Le secteur de la congélation des produits de la mer joue un rôle central dans l'économie marocaine, surtout dans les provinces du Sud, dont le modèle économique est centré sur l'économie bleue. Bien plus qu'un simple maillon de l'industrie halieutique, le secteur de la congélation est un moteur de création de valeur et d'emplois. Selon Hamdi Ould Errachid, Président de l'Association Nationale des Industries de la Congélation des Produits de la Mer, « 55 % des exportations de produits de la mer proviennent de l'industrie de la congélation, générant près de 14 milliards de dirhams en 2023 ». Il s'agit d'un secteur incontournable qui contribue également à l'emploi avec plus de 18.000 postes directs, soit 36 % des emplois industriels de la filière halieutique, notamment dans les régions du Sud du Royaume. Outre son impact économique, l'industrie de la congélation participe à la sécurité alimentaire mondiale. La valorisation des espèces comme les pélagiques et les céphalopodes répond à une demande croissante pour des produits de la mer nutritifs et abordables. L'irrégularité de l'approvisionnement en matière première est par ailleurs l'un des principaux défis du secteur. « Nos approvisionnements sont dépendants des stocks marins, eux-mêmes influencés par le changement climatique, la pollution et les cycles biologiques des espèces », explique Hamdi Ould Errachid. Face à ces incertitudes, il appelle à une collaboration accrue entre les autorités de gestion, les instituts de recherche et les industriels. En ligne de mire ? Assurer une exploitation durable tout en garantissant une prévisibilité économique pour les opérateurs. La modernisation des infrastructures de débarquement et de stockage, ainsi que l'adoption de solutions numériques de traçabilité, sont des pistes en cours de développement. Cependant, elles n'auront de réels effets qu'avec une meilleure anticipation des stocks et des conditions d'approvisionnement.
Vers une montée en gamme des produits marocains L'avenir du secteur passe par la transformation des produits à haute valeur ajoutée. « Nous ne voulons plus nous limiter à exporter des matières premières brutes », affirme notre interlocuteur, notant que la stratégie actuelle mise sur le développement de produits prêts à consommer et surgelés. Le processus repose principalement sur la technologie IQF (Individually Quick Frozen), qui permet de congeler individuellement chaque pièce de produit. Cependant, cette transition nécessite des investissements massifs dans les technologies de transformation et la formation des ressources humaines. « Une technologie avancée exige des compétences pointues, c'est pourquoi nous renforçons également la formation dans le secteur », précise-t-il. Dans ce même sillage, l'industrie marocaine de la congélation mise sur trois axes stratégiques pour s'imposer sur les marchés mondiaux. Si l'Union européenne, l'Amérique et l'Asie restent des destinations clés, le Maroc explore de nouveaux débouchés en Afrique subsaharienne et en Amérique latine. Le deuxième axe concerne l'innovation produit. L'évolution des habitudes de consommation pousse à développer des produits prêts à l'emploi comme les portions individuelles ou les produits surgelés, permettant de capter de nouveaux segments de marché. La traçabilité et les normes environnementales sont au cœur du troisième axe, du fait qu'ils devenues des critères indispensables. « Nous travaillons à renforcer les certifications de durabilité pour garantir la qualité et la responsabilité écologique de nos produits », souligne Hamdi Ould Errachid, ajoutant que le secteur de la congélation se trouve à un tournant. Les professionnels aspirent à doubler la part des produits à valeur ajoutée dans les exportations d'ici 2030. Cela passera par des investissements en innovation, en recherche et en développement. Le Maroc entend également renforcer son leadership en Afrique et se positionner comme un hub régional pour la transformation et la distribution des produits de la mer. 'Nous devons moderniser nos infrastructures pour répondre aux standards internationaux et garantir un développement durable », affirme Hamdi.
