Diabète et mode de vie Au Maroc, le diabète est considéré comme étant un problème de santé publique.Tous les spécialistes et les différentes associations reconnaissent que le nombre de malades ne cesse d'augmenter d'année en année continue de progresser.La situation est préoccupante car le diabète touche 10% de la population marocaine, engendrant au passage de graves complications, invalidante et coûteuse, qui peuvent toucher les reins, les yeux, le cœur et plusieurs autres organes du corps humain. Au-delà du rôle central que jouent les structures sanitaires et les professionnels de santé dans la prise en charge de la maladie et de ses complications. Il est urgent qu'une politique de prévention du diabète soit mise en place car c'est une maladie que l'on peut éviter en grande partie. Qu'est ce que le diabète ? Le diabète est un trouble de l'assimilation, de l'utilisation et du stockage des sucres apportés par l'alimentation. Cela se traduit par un taux de glucose dans le sang (encore appel glycémie) élevé : on parle d'hyperglycémie. Les aliments sont composés de lipides (graisses), protides (comme la viande) et glucides (sucres, féculents). Ce sont eux qui fournissent l'essentiel de l'énergie dont a besoin le corps pour fonctionner, passent dans l'intestin, puis rejoignent la circulation sanguine. Quand on mange, le taux de sucre dans le sang augmente, les glucides sont alors transformés essentiellement en glucose. Le pancréas détecte l'augmentation de la glycémie. Les cellules bêta du pancréas, regroupées en amas appelés îlots de Langerhans, secrètent de l'insuline. L'insuline permet au glucose de pénétrer dans les cellules de l'organisme : muscles, tissus adipeux, et le foie où il va pouvoir être transformé et stocké. Ainsi la glycémie peut augmenter légèrement, puis revenir à un taux normal et le glucose être converti en réserves et en énergie. Chez les personnes atteintes de diabète, ce système ne fonctionne pas. Pour savoir si on a du diabète, c'est simple il suffit de consulter votre médecin qui vous demandera de faire une prise de sang pour le dosage de la glycémie. Celle-ci est pratiqué à jeun au niveau d'un laboratoire. Il faut savoir qu'un diabète est avéré lorsque la glycémie à jeun est égale ou supérieure à 1.26 g/l, à deux reprises ou égale ou supérieure à 2 g/l à n'importe quel moment de la journée. 300 millions de diabétiques à travers le monde Le diabète, comme le sont les maladies cardiovasculaires, le cancer et les maladies respiratoires chroniques, est l'une des quatre maladies non transmissibles (MNT) prioritaires identifiées par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). C'est une MNT chronique, incurable, coûteuse, en hausse constante, dont les complications sont très handicapantes. Elle est responsable de millions de morts chaque année et d'une misère humaine Aujourd'hui, plus de 300 millions de personnes à travers le monde souffrent du diabète. Si rien n'est fait ce chiffre s'élèvera à 500 millions dans une génération. Ne pas agir maintenant condamnerait nos enfants et petits-enfants à un avenir sanitaire dégradé. Aujourd'hui il n'y a pourtant toujours pas de sentiment d'urgence ou l'indignation du public 13% de la population marocaine Au Maroc, la situation est particulièrement préoccupante car le diabète connaît une courbe exponentielle, on pensait que les dernières estimations montraient une prévalence de 10% , mais la égalité est tout autre , puisque les résultats de l'enquête Maremar qui on été annoncés lors du Colloque international sur le diabète et la nutrition qui s'était tenu les 5 et 6 juillet 2013 à Rabat, ont révélé une prévalence qui dépasse les 13%. En effet cette enquête organisée par le Ministère de la Santé, en partenariat avec la Société Marocaine de Néphrologie, la Société Internationale de Néphrologie (ISN) et l'Organisation Mondiale de la Santé, a été menée sur 03 années pour mesurer la prévalence et les facteurs de risques de la maladie rénale chronique chez un échantillon représentatif de la population marocaine de 10 524 personnes âgées entre 26 à 70 ans. L'enquête montre que la maladie rénale chronique est présente chez 2,9% de la population adulte. Ses principales causes