Au moment où les prix des manuels scolaires de l'enseignement public demeurent stables, ceux des supports pédagogiques imposés par certaines écoles privées constituent un vrai fardeau pour les ménages. A l'approche de la nouvelle rentrée scolaire, prévue en septembre, les familles se concentrent sur l'achat des fournitures nécessaires. Les librairies augmentent leurs stocks pour satisfaire la demande, et les familles abandonnent peu à peu l'ambiance estivale pour préparer leurs enfants à reprendre le chemin de l'école. A cet effet, lundi 19 août, hommes et femmes affluaient en masse vers les différentes librairies de Rabat, au moins pour se renseigner sur le marché ou pour commander au préalable les besoins de leurs enfants. Bien que cette période soit généralement réjouissante, elle représente un véritable fardeau pour les familles les plus modestes, dont le pouvoir d'achat est au plus bas. Conscients de l'angoisse des familles dans ce contexte, les libraires ne cessent de rassurer sur la stabilité des prix des différentes catégories de fournitures scolaires pour alléger la charge des familles. « Ces produits sont fabriqués au Maroc, et leurs prix n'ont pas augmenté, ils restent donc accessibles selon le besoin et presque au même niveau d'avant la pandémie de Covid-19 », note Hassan El Moatassim, président de l'Association des Libraires au Maroc. Les prix des manuels scolaires destinés aux cycles d'enseignement primaire et collégial publics restent également stables et abordables. Ils ne connaissent aucune augmentation. En effet, le gouvernement a déjà approuvé un soutien financier annuel aux éditeurs pour compenser la hausse du prix de la matière première. Cette aide de l'Exécutif, dont le déboursement est à la charge de la Caisse de Compensation, a été fixée à 25% des prix de vente, après une étude du dossier, par le ministère, de chaque éditeur en fonction du nombre de manuels imprimés et distribués chaque année depuis 2022. Complémentaires mais chers Par contre, les manuels scolaires de l'enseignement privé semblent connaître une hausse à la grande surprise des ménages ayant choisi l'école privée pour l'enseignement de leurs enfants. Les librairies font remarquer que certains livres d'une valeur de 100 dirhams, l'année dernière, sont désormais vendus entre 105 et 110 dirhams. « Cette augmentation concerne particulièrement les manuels des matières scientifiques en langues étrangères », souligne Hassan El Moatassim.
Et pour cause : ces manuels, souvent complémentaires, adoptés par les établissements privés ne sont pas produits au Maroc mais plutôt importés de l'étranger, constituant une charge de plus pour les familles. De quoi faire réagir les associations de parents d'élèves mais également celles de la protection du consommateur, lesquelles appellent les librairies à abandonner l'importation de ces manuels et se conformer à ceux approuvés par le ministère de tutelle en vue d'alléger les dépenses des familles, déjà éprouvées par les frais des fournitures de base mais aussi de ceux d'étude. De leur côté, les professionnels concernés expliquent que l'importation de ces supports pédagogiques n'est pas anodine et répond à une demande spécifique. « Certaines familles choisissent effectivement d'acheter des ressources pédagogiques complémentaires aux recommandations de l'école pour améliorer la qualité de l'apprentissage de leurs enfants. Ce qui est tout à fait normal d'autant plus que ces ressources sont validées par la tutelle », nous a expliqué une source du domaine, ajoutant que les prix de vente de ces programmes éducatifs dépendent en grande partie du marché international et des frais résultant de cette opération. Valeurs marocaines dans les manuels étrangers Il semble que ce ne soit pas seulement le coût élevé de ces manuels qui préoccupe les acteurs associatifs. Ils s'inquiètent également du contenu, souvent controversé, des manuels scolaires étrangers suite aux affaires des « manuels prônant l'homosexualité » ou ceux contre « le port du voile » qui ont éclaté dernièrement. En réaction aux inquiétudes des ménages, le ministre de tutelle, Chakib Benmoussa, avait affirmé à plusieurs reprises que les manuels étrangers importés sont soumis aux lois marocaines et ne peuvent enfreindre aux valeurs de notre société. « Des commissions spécialisées veillent au respect total des préceptes de l'Islam, la religion de l'Etat, et des valeurs sociales marocaines » a rassuré Benmoussa.