Le Conseil de la Concurrence a révélé que malgré une hausse moins importante des prix des carburants au Maroc par rapport au marché international, au cours du premier trimestre de 2024, les bénéfices des entreprises ont parfois dépassé deux dirhams par litre.Détails. Le Conseil de la Concurrence a récemment publié un rapport détaillé sur le premier trimestre de l'année en cours, mettant en lumière une légère baisse des marges bénéficiaires des sociétés de carburant au Maroc. Toutefois, cette baisse nécessite d'être relativisée, car ces entreprises tendent à compenser leurs pertes durant les périodes de baisse des prix internationaux.
Le rapport, axé sur l'activité de neuf sociétés dominantes du marché des carburants au Maroc, révèle que ces entreprises ont réalisé une marge bénéficiaire brute de 1,46 dirham par litre de gasoil, contre plus de 2 dirhams par litre d'essence. Entre le début janvier et la fin mars, cette marge a diminué de 1,69 dirham à 1,24 dirham. Cette baisse est attribuée au fait que les prix de vente n'ont pas été augmentés proportionnellement à la hausse des prix d'achat sur le marché international. Les neuf sociétés analysées dans le rapport représentent une part significative du marché des carburants au Maroc. Leurs stratégies de fixation des prix ont un impact direct sur les consommateurs et sur l'économie nationale. La marge bénéficiaire brute, qui représente la différence entre le coût d'achat et le prix de vente avant déduction des frais opérationnels, est un indicateur clé de la rentabilité de ces entreprises. Les marges brutes moyennes pondérées sur la vente du gasoil oscillent entre un minimum de 1,24 dirham par litre (DH/L) et un maximum de 1,69 DH/L. Cette fluctuation indique que les sociétés ont réussi à maintenir une certaine rentabilité malgré les variations des coûts d'achat sur le marché international. Cependant, la marge reste relativement modeste, ce qui pourrait refléter une stratégie de prix visant à ne pas trop pénaliser les consommateurs face aux hausses de prix à l'international. Quant à l'essence, les marges brutes demeurent "relativement élevées" par rapport à celles du gasoil. Elles varient entre un minimum de 1,76 DH/L et un maximum de 2,26 DH/L. Cette situation indique que les distributeurs ont pu conserver des niveaux de profit plus importants sur l'essence, ce qui pourrait être dû à plusieurs facteurs, tels que des coûts d'achat moins volatils ou une moindre sensibilité des consommateurs aux variations de prix de l'essence par rapport au gasoil. Stabilité des prix internes Malgré l'augmentation des prix internationaux et du coût d'achat des carburants, les prix de vente sur le marché intérieur ont légèrement baissé, ce qui indique que les fluctuations des prix internationaux n'ont pas été répercutées sur les consommateurs marocains. En janvier, les prix internationaux ont baissé, tandis qu'ils ont augmenté en février et mars. Les sociétés de distribution de carburants ont profité de cette baisse en janvier pour maintenir des prix stables au cours des mois suivants. Ce comportement suggère une volonté des distributeurs de lisser les variations afin de protéger les consommateurs des fluctuations brutales des prix. En absorbant en partie les hausses des coûts d'achat, les distributeurs ont contribué à maintenir une certaine stabilité sur le marché national, évitant ainsi une répercussion directe des variations internationales sur les prix à la pompe. Consommation et importations de carburants
Le chiffre d'affaires total du marché des carburants, incluant le gasoil et l'essence, a atteint environ 19 milliards de dirhams, en légère augmentation de 1% par rapport à la même période de l'année précédente. La quantité totale de carburants vendus au Maroc durant les trois premiers mois de l'année s'élève à 1,7 milliard de litres, dont 1,466 milliard de litres de gazole. Cela signifie que le Maroc consomme plus de 16 millions de litres de gazole par jour.
Les importations de gasoil et d'essence au premier trimestre de cette année ont totalisé environ 1,5 million de tonnes, pour une valeur de 13 milliards de dirhams. Bien que le volume des importations ait augmenté de 9% par rapport à l'année précédente, la valeur de ces importations n'a augmenté que de moins de 1%, reflétant une baisse des prix internationaux.
Revenus fiscaux
Les recettes fiscales de l'Etat provenant des importations de gasoil et d'essence ont augmenté de 6,7%, avec des revenus supplémentaires de 400 millions de dirhams par rapport à l'année précédente. Cette augmentation est due à la hausse du volume des importations. La taxe intérieure sur la consommation a généré près de 4,65 milliards de dirhams, tandis que la taxe sur la valeur ajoutée a rapporté 1,8 milliard de dirhams.
Le Conseil s'est récemment penché sur une problématique cruciale pour l'économie nationale, la corrélation entre les fluctuations des cotations internationales, les coûts d'achat des distributeurs et les prix de vente au niveau national. Variations hétérogènes des cotations CIF Durant la période étudiée, les cotations CIF (coût, assurance et fret) ont montré des variations hétérogènes comparativement aux prix de vente à la pompe, tant pour le gasoil que pour l'essence. Plus précisément, le gasoil a enregistré une augmentation globale de ses cotations CIF de 0,5 DH/L, tandis que son prix de vente à la pompe a légèrement diminué de 0,21 DH/L. De son côté, l'essence a connu une hausse moyenne trimestrielle de ses cotations CIF de 1,15 DH/L, avec un prix de vente à la pompe pratiquement stable, affichant une variation marginale de -0,06 DH/L. Les sociétés de distribution ont également ressenti une hausse modérée de leurs coûts d'achat : +0,17 DH/L pour le gasoil et +0,32 DH/L pour l'essence. Toutefois, cette augmentation reste inférieure à celle observée au niveau des cotations CIF, respectivement +0,47 DH/L pour le gasoil et 1,15 DH/L pour l'essence. Ce qui ressort de manière frappante du rapport, c'est que les distributeurs n'ont pas répercuté les hausses de leurs coûts d'achat sur les prix de cession. Au contraire, les prix de cession du gasoil ont même légèrement diminué d'environ 0,31 DH/L. Cela suggère une stratégie d'absorption des hausses de coûts par les sociétés de distribution, qui cherchent probablement à maintenir une compétitivité accrue sur le marché national.
Plus de 60 nouvelles stations ouvertes
L'analyse approfondie de l'évolution du réseau des stations-service met en lumière une croissance substantielle. À la fin de l'année 2023, le nombre total de stations-service s'élevait à 3.350, tandis qu'à la fin de mars 2024, ce chiffre a grimpé à 3.411, marquant ainsi l'ouverture de 61 nouvelles stations-service sur le marché. Parmi ces 3.411 stations, les neuf principales entreprises du secteur détiennent 2.515 stations (soit 74% du total), ce qui représente une augmentation de 24 nouvelles stations par rapport aux 2.491 stations-service enregistrées à la fin de l'année précédente.
Aucune nouvelle entrée d'opérateur en 2024
Au cours du premier trimestre de l'année 2024, le segment de la distribution des carburants n'a enregistré aucune nouvelle entrée d'opérateur. Ainsi, le nombre d'opérateurs détenant l'agrément provisoire pour la reprise en raffinerie de produits pétroliers liquides est demeuré stable par rapport à fin 2023, avec un total de 35 opérateurs. Cette stabilité reflète un marché où les conditions réglementaires et les exigences d'agrément ont maintenu une certaine continuité dans le paysage des distributeurs de carburants, malgré les fluctuations économiques et les variations des prix internationaux des carburants.