sont le diabète (32,8%), l'hypertension artérielle (28,2%) et la lithiase urinaire (9,2%). L'étude a montré aussi que les principaux facteurs de risques pour l'apparition d'une maladie rénale chronique sont présents chez 16,7% de la population adulte pour l'hypertension artérielle, 13,8% de la population pour le diabète et 23,2% de la population pour l'obésité. Et la tendance sera à la hausse Les spécialistes (endocrinologues) sont unanimes pour reconnaître une tendance à la hausse du diabète. Mais ce qui doit inquiéter encore plus, c'est que beaucoup de diabétiques ignorent totalement leur maladie. Aujourd'hui, on avance le chiffre de 2,5 millions, voire 3 millions de marocains qui souffrent de diabète. Un chiffre en expansion inquiétante. Et il est utile de rappeler ici la sonnette d'alarme qui est tirée par l'Organisation mondiale de la santé, pour qui la hausse continue du taux de sucre dans le sang va devenir un problème majeur dans de nombreux pays. Qui dit augmentation des cas de diabète fait aussi référence aux nombreuses et graves complications inhérentes à cette pathologie. Pour un diabétique, le risque d'avoir un infarctus ou un accident vasculaire cérébral est deux à quatre fois plus élevé que dans la population générale. Cette affection chronique est la première cause de cécité et d'amputation des membres inférieurs. Elle provoque également des insuffisances rénales graves.Du fait du vieillissement et du mode de vie actuel des Marocains, la prévalence actuelle du diabète dans notre pays est appelée à augmenter, ce qui fatalement engendrera un nombre plus élevé de malades diabétiques, des hospitalisations, des complications, des handicaps et des couts de plus en plus élevés pour assurer une prise en charge correcte de tous ces diabétiques. Sommes-nous préparés à cette éventualité ? A l'évidence c'est non. Les différents types de diabète Il y a plusieurs formes ou types de diabète, suivant la ou les causes qui entraînent ce déséquilibre de la glycémie. Mais, en général, on rencontre surtout les types de diabète suivants: Diabète type 1 Le diabète de type 1 (diabète insulinodépendant, diabète juvénile, diabète maigre) apparaît généralement durant l'enfance et l'adolescence, entre l'âge de 5 et 14 ans. Mais, des nourrissons ou des adolescents âgés de plus de 15 ans peuvent être touchés par la maladie. L'augmentation de la glycémie résulte d'une fabrication insuffisante ou absente de l'insuline par les cellules bêta du pancréas. Dans le diabète de type I, l'organisme ne reconnaît plus les cellules bêta du pancréas qui fabriquent l'insuline et il les détruit. Donc, la fabrication (sécrétion) de l'insuline est insuffisante ou totalement absente, ce qui entraîne une accumulation du sucre dans le sang (hyperglycémie). Le traitement de ce type de diabète, consiste en des injections régulières d'insuline. En effet, c'est l'insuline qui permet au glucose d'être utilisé par les cellules du corps, soit pour être transformé en énergie, ou pour être stocké. Les malades ayant le diabète de type 1 ont besoin dès le diagnostic, et en permanence du traitement par insuline. Diabète de type 2 Le diabète de type 2 (diabète non insulino indépendant, diabète gras) apparaît généralement après l'âge de 40 ans. Il est dû à la présence de deux anomalies essentielles, défaut d'utilisation du glucose par les cellules (insulinoresistance), anomalie quantitative et qualitative de fabrication de l'insuline (insulinipénie). Le facteur génétique est présent, mais d'autres facteurs environnementaux interviennent.L'obésité et la sédentarité sont des facteurs favorisant le diabète. 