À l'occasion de la Journée mondiale du diabète, célébrée chaque 14 novembre, une radioscopie d'une maladie qui touche près d'un demi-milliard de personnes dans le monde s'impose. Entre mythes et réalités, faisons le point sur ce fléau métabolique qui n'épargne aucune génération. Le soleil de Mohammedia éclaire doucement le cabinet de Dr Rajae Abdellaoui Maane, médecin généraliste qui consacre une grande partie de sa pratique au suivi des patients diabétiques. "Le diabète est véritablement une bombe à retardement nichée dans nos assiettes !", déclare-t-elle d'emblée, le ton grave. Cette pathologie, qui se caractérise par un taux de glucose anormalement élevé dans le sang, représente aujourd'hui l'une des principales causes de mortalité dans le monde. "C'est une maladie particulièrement sournoise", explique-t-elle, "car elle peut rester silencieuse pendant des années tout en causant des dégâts considérables sur l'organisme." Les complications sont en effet nombreuses et particulièrement graves : atteintes rénales pouvant nécessiter une dialyse, problèmes cardiovasculaires, troubles de la vue pouvant mener jusqu'à la cécité, neuropathies douloureuses... La liste est longue et préoccupante. Les causes de cette épidémie sont multiples, mais le mode de vie moderne porte une lourde responsabilité. "Nos habitudes alimentaires se sont considérablement détériorées", constate docteur Maane. "Les plats traditionnels, autrefois occasions de fête, sont devenus quotidiens. Nos tajines nagent dans l'huile, nos pâtisseries débordent de miel industriel, et les sodas ont remplacé l'eau sur nos tables". À ces excès alimentaires s'ajoutent la sédentarité croissante et le tabagisme. "La cigarette est un facteur aggravant majeur", insiste notre interlocutrice. "Elle multiplie considérablement les risques de complications cardiovasculaires chez les diabétiques". Les enfants, une population particulièrement vulnérable L'inquiétude des professionnels de santé se porte particulièrement sur les plus jeunes. Le diabète de type 2, autrefois considéré comme une maladie d'adulte, touche désormais des adolescents, voire des enfants. "L'attrait naturel des enfants pour le sucre pose un véritable défi éducatif", reconnaît notre médecin. "Il est essentiel d'expliquer aux plus jeunes, avec pédagogie et bienveillance, l'importance d'une alimentation équilibrée". Les parents ont un rôle crucial à jouer dans cette éducation nutritionnelle. "Il ne s'agit pas d'interdire totalement les sucreries", nuance Dr Abdellaoui Maane, "mais d'apprendre à les consommer avec modération, comme des récompenses occasionnelles plutôt que comme des aliments du quotidien". Grossesse et diabète, une association à haut risque La question du diabète devient particulièrement critique pendant la grossesse. "Nous déconseillons fortement aux femmes diabétiques d'envisager une grossesse sans un suivi médical approprié", affirme le Dr Abdellaoui Maane. Les risques sont en effet multiples : complications pendant la grossesse, risque accru de malformations fœtales, probabilité plus élevée de développer un diabète chez l'enfant à naître. Si une grossesse survient, le suivi médical doit être particulièrement rigoureux. "Les contrôles glycémiques doivent être quotidiens", insiste le médecin, "et la surveillance médicale doit être rapprochée. Un diabète mal équilibré pendant la grossesse peut avoir des conséquences dramatiques". Des clés en or pour enrayer l'épidémie Face à cette menace croissante, la prévention reste l'arme la plus efficace. Dr Abdellaoui Maane recommande plusieurs mesures essentielles, à commencer par une alimentation équilibrée, privilégiant les légumes, les protéines maigres et les céréales complètes. Aussi, une activité physique régulière, au moins 30 minutes par jour, ne peut être que bénéfique pour le métabolisme. L'arrêt du tabac, facteur aggravant majeur est vivement recommandé. À l'âge adulte "un contrôle régulier de la glycémie, particulièrement après 45 ans est souhaitable", précise docteur Rajae Abdellaoui Maane. "Un suivi médical régulier, surtout en cas d'antécédents familiaux, s'impose", poursuit-elle. Le dépistage précoce joue également un rôle crucial. "Plus le diabète est détecté tôt, meilleures sont les chances de prévenir les complications", souligne le médecin. Un simple test sanguin permet de mesurer la glycémie et de diagnostiquer la maladie. En définitive, docteur Abdellaoui Maane insiste sur l'importance du soutien familial dans la prise en charge du diabète. "C'est une maladie qui nécessite des changements importants dans le mode de vie. Ces changements sont plus faciles à mettre en place et à maintenir avec le soutien de l'entourage".