Sous le ciel azuréen de Casablanca se livre une bataille feutrée. Pas celle des hommes, mais celle des engins. Une guerre de territoire où chaque centimètre carré devient un pari stratégique. Les projets de parkings de la ville n'en font pas exception. A Casablanca, l'asphalte, ce nouveau terrain convoité, disparaît sous les assauts des carrosseries rutilantes et des pneumatiques voraces. «Nous sommes passés à la vitesse supérieure, les projets d'amélioration de la mobilité dans la capitale économique du Royaume sont mis en œuvre à la lettre et sont en phase d'être livrés l'un après l'autre », nous apprend Moulay Ahmed Afilal, vice-président du Conseil de la Commune de Casablanca. Qui dit mobilité, dit stationnement. Ce dernier, dans cette métropole en pleine expansion, est devenu depuis des lustres une sorte de Graal urbain. Une quête aussi ardue que journalière pour des milliers d'automobilistes. Les autorités, telles des alchimistes modernes, tentent de transformer le chaos en ordre. Mais la clé de voûte de l'urbanisme leur échappe toujours. Rappelons que, naguère, la Cité blanche luttait pour respirer sous le poids du macadam. Les initiatives se multipliaient, mais l'horizon restait obstrué par une multitude de rétroviseurs. L'absence d'une vision globale se faisait cruellement sentir, comme si la ville avançait à reculons dans un labyrinthe qu'elle a elle-même créé. Face à cette marée montante de véhicules, les autorités casablancaises, sous l'égide du wali Mohamed Mhidia, s'apprêtent, d'ores et déjà, à plonger dans les entrailles de la cité. Des parkings souterrains, nouvelles catacombes du XXIème siècle, sont projetés dans les quartiers névralgiques : Maârif, Anfa, Sidi Belyout. L'urgence dicte sa loi. Deux projets de parkings sont déjà sur les rails : l'un face au siège de la BNPJ (Brigade nationale de la police judiciaire) sis en plein Boulevard Brahim Roudani, l'autre à l'ombre des hôtels de l'avenue des FAR. Le Maârif, cœur battant de la ville, verra bientôt ses poumons verts transplantés sous terre. Dans cette course contre la montre, la Métropole cherche son souffle. Entre les lignes de tramway et les couloirs de bus, Casablanca tente de se réinventer. Mais à quel prix ? Les quartiers périphériques - Aïn Chok, Hay Hassani, Mers Sultan, Al Fida, Sidi Moumen - s'apprêtent eux aussi à creuser leur salut souterrain. Ainsi, la ville de tous les défis se trouve à la croisée des chemins. Entre le rêve d'une mobilité fluide et la réalité d'un engorgement chronique, elle cherche sa voie. Dans ce ballet mécanique quotidien, c'est l'âme même de la cité qui est en jeu. Saura-t-elle trouver l'équilibre entre le besoin de se mouvoir et celui de vivre ? Au-delà des chiffres et des projets, c'est le visage de la ville de demain qui se dessine. Un visage où, espérons-le, l'humain reprendra ses droits sur la machine. En attendant, le vrombissement des moteurs continue de bercer Casablanca, cette belle endormie qui ne demande qu'à s'éveiller à une nouvelle ère urbaine. Houda BELABD Le ballet du béton et de la chlorophylle A Casablanca, les murs tombent, les structures s'effondrent, et le bruit des pelleteuses orchestre une symphonie de renouveau. L'effervescence qui y règne depuis quelques semaines intrigue et fascine les passants. C'est un spectacle de démolition et de promesses qui se joue sous leurs yeux. Mais ne nous y trompons pas : ce qui pourrait ressembler à une destruction n'est que le prélude à une renaissance. Car sous les décombres se dessine déjà le futur : un ambitieux parking souterrain, promesse de fluidité dans ce carrefour névralgique de la cité. C'est une nouvelle page de l'Histoire de Casablanca qui s'écrit, où l'asphalte cède du terrain au végétal, où la modernité s'allie à la nature. Au cœur de la métropole, là où le parc de la Ligue arabe déploie son écrin de verdure, un projet ambitieux émerge des cartons de Casa Transport. Un parking souterrain, estimé à 79 millions de dirhams, promet de redessiner le visage du centre-ville. Imaginez : deux niveaux sous terre, capables d'accueillir 500 véhicules. Une prouesse technique qui s'étendra sur 7000 m2, à la jonction du boulevard Brahim Roudani et de la rue Ali Bnou Abi Taleb. Plus qu'un simple parking, c'est une réponse audacieuse à un besoin criant de la ville. Dans ce ballet de béton et de chlorophylle, Casablanca réinvente son visage, conjuguant au futur son passé glorieux et son présent trépidant.