La capitale du Royaume se modernise avec deux nouveaux parkings souterrains. Un projet de 50 millions de dirhams qui transforme le quartier de l'Océan, suscitant espoirs et inquiétudes chez les habitants. Détails. La capitale s'étire sous le dôme céleste, ses artères palpitant au rythme d'une modernité qui ne cesse de la transformer. Rabat, cité millénaire aux allures de jeune première, se pare de nouveaux atours : deux parkings souterrains, fruits d'un investissement de 50 millions de dirhams, viennent enrichir son sous-sol. Dans le quartier de l'Océan, où les embruns caressent les façades, l'avenue de Bruxelles et la place de Russie s'apprêtent à accueillir ces nouveaux venus. Les pelleteuses grondent, les ouvriers s'affairent. La ville se métamorphose sous les yeux de ses habitants, creusant ses entrailles pour mieux respirer en surface. Karim, chauffeur de taxi depuis trente ans, observe cette transition mécanique avec un mélange de fascination et d'appréhension. "C'est comme si la ville digérait nos voitures", murmure-t-il, le regard perdu sur le chantier. "Mais où iront nos souvenirs, nos rencontres furtives au coin des rues ?" Le quartier de l'Océan n'est pas qu'un simple lieu de passage. C'est un écosystème complexe, un entrelacs de vies et d'histoires que les autorités cherchent à préserver tout en le modernisant. Les ateliers de mécanique, ces sanctuaires de graisse et de métal, sont priés de se réinventer ou de migrer vers d'autres horizons. Fatima, propriétaire d'une épicerie nichée au cœur du quartier depuis deux générations, observe ces changements avec un mélange de curiosité et d'inquiétude. "Nos rues vont respirer, c'est certain. Mais j'espère que l'âme de notre quartier ne s'envolera pas avec les vapeurs d'essence des garages." Les autorités, quant à elles, parlent de réhabilitation, de mise à niveau, de vocation résidentielle à préserver. Des mots qui résonnent comme une promesse, mais qui soulèvent aussi des questions sur l'identité d'un quartier en pleine mutation. "Notre objectif est de créer un équilibre harmonieux entre modernité et tradition", nous apprend un membre du Conseil de la Ville de Rabat, avant de poursuivre que «ces parkings souterrains ne sont pas seulement une solution pratique, ils sont le symbole de notre engagement à préserver l'authenticité de Rabat tout en l'adaptant aux défis du 21ème siècle ». Au-delà des chiffres et des plans d'urbanisme, c'est tout un pan de l'Histoire de Rabat qui se réécrit. Les sept parkings souterrains, tels des gardiens silencieux, accueilleront bientôt les véhicules des habitants et des visiteurs. Rabat se réinvente, oscillant entre préservation et modernisation. Les parkings souterrains ne sont que la partie visible d'une transformation plus profonde. Reste à savoir si cette métamorphose saura conserver l'essence de cette ville millénaire, son âme faite de rencontres, d'odeurs et de bruits familiers. Alors que le soleil se couche sur le chantier, teintant le ciel de reflets orangés, on ne peut s'empêcher de se demander : dans cette ville qui se creuse pour mieux s'élever, qu'adviendra-t-il des gardiens des lieux, ces fragments d'humanité qui font le sel de nos vies urbaines ? Houda BELABD Une ville qui se « smartise » ! La transformation de Rabat ne s'arrête pas aux parkings souterrains. Le Plan d'Aménagement Urbain projette une ville radicalement modernisée à l'horizon 2030. Au cœur de cette vision, une mobilité repensée avec un réseau de transport public étendu. Le tramway existant, il sera complété par des lignes de bus électriques, réduisant la dépendance automobile. Des espaces verts fleuriront là où stationnaient jadis les voitures, offrant aux habitants des havres de paix urbains. La technologie jouera un rôle clé, faisant de Rabat une véritable Smart City. La gestion intelligente des ressources et des services urbains promet d'améliorer le quotidien des citoyens. Mais cette modernisation ne se fera pas au détriment du patrimoine. La médina et les sites historiques seront restaurés et valorisés, créant un dialogue harmonieux entre passé et futur.