7 septembre, les Algériens sont appelés aux urnes pour valider le choix des décideurs de l'ombre pour un remake de l'épisode 2019-2024. Avec ses mêmes acteurs principaux : Abdelmadjid Tebboune à la tête de l'Etat et le général Saïd Chengriha à la tête de l'armée. Le mardi 3 septembre, le rideau est tombé sur une campagne électorale terne et sans attrait. Les Algériens, aux quatre coins du pays, ne se sont nullement sentis concernés par une élection sans enjeu et sans le moindre espoir d'un changement. Les jeux sont faits dès l'annonce de l'organisation d'une présidentielle avancée au 7 septembre au lieu du 12 décembre. D'ailleurs, jusqu'ici, personne ne comprend pourquoi a-t-on avancé la date du scrutin de trois mois. Il est vrai qu'au mois d'avril dernier, il y avait un grand mouvement souterrain mené par le général Djebbar Mehenna, patron de la sécurité extérieure, pour dégommer Abdelmadjid Tebboune. Le plan a été dévoilé au grand jour par le colonel Boualem Bennacer, l'ex-consul d'Algérie à Alicante, en Espagne. C'était lors de la tenue du procès du colonel Tarik Amirat, l'ex-chef de bureau des services secrets algériens à Paris. Appelé à la barre comme témoin, le 11 février 2024 au tribunal militaire de Blida, le colonel Bennacer avait surpris tout le monde en faisant éclater, devant une assistance médusée, les grandes lignes du complot qui visait la destitution de Tebboune. Pétrifié, le président du tribunal militaire de Blida fait vite de renvoyer l'audience à une date ultérieure. On attendait une réaction du président Tebboune suite à ces graves révélations. Il n'en fut rien. Le locataire du palais présidentiel d'El-Mouradia fait le mort. Il continuera de faire le mort lorsque le patron de la police nationale, Bencheikh Farid dépose sous ses yeux un dossier complet du complot qui le visait, lui et son directeur de cabinet Boualem Boualem. Le colonel Bennacer et le patron de la police Farid Bencheikh paieront leur loyauté au prix le plus cher. L'ancien consul d'Algérie à Alicante est arrêté, torturé et emprisonné à ce jour. Son frère Nacer, commissaire de police, l'accompagnera en prison sans raison aucune. Non sans avoir fait un passage par les locaux de torture de la Direction Général de la Sécurité Intérieure. Quant au patron de la police nationale, il est démis de ses fonctions, effectuera quelques jours dans les locaux de la DGSI avant de se voir libéré pour des raisons qui restent à vérifier. Dans toute cette affaire, Tebboune est sorti vainqueur sans laisser la moindre plume. Les comploteurs, aussi, sont sortis indemnes. Et le plan des décideurs de l'ombre sera exécuté à la lettre. On trie sur le volet les candidats appelés à concurrencer le candidat-président appelé à succéder à lui-même. Deux inconnus, sans étoffe ni envergure. Ils mèneront une campagne selon les instructions données. À savoir, pas la moindre critique contre Tebboune élevé au rang de Dieu intouchable. Pas la moindre allusion à son bilan ni à ses infractions criardes à la loi. Tebboune, lui, se présente sans programme électoral tout en violant allègrement la loi électorale qui lui impose de présenter un certificat médical de bonne santé et une déclaration de ses biens. Il ne présentera rien. Il a la bénédiction des décideurs de l'ombre. C'est largement suffisant. Ses énormes bourdes qui feront de lui la risée du monde sont ignorées par une presse aux ordres et des concurrents aux ordres, également. Prétendant comme ayant combattu le clan de Bouteflika, Tebboune ne verra personne lui rappeler qu'il est le seul ministre de l'Algérie indépendante à avoir bénéficié de la plus haute distinction honorifique, l'ordre du mérite national, que lui avait octroyé feu président Bouteflika. Tebboune avait bénéficié de cette distinction pour avoir offert, un lot de terrain de 1000 m2 dans le quartier le plus huppé d'Alger. Une véritable prouesse réalisée par Tebboune, alors ministre de l'habitat. Il était quasi impossible de dénicher le moindre mètre carré dans un espace infesté par les grands nababs du régime. Personne ne viendra, non plus, rappeler à Tebboune les images le montrant ramper à quatre pattes devant Bouteflika pour saluer le cheikh d'une zaouia à Adrar, dans le sud du pays. Et personne ne pourrait venir rappeler à Tebboune comment il se faisait gronder en public et devant les caméras de télévision par l'ex-premier ministre Abdelmalek Sellal. Que de hauts faits d'armes de l'ancien combattant contre le clan Bouteflika ! Comme bourdes à retenir de cette campagne, l'on ne saurait oublier la déclaration faite pompeusement, à Oran, que « l'Algérie est la 3ème puissance économique mondiale ». Ou celle de Constantine quand il demande à l'Egypte « d'ouvrir les frontières avec Gaza, l'armée algérienne est prête, et le monde verra ce de quoi nous sommes capables de faire ». Des déclarations et bien d'autres de la même veine qui ont leur place dans le Guinness des sottises. Abdelmadjid Tebboune n'a pas à se soucier de ce que pourraient penser de lui les électeurs. Son second mandat et assuré et le scrutin du 7 septembre n'est qu'une formalité à remplir. Tout au plus, les décideurs souhaiteraient obtenir un taux de participation plus élevé que celui de 2019, à peine de 36% en comptant le bourrage des urnes. Sinon, le régime algérien poursuivra chemin tranquillement et advienne que pourra.