90 % des diabétiques de type II ont un excès de poids. Dans sa variante de type 2 (90% des malades), la maladie peut être silencieuse pendant une dizaine d'années. D'où le retard dans les diagnostics. La cause principale du diabète de type 2 est, quant à elle, bien établie. Comme nous l'avons dit, c'est le contexte familial, une alimentation trop grasse et trop riche en sucres rapides (sodas...), ainsi qu'un manque d'exercice physique, il ne faut pas vous étonner outre mesure si vous constatez que je j'insiste sur certains éléments, c'est dicté par mon souci de transmettre aux uns et aux autres des messages clairs susceptibles de les éclairer au sujet des causes. Il est clairement démontré aujourd'hui que l'on peut ralentir la progression du diabète en modifiant les habitudes de vie. Retarder l'apparition du diabète Aujourd'hui plusieurs études très intéressantes montrent d'une part que l'on peut retarder l'apparition du diabète seulement en transformant le mode de vie. Une vaste enquête réalisée à l'échelle internationale, l'étude DREAM, s'est récemment penchée sur la question. Ses résultats ont été publiés dans la revue The Lancet, ils indiquent qu'une approche pharmacologique, jumelée à une saine alimentation et à l'exercice physique, constituerait une stratégie efficace pour retarder l'apparition du diabète et stabiliser la glycémie chez les personnes à risque élevé. Alimentation et diabète En général, l'alimentation fait partie intégrante du traitement du diabète type 1 ou type 2, avec quelques particularités pour chaque type de diabète. Pour le diabète de type 1, l'alimentation est la même que celle de la population générale, c'est-à-dire une alimentation saine et équilibrée. Pour le diabète de type 2, où le malade a un excès de poids, il faut réduire les apports énergétiques et avoir une alimentation hypocalorique. Le régime du diabète est établi par votre médecin traitant ou par une diététicienne, en fonction de votre âge, de votre sexe, de votre poids et de votre activité physique. En général, le régime du diabétique de type 2 est composée de : 20 % – de protéines 40 % – de lipides 40 % - de glucides 1 gramme de protéines apporte 4 calories 1 gramme de glucides apporte 4 calories 1 gramme de lipides apporte 9 calories Exemple :Pour un régime de 2000 calories par jour :Il faut 100 gr de protéines (400 calories), 200 gr de glucides (800 calories), et 100 de lipides (800 calories).Dans les viandes rouges ou blanches, la présence des graisses est obligatoire ; mais en quantité variable suivant la nature de la viande, l'âge et le poids de l'animal. Le choix diététique Le diabétique doit savoir dans quelle catégorie se trouve le produit qu'il va manger : Les produits à volonté Salades, crudités, les légumes verts, tomate, poivrons, courgettes, concombre aubergine, oignons, poireaux, choux, asperges, épinards, petits pois, fèves Le lait 0 % L'eau, Les aromates, vinaigre ou citron, Les produits à réduire Les viandes maigres, poissons, volailles, (100 à 120 gr. par ration), les œufs Le beurre, margarine, fromages (30 gr par ration) Le pain, les céréales (200 gr par jour), légumes secs et féculents : pâtes, riz, lentilles, haricots blancs et rouges, semoule (150 gr par ration) Les fruits : oranges, clémentines, pommes, pêches, nectarines, poires, abricots ; pruneaux, fraises, melon, pastèque, 1 fruit par repas Les produits interdits Sucre, miel, chocolat, confiture, banane, raisin, châtaignes, dattes, figues et fruits secs, fruits en conserves, pâtisseries, lait concentré sucré Sodas sucrés, sirop, jus de fruits sucrés, alcools, apéritifs, bière, vin sucré.. Activité physique : un bénéfice démontré De façon très générale et indépendamment de l'âge et de la corpulence, la pratique régulière d'une activité physique d'endurance est associée à une réduction du risque de mortalité totale (toutes causes confondues), de maladie cardio-vasculaire et en particulier de maladie coronaire et de certains cancers (colon). L'effet protecteur de l'activité physique sur la morbi-mortalité cardio-vasculaire pourrait s'expliquer par la prévention et/ou la correction des anomalies du syndrome pluri-métabolique. En effet, il a été montré que l'activité physique régulière diminue la graisse intra-abdominale, augmente la sensibilité à l'insuline, améliore le profil lipidique et thrombotique et diminue la pression artérielle. Par ailleurs, la pratique d'une activité physique, même modérée, diminue l'incidence du diabète de type 2 dans la population générale et chez les sujets présentant une intolérance au glucose. A côté du rôle préventif de l'activité physique, il existe de nombreuses données démontrant son efficacité dans le contrôle glycémique des patients diabétiques de type 2, et dans le maintien d'une perte de poids induit par