Après un demi-siècle d'absence, le lac Iriqui renaît dans la région de Zagora grâce à des pluies torrentielles exceptionnelles, offrant un regain écologique crucial pour la biodiversité et un potentiel inédit pour la recherche scientifique. Le Maroc a récemment été témoin d'un phénomène naturel exceptionnel : la résurgence du lac Iriqui, situé dans la province désertique de Zagora, après 50 ans de sécheresse. Ce miracle écologique est le résultat direct des pluies torrentielles enregistrées au début du mois de septembre, des averses qui ont apporté entre 50 et 250 millimètres d'eau en quelques heures. Ces conditions météorologiques extrêmes ont formé plusieurs lagunes éphémères dans le désert de Merzouga, transformant temporairement ce paysage aride en une oasis inattendue. Ces pluies diluviennes, qui ont également causé des inondations meurtrières dans d'autres régions du pays, marquent un événement météorologique rarissime dans cette zone désertique. Le retour du lac Iriqui constitue un phénomène géographique et écologique sans précédent, offrant à la fois un abri pour la faune locale et une opportunité de recherche scientifique inédite. Un événement météorologique exceptionnel Les précipitations torrentielles des 7 et 8 septembre ont ravivé des étendues d'eau disparues depuis des décennies. Le lac Iriqui, situé à environ 300 kilomètres au Sud-Ouest de Merzouga, s'étend désormais sur une surface impressionnante de 13 kilomètres de long et 11 kilomètres de large, des dimensions confirmées par l'Agence Nationale pour le Développement des Zones Oasiennes et de l'Arganier (ANDZOA). Adel Moumane, chercheur spécialiste en analyse satellitaire à l'Université Ibn Tofail de Kénitra, a découvert cette renaissance aquatique grâce à des images satellitaires Sentinel. La NASA a également capturé une vue satellitaire le 10 septembre, révélant l'apparition soudaine du lac et de plusieurs plans d'eau dans la région. Le caractère exceptionnel de ce phénomène réside dans le fait que le lac était auparavant alimenté par le fleuve Draa, dont le cours a été dévié en raison des sécheresses prolongées. Cependant, ce sont les eaux du fleuve Mhasser qui ont cette fois permis la réapparition du lac, contournant ainsi les contraintes hydrologiques historiques. Adel Moumane souligne que "le retour du lac était quasiment inimaginable", compte tenu des changements climatiques et de la gestion de l'eau dans cette région.
La renaissance d'un écosystème oublié Le retour de l'eau dans cette zone désertique a provoqué une réaction écologique rapide et inattendue. Parmi les premières espèces à bénéficier de cette résurgence se trouvent les Triops, des crustacés capables de survivre sous forme d'œufs enfouis dans le sol sec pendant des décennies. Ces œufs, parfois enfouis depuis 70 ans, éclosent dès que les conditions environnementales deviennent favorables. Ce phénomène témoigne, selon plusieurs chercheurs, de la résilience de cet écosystème désertique, qui semble s'être endormi, en attente d'un retour temporaire de l'eau.
En outre, la réapparition du lac pourrait favoriser le retour des oiseaux migrateurs, notamment les flamants, qui autrefois venaient déposer leurs œufs dans cette zone. Le lac Iriqui jouait autrefois un rôle clé pour les oiseaux qui traversent l'Europe et l'Afrique subsaharienne, servant de point d'étape essentiel dans leurs longues migrations.
Un impact écologique et socio-économique majeur Au-delà de l'aspect purement scientifique, la résurrection du lac a des implications écologiques et économiques pour la région. Mustapha Faouzi, directeur régional de l'ANDZOA, a souligné, dans une déclaration à l'agence de presse Espagnole EFE, l'importance de ce lac pour l'équilibre naturel et la biodiversité. Avec environ 130 espèces végétales présentes dans la région, la réhabilitation du lac pourrait favoriser le développement d'un tourisme scientifique axé sur la biodiversité et l'observation des oiseaux. Sur le plan socio-économique, le retour du lac Iriqui offrira de nouvelles perspectives pour les populations locales, en particulier les nomades et semi-sédentaires vivant du pastoralisme. Le pastoralisme, activité essentielle dans cette zone désertique, pourrait bénéficier du réapprovisionnement en eau, améliorant ainsi la productivité des terres. Des études supplémentaires sont prévues dans les semaines à venir par une équipe de chercheurs qui souhaite examiner de plus près le retour des espèces absentes depuis 50 ans. Ces recherches pourraient non seulement révéler des aspects insoupçonnés de la résilience de l'écosystème du désert, mais aussi jeter un éclairage nouveau sur l'impact du changement climatique dans cette région.