Cinquante-six jours après le deuxième tour des élections législatives en France, convoquées suite à la dissolution de l'Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron, après la victoire de l'extrême droite aux européennes de juin dernier, le mystère reste entier sur le choix d'un premier ministre qui ferait consensus. Rappelons que le scrutin anticipé convoqué par le président de la république pour «mettre les français devant leurs responsabilités » face à la poussée de l'extrême droite avait donné lieu à une carte politique hétéroclite ne dégageant aucune majorité claire à la chambre basse, rendant difficile le choix d'un premier ministre d'un clan ou d'un autre.
Dans ce contexte inédit en France, le président Macron a entrepris, malgré un agenda chargé (Jeux Olympiques et paralympiques, commémorations, déplacement à l'étranger), des consultations avec les responsables des partis représentés au Parlement ainsi que les Présidents des deux chambres, lesquelles se sont avérées peu concluantes.
Dans un communiqué à l'issue de ces consultations, M. Macron a écarté la nomination d'un gouvernement issu du bloc de la gauche - Nouveau Front Populaire constitué dans la foulée de la campagne électorale -, arguant qu'il serait renversé immédiatement dès sa constitution par l'ensemble des autres groupes représentés à l'Assemblée nationale.
Face à cette situation, le chef de l'Etat qui défend le choix d'un premier ministre et d'un gouvernement qui conforte « la stabilité institutionnelle du pays », a lancé un second round des consultations ouvert cette fois-ci à des personnalités politiques de divers horizons et à des profils « se distinguant par l'expérience du service de l'Etat et de la République ». Selon les médias, d'anciens présidents de la république et des commis de l'Etat ont été consultés par M. Macron en vue de dégager une réflexion claire sur la configuration du nouvel exécutif.
Parmi ces pontes de la politique, l'ancien président de la république Nicholas Sarkozy est sorti de sa réserve pour plaider en faveur de la nomination sans attendre d'un premier ministre de droite.
Au journal « Le Figaro », il a affirmé qu'«à la lumière des deux derniers scrutins, les européennes et les législatives anticipées, la France est de droite, sans doute comme elle ne l'a jamais été », appelant sa « famille politiques » (Les Républicains) à proposer un Premier ministre de son camp «plutôt que de céder à la facilité de laisser nommer une personnalité de gauche ».
Du côté de la gauche justement, la tension est montée d'un cran suite à ces évolutions. Dans leurs différentes interventions médiatiques ou à l'occasion de leurs universités d'été, les partis formant la coalition de gauche (socialistes, écologistes, communistes et Les insoumis) continuent à défendre un gouvernement issu de leurs rangs, fustigeant l'attitude du Président de la république de les avoir exclus d'emblée du casting pour Matignon.
Coléreuse, «La France insoumise » est allée jusqu'à annoncer, samedi, qu'elle déposerait à l'Assemblée nationale une résolution demandant la destitution du président de la république, après le rejet de la candidature de Lucie Castets, une haute fonctionnaire à la mairie de Paris, au poste de premier ministre, une procédure, qui selon nombreux spécialistes, a de très faibles chances d'aboutir.
D'autres partis, notamment du centre et ceux de la majorité présidentielle tempèrent et attendent la décision du Président de la république, qui, selon les médias, ne saurait tarder, puisque que ce dernier a assuré, lors d'un déplacement en Serbie, qu'il y travaille d'arrache-pied.
"Je parlerai aux Français en temps voulu et dans le bon cadre", a affirmé M. Macron aux journalistes à Belgrade où il s'était rendu, jeudi et vendredi derniers, pour une visite officielle.
"Croyez bien que je fais tous mes efforts, et les jours et les nuits, et que je le fais depuis des semaines, même si vous ne l'avez pas forcément vu, pour aboutir à la meilleure solution pour le pays", a-t-il déclaré lors d'un point de presse.
Selon les médias de l'Hexagone, qui spéculent depuis quelques jours sur des noms de candidats à Matignon, allant de l'ancien premier ministre Bernard Cazeneuve, au républicain Xavier Bertrand, en passant par le maire de Saint Ouen, le franco-marocain Karim Bouamrane ou encore l'ancienne ministre Ségolène Royal, la nomination d'un premier ministre pourrait intervenir, ce dimanche 1er septembre, à la veille de la rentrée scolaire.