Comme chaque été, l'immobilier balnéaire a le vent en poupe. Cette année, une poussée supplémentaire est enregistrée suite au programme d'aide au logement lancé par l'Exécutif. « Durant les dernières années, la demande pour l'immobilier balnéaire a connu une croissance importante, mais cette année la ruée des potentiels acquéreurs est juste spectaculaire ». Un écho qui revient souvent chez les promoteurs immobiliers, qui, après les années sombres de la crise sanitaire, voient leur activité redynamisée. De Nador à Dakhla, en passant par les incontournables Tanger, Kénitra, Rabat ou encore les périphéries du Grand Casablanca, les projets immobiliers poussent comme des champignons, mais pas aussi vite que la demande, surtout avec le programme d'aides au logement lancé par le gouvernement. « Les promoteurs immobiliers sont également très mobilisés, surtout depuis avril, avec des offres diversifiées et un marketing agressif », nous confie Amine Mernissi, expert en immobilier. Résultat des comptes : depuis son lancement en janvier, pas moins de 80.000 demandes ont été enregistrées dans les différentes régions du Royaume, dont 20% concernent des Marocains Résidant à l'Etranger (MRE). Dans ce même sillage, le dernier baromètre de «Mubawab» sur la question révèle que plus de 50% des MRE optent pour le crédit bancaire pour l'achat d'un bien immobilier au Maroc. Le montant moyen du crédit sollicité est de 89.353 DH pour un apport de 457.377 DH. Et si les chiffres sur le balnéaire dans le programme d'aides au logement ne sont pas encore filtrés, les professionnels nous affirment que les nouvelles résidences sur mer (ou proche) sont au complet.
Cette tendance, entamée depuis plusieurs années avec le boom du secteur immobilier, se poursuit à un rythme tel que se pose déjà la question de la saturation du littoral. L'un des meilleurs exemples les plus saillants qui reflètent cet engouement pour l'immobilier balnéaire est l'extension de Casablanca, qui se fait surtout sur la partie côtière Sud, direction Azemmour. Désormais, les gens préfèrent habiter loin de la ville, en face de la mer, tout en payant moins cher. A quelque 14 km du Sud de Rabat, la commune de Harhoura vient corroborer ce constat, via ses chantiers résidentiels qui avancent à un rythme accéléré.
Conditions favorables
Les différentes politiques combinées de développement touristique et immobilier, sans oublier la chaleur qui se prolonge désormais sur toute l'année, ont permis de favoriser les régions balnéaires. Actuellement, le Maroc compte une trentaine de stations balnéaires. Celles dédiées au tourisme comme Saïdia, Agadir et Taghazout s'imposent comme des destinations de choix pour les touristes nationaux comme étrangers. En parallèle, les promoteurs immobiliers ont investi le littoral.Tout au long des côtes marocaines, des dizaines de petites agglomérations « pieds dans l'eau » ont évolué depuis des villages de pêcheurs, pour devenir des sites balnéaires, mais qui ne sont pas toujours accessibles à la classe moyenne. Les tarifs varient en effet de l'économique au très haut standing. Mais sur ce dernier segment, les villas et les appartements de luxe ont la cote. « Pour les promoteurs immobiliers, l'offre haut standing est rentable et prodigue de meilleures perspectives », apprend-on d'un banquier spécialisé à Rabat. L'offre économique est en passe de disparaître et d'être distancée dans la course pour le balnéaire. Seule la classe moyenne supérieure et les acquéreurs d'appartements ou de villas haut-standing risquent d'intéresser les investisseurs dans un futur proche.
C'est sur l'axe Fnideq-El Jadida que l'on observe le plus ce développement de l'immobilier balnéaire. C'est vraiment la vitrine du développement de l'offre immobilière balnéaire de luxe, et la demande y est très forte. La filière pose ainsi le problème de la démocratisation de l'accès à la mer. Entre les programmes de stations balnéaires touristiques encouragés par l'Etat et les projets immobiliers des promoteurs, force est de constater que la priorité est accordée à la rentabilité financière.
3 questions à Amine Mernissi : « Les MRE, qui sont au rendez-vous chaque année, constituent un vrai moteur pour l'immobilier » * Comment se porte l'immobilier balnéaire cette année ? - C'est sa saison ! Il faut dire qu'elle commence traditionnellement en avril, au retour des beaux jours. C'est à partir de ce moment que les acheteurs commencent à se positionner et à prospecter une future acquisition dans le but d'en profiter dès l'été. Les promoteurs immobiliers sont également très mobilisés pendant cette période avec des offres diversifiées et un marketing agressif. En général, la saison estivale, et cette année ne déroge pas à la règle, est marquée par une dynamique immobilière soutenue par les nationaux mais également les MRE qui sont au rendez-vous chaque année et constituent un vrai moteur du marché immobilier. Ils sont en demande de tous types d'actifs immobiliers de différents standings, avec un tropisme pour les biens situés sur le littoral marocain. La saison est donc bien entamée. Reste à en tirer un bilan à sa fin, c'est à dire en septembre.
* Les aides au logement lancées par le gouvernement ont-elles eu un impact sur l'offre et la demande ?
- « Daam Sakan » a démarré de manière effective depuis le 2 janvier 2024. En près de 7 mois, le bilan est éloquent. Quelque 80.000 demandes pour environ 20.000 bénéficiaires à date. Il faut savoir que 22% de la demande exprimée à travers la plateforme dédiée émane des MRE. On peut d'ores et déjà dire que les aides (100.000 DH pour l'achat d'un logement de moins de 300.000 DH et 70.000 DH pour un logement dont le prix est entre 300.000 et 700.000 DH) constituent un véritable levier et une mesure exceptionnelle en termes d'aide au pouvoir d'achat pour tous les primo-acquéreurs. La demande aujourd'hui dépasse l'offre. Ceci est assez normal, puisque le programme est en phase de démarrage et qu'il s'étale, rappelons-le, jusqu'en 2028. 2025 et 2026 seront à observer de près car le programme aura atteint sa vitesse de croisière et les livraisons de logement vont s'accélérer. Et naturellement, les MRE pourront à ce moment-là concrétiser plus facilement lors de leur séjour estival au Maroc.
* Quelles sont les régions qui connaissent la plus grande croissance en termes d'offre immobilière ? - Assez surprenant, la région de Fès-Meknès se place avant celle de Casablanca-Settat en termes de demandes pour le programme Daam Sakan ! Mais de façon générale, là où se situe la demande, l'offre suit : les grandes villes du Royaume, avec sur le podium Casablanca, Rabat, Marrakech, Tanger, Agadir, Fès. Cela dit, il ne faut pas sous-estimer des villes de taille moyenne comme celles d'où sont originaires les MRE et qui connaissent également une dynamique immobilière intéressante, notamment Fquih Ben Salah, Khouribga, Safi, Oujda, Berkane...et la liste n'est pas exhaustive. En fait, chaque région du Maroc, chaque ville du Maroc a sa propre histoire avec l'immobilier ! Ce qui va différer, ce sont la typologie de logement, le profil des acheteurs et aussi la taille du marché. IPAI : Les prix des actifs s'apprécient Taux directeur : « Opportunités accrues pour les acquéreurs immobiliers »