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L'Afrique perçoit les signes d'une reprise après la crise mondiale Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI :
A plus long terme, il faudra s'attaquer aux problèmes de gouvernance et faire face aux changements climatiques
Alors que la reprise s'amorce, l'Afrique doit maintenant s'attaquer à des problèmes qui menacent son avenir à plus long terme, notamment les problèmes de gouvernance et les changements climatiques, afin de poursuivre sa transformation économique, selon Dominique Strauss-Kahn, Directeur général du FMI. Dans une allocution prononcée à Nairobi, au Kenya, M. Strauss-Kahn a évalué les effets de la crise économique et financière mondiale sur l'Afrique. Tout en notant que les turbulences avaient frappé l'Afrique de multiples manières, M. Strauss-Kahn a déclaré que «sur tout le continent, on perçoit les signes d'un rebond, dans les échanges internationaux, les recettes d'exportation, le crédit bancaire et l'activité commerciale. » « Pour 2010, le FMI prévoit une croissance de l'ordre de 4,5%. Bref, je crois que l'Afrique a retrouvé ses marques, même si beaucoup dépendra de la reprise mondiale, qui n'en est encore qu'à son tout premier stade. » « L'Afrique doit à la fois retrouver une croissance vigoureuse et se donner les moyens de mieux résister aux chocs », a-t-il déclaré dans son discours du 8 mars et d'ajouter que les bonnes politiques menées par de nombreux pays africains avant la crise économique mondiale les ont protégés contre un ralentissement plus prononcé, car elles ont renforcé leurs finances publiques, réduit leur endettement, contenu l'inflation et permis de constituer de confortables réserves. Grâce à l'amélioration considérable de leur situation en matière d'endettement, a noté M. Strauss-Kahn, un grand nombre de pays ont pu utiliser leur budget pour combattre la crise, notamment en préservant les dépenses sociales. Toutefois, M. Strauss-Kahn a mis en garde contre un excès de confiance en ce qui concerne les perspectives économiques de l'Afrique. « Il ne faut pas s'endormir sur ses lauriers, a-t-il déclaré. L'Afrique reste éminemment vulnérable à des perturbations économiques qui peuvent avoir des origines très diverses. Songez aux fluctuations des prix des matières premières, aux catastrophes naturelles ou à l'instabilité dans des pays voisins. Songez aux risques résultant de la forte dépendance à l'égard des envois de fonds des travailleurs émigrés, de l'aide et des flux financiers.» M. Strauss-Kahn a noté que « l'Afrique doit à la fois retrouver une croissance vigoureuse et se donner les moyens de mieux résister aux chocs ». « Il faut commencer par les politiques macroéconomiques », a déclaré l'ancien Ministre des finances de la France. « La crise nous livre un enseignement important : les pays qui ont mené de bonnes politiques en période d'expansion en ont récolté les fruits en période de crise. Les pays doivent donc retrouver une marge de manœuvre, pour avoir les moyens de mener une politique anticyclique, sur le plan budgétaire et à l'aide des réserves. Il faut renforcer les dispositifs de protection sociale, qui constituent la première ligne de défense pour la population face à des chocs. Nous devons aussi prendre garde au fait que le creusement des inégalités de revenus, entre régions ou groupes de population, peut aggraver les tensions et rendre les chocs plus déstabilisateurs. » Parallèlement et en réponse à une question de l'audience, M. Strauss-Kahn a déclaré que « le nouveau FMI » cherche à proposer aux Africains un nouveau type de partenariat. « Vous avez besoin de nous, mais il est clair que l'économie mondiale a besoin de vous. Donc, dans les années à venir, peut-être dans les mois ou les semaines à venir, nous nous emploierons, avec vous ici au Kenya et dans d'autres pays africains, à construire quelque chose de nouveau qui vous aidera à nous aider. » M. Strauss-Kahn a aussi attiré l'attention sur les changements climatiques. Il a appelé « la communauté internationale à mobiliser les ressources nécessaires pour aider les pays en développement, en particulier les pays à faible revenu, à faire face aux changements climatiques », qui pourraient être le « choc ultime ». Il a ajouté que « faute d'action, l'Afrique souffrira davantage de sécheresses, d'inondations, de pénuries alimentaires et de maladies, avec peut-être pour conséquences instabilité et conflits ». M. Strauss-Kahn a déclaré que si « certains diront peut-être à juste titre que la question des changements climatiques ne fait pas partie du mandat du FMI …, le volume de ressources nécessaires pour y faire face a des implications macroéconomiques manifestes : une croissance durable dans les pays en développement exigera des investissements à grande échelle et à long terme pour l'adaptation aux changements climatiques et leur atténuation ». Dans cette optique, il a déclaré que « les services du FMI étudient l'idée d'un « Fonds vert » qui serait capable de mobiliser 100 milliards de dollars par an d'ici 2020 ». M. Strauss-Kahn a souligné que « le FMI n'a pas l'intention de gérer ce fonds. Il souhaite plutôt faire une proposition qui… contribuera substantiellement au débat mondial et sera étudiée par la communauté internationale. Le moment est opportun pour présenter de nouvelles idées. » M. Strauss-Kahn a reconnu que « la mise en place d'un tel mécanisme exige un effort politique considérable », mais il a noté aussi que « les avantages potentiels sont énormes pour l'Afrique et le monde. »