaram. Après avoir purgé une peine de huit ans dans les geôles israéliennes, il a été « libéré » et conduit directement au passage d'Eretz pour la bande de Gaza. Fadi Azazmeh, 19 ans, est le deuxième du lot. Expulsé de la ville d'Al Khalil, il a été déporté lui aussi vers Eretz après avoir été brièvement détenu dans une prison militaire israélienne avant d'être relâché à Gaza mardi soir. Le contingent ne se limitera sûrement pas à ceux-là, la machine israélienne s'ingéniant avec zèle à multiplier les arrestations de Palestiniens en Cisjordanie. Gageons que le sort de beaucoup parmi ceux qui tombent sous le filet sera la déportation vers Gaza. Dans l'indifférence totale.