Porté par des avancées dans l'externalisation des services et l'Intelligence Artificielle, le Maroc est engagé résolument dans sa transition digitale. Toutefois, des défis liés à l'équité et à l'inclusion soulèvent des questions sur la capacité du Royaume à concrétiser ses ambitions stratégiques. Alors que la transition numérique se positionne comme un levier stratégique du développement économique mondial, le Maroc intensifie ses efforts pour accélérer sa mutation digitale. Lors d'une intervention au Parlement, lundi, Amal El Fallah Seghrouchni, ministre déléguée auprès du Chef du Gouvernement, chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l'administration, a mis en lumière les performances, les ambitions et les obstacles rencontrés dans ce domaine crucial. L'externalisation des services se distingue comme un moteur clé de l'économie numérique marocaine. En 2023, les exportations liées à ce secteur ont généré 17,9 milliards de dirhams, accompagnées de la création de 141.000 emplois, soit une augmentation significative de 41.000 postes par rapport à 2021. Ces performances reflètent, selon la responsable gouvernementale, l'attractivité croissante du Maroc pour les investisseurs internationaux. Des partenariats stratégiques ont récemment été établis, incluant des accords qui devraient créer 3.300 emplois supplémentaires et l'ouverture de trois nouvelles entreprises dès 2024, générant ainsi 1.800 postes. Ces initiatives s'inscrivent dans le cadre d'un contrat-programme 2024-2030, qui ambitionne de créer 130.000 emplois d'ici 2030, consolidant davantage la place de ce secteur dans l'économie nationale. Start-ups numériques, catalyseurs d'innovation et de compétitivité Conscient du rôle central des start-ups dans le développement économique et technologique, le gouvernement marocain met en œuvre une stratégie ambitieuse pour structurer un écosystème national propice à leur émergence et à leur rayonnement international. Cette démarche repose sur deux piliers essentiels. D'une part, un programme national vise à renforcer la formation des talents dans le domaine numérique. L'objectif est d'accroître le nombre de diplômés en technologies de l'information, passant de 8.000 à 22.500 par an d'ici 2027. Pour ce faire, 183 nouveaux programmes de formation seront déployés au sein de 12 universités à travers le Royaume, répondant ainsi aux besoins croissants en compétences spécialisées. D'autre part, la requalification professionnelle constitue un axe clé de cette stratégie. Le programme pilote Job Indec, lancé en 2023-2024, a permis de former 1.000 jeunes, dont 73 % ont rapidement intégré le marché de l'emploi. Fort de ce succès, le gouvernement ambitionne d'étendre cette initiative pour former 15.000 jeunes supplémentaires d'ici 2026, favorisant ainsi l'accès à des opportunités professionnelles dans un secteur en pleine croissance. L'Intelligence Artificielle : Entre opportunités et préparation nationale
Au cœur de la transformation numérique, l'Intelligence Artificielle (IA) occupe une place centrale dans la vision stratégique du Maroc. Le Royaume, adhérent à la recommandation de l'UNESCO sur l'éthique de l'IA, a mis en place une commission dédiée pour élaborer une feuille de route nationale. L'objectif est de garantir une intégration éthique et efficiente de cette technologie, tant dans le secteur public que privé. Malgré les progrès réalisés, des tensions subsistent sur des questions d'équité et de transparence, notamment dans l'organisation des concours publics. La ministre a souligné les efforts entrepris, tels que l'utilisation de la plateforme de l'emploi public, qui a permis d'organiser 27.000 concours depuis 2020. Toutefois, certaines critiques persistent. Pour leur part, les députés de l'opposition ont dénoncé les dérives numériques facilitant la triche, ainsi que l'absence de mesures innovantes pour garantir l'intégrité des concours. Ces polémiques, exacerbées par les événements récents, comme celui des examens des avocats, ont également été alimentées par les députés, qui ont fustigé le format statique des réponses ministérielles.