un régime. L'activité physique doit donc faire partie du projet thérapeutique du patient ayant un diabète de type 2. Que des bienfaits Réduction de la glycémie (amélioration de l'insulino sensibilité) Baisse de la pression artérielle Diminution des graisses abdominales Diminution du mauvais cholestérol (LDL) Augmentation du bon cholestérol (HDL)Sensation de bien être et amélioration du psychisme Et des bénéfices sur le long terme Pendant un exercice physique, pour répondre à la demande en énergie et en oxygène des muscles, le cœur active sa pompe et envoie le sang dans les artères et les vaisseaux. L'augmentation du débit sanguin dilate les vaisseaux, entraînant une «oxygénation» du corps et des organes. Si elle est régulière, cette opération contribue à maintenir l'élasticité des artères, elle permet une bonne irrigation des organes. En pratiquant une activité physique régulière, on maintient le muscle du cœur (et l'organisme tout entier) dans un entraînement régulier. Entraîné, le cœur a un meilleur rendement. Il est plus efficace, bat plus lentement (les grands sportifs ont un pouls à 45 - 50 battements par minute), se fatigue moins et s'adapte mieux aux demandes de l'organisme. De plus, lors d'un exercice physique, une quantité importante de sucre est brûlée par le muscle, l'action de l'insuline s'en trouve améliorée. Quels types d'activité physique ? Aucune pratique sportive n'est en théorie interdite, et certains diabétiques sont des sportifs de haut niveau. Mais tout le monde n'a pas la même constitution ! Certaines activités seront à éviter ou à privilégier en fonction de votre profil. C'est une question de bon sens. N'hésitez pas à en parler avec votre médecin. D'une manière générale, on recommande les activités douces ou d'endurance dans lesquelles les muscles ont toujours assez d'oxygène pour brûler le glucose : natation, gymnastique, marche soutenue (30 minutes entre 4 et 6 km/h)...), footing, vélo, etc. Grace à une activité physique quotidienne le diabétique pourra perdre du poids, il est prouvé que la perte de quelques kilos fait déjà baisser le taux de sucre dans le sang. Les études montrent surtout l'effet bénéfique de l'activité physique sur la diminution du risque de diabète et de ses complications. L'idéal encore une fois est de pratiquer 30 minutes d'activité soutenue tous les jours. Mais il faut le faire selon ses moyens. Si on ne faisait rien et qu'on se met à marcher 10 à 15 minutes tous les jours, cela aura déjà un impact. Règles de sécurité Il reste que toute activité physique ou sportive n'est pas sans danger. Il faut se préparer à la reprise de l'exercice physique ou à la pratique d'un nouveau sport. Ce qui compte, c'est le plaisir, la régularité et le respect de quelques règles simples. Celles que vous transmet votre médecin, comme par exemple de vérifier sa glycémie avant, pendant et après l'effort, d'avoir du sucre sur soi en permanence; d'adapter son alimentation et ses doses d'insuline en fonction de l'activité choisie, etc. Il n'est pas dit que vous devez faire comme les sportifs de haut niveau, ce qui compte, c'est la régularité, il faut bouger tous les jours, c'est à vous de décider, c'est soi faire de la marche ou rester à la maison à regarder la télé, il faut choisir. Nécessité d'une réelle volonté politique En guise de conclusion de cet article, il est important de rappeler avec force que le diabète n'est pas seulement un problème de santé, de prise en charge, d'hospitalisation, de distribution d'insuline, ce n'est pas uniquement un problème lié au ministère de la santé, Non, le diabète c'est plus que tout cela, ses causes sont diverse et multiples et son impact est ressenti par le malade, sa famille et partant toute la société. De ce fait les solutions et la réponse doit donc être multisectorielle et coordonnée, comme elle doit engager chacun de nous dans sa vie quotidienne. Avec un réel engagement politique et un investissement adéquats, et une détermination sans faille de tous, nous pouvons faire la différence dans la lutte contre le diabète. C'est une bataille que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre car les enjeux sont importants. Nous devons nous unir pour agir maintenant.