Le ministre de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa, a présidé, vendredi à Rabat, la réunion du Haut comité de suivi du dialogue social sectoriel avec les représentants des cinq syndicats les plus représentatifs du secteur de l'Enseignement. L'année scolaire 2023-2024 a été l'année de tous les défis pour le secteur de l'Education. Bien que le gouvernement et les syndicats aient trouvé un accord en décembre dernier, mettant fin aux grèves généralisées des enseignants, qui ont coûté environ 8 millions d'heures d'enseignement aux élèves, quelques points de divergences persistent encore. Pour trouver un terrain d'entente, le ministre de tutelle s'est réuni, vendredi, avec les représentants des instances syndicales dans le cadre d'une approche participative. Cette réunion vient compléter l'étape précédente du dialogue social, couronnée par la signature des accords du 10 et du 26 décembre 2023 et la publication du nouveau statut des fonctionnaires du ministère de l'Education nationale, ainsi que le renforcement des efforts soutenus en faveur d'une action consensuelle et coordonnée pour la mise en œuvre appropriée des dispositions du statut, indique un communiqué du ministère de l'Education, notant qu'elle a servi à l'examen des mouvements de mutation, « en tant que question cruciale et essentielle au centre des accords du dialogue social et qui revêt une importance particulière pour les différentes catégories de fonctionnaires ». La rencontre a également été l'occasion de faire le point sur les réalisations et les perspectives de travail, que ce soit au niveau de la réforme pédagogique ou de l'exécution des engagements issus du dialogue social sectoriel et l'opérationnalisation du statut. A cette occasion, Benmoussa a affirmé que le ministère adhère au projet de réforme de l'école publique, à travers la feuille de route 2022-2026, qui vise à introduire la réforme pédagogique aux classes, notant que trois objectifs stratégiques ont été fixés, à savoir le renforcement de la maîtrise des élèves des apprentissages de base, la consolidation de leur ouverture et leur imprégnation en valeurs, et la réduction du décrochage scolaire. Il a également rappelé que pour la mise en œuvre du nouveau statut, le ministère a établi un plan comprenant 43 textes réglementaires, dont 24 textes ont été approuvés, alors que 4 sont en cours d'approbation et 15 autres en cours de préparation.
Benmoussa rassure sur les engagements pris Des étapes importantes ont été franchies en matière de gestion des situations administratives des fonctionnaires, a souligné le ministre, ajoutant que les engagements issus du dialogue social et les dispositifs du statut ont été opérationnalisés. Il s'agit en l'occurrence de l'intégration, l'augmentation de salaires, les promotions, le versement des indemnités, le changement de cadre, la titularisation et le règlement des indemnités de la promotion au titre de l'année 2022. Notons par ailleurs qu'en vertu de l'accord de décembre 2023, tous les enseignants intégreront désormais la Fonction publique et ne dépendront plus des Académies (AREF). Le gouvernement s'est également engagé à supprimer le seuil de 30 ans comme âge limite pour rejoindre la profession. L'Exécutif a également accepté d'allouer des indemnités forfaitaires aux enseignants du primaire et du cycle collégial en plus de l'augmentation (1.500 dirhams mensuels nets) pour tous les fonctionnaires. Cela dit, Benmoussa a affirmé qu'il a été procédé au traitement des situations des femmes et des hommes de l'enseignement exerçant dans des zones reculées et à l'organisation, prévue en septembre prochain, du Forum national de l'enseignant, afin de promouvoir la profession et renforcer son attractivité. Pour ce qui est de l'organisation des mouvements de mutation dans leur globalité, l'action sera menée dans le cadre d'une approche participative et d'un échange de points de vue pour la formulation de propositions et de recommandations fructueuses, afin de les exploiter dans la prise de nouvelles décisions dans le but d'améliorer le système des mouvements de mutation.
Les syndicats optimistes Les représentants des cinq syndicats les plus représentatifs du secteur de l'Enseignement ont salué pour leur part le rythme de la prise des mesures et de mise en œuvre des textes d'application du statut, précise le communiqué. Ils ont également souligné l'importance de la réforme du système de l'éducation et de la formation de manière à réaliser un changement global de l'école publique et renforcer son impact positif auprès des élèves, tout en œuvrant conjointement avec le ministère pour accélérer le rythme de l'exécution du plan organisationnel d'opérationnalisation du nouveau statut et contribuer à l'amélioration du système des mouvements de mutation. Cependant, les grandes tensions persistent sur la question des sanctions prévues pour les grévistes. En début juillet, la Coordination nationale du secteur de l'éducation, regroupant la Coordination unifiée des enseignants et des cadres de soutien, la Coordination nationale de l'éducation, ainsi que la Coordination nationale des enseignants du secondaire qualifiant, a appelé le département de tutelle à annuler toutes les sanctions prises à l'encontre des enseignants ayant participé aux manifestations, notamment les grèves ayant marqué cette année scolaire. Le groupement syndical a sollicité le département de Benmoussa afin d'assainir la situation financière et administrative des enseignants suspendus, ainsi que pour régler tous les dossiers collectifs restés en suspens et la mise en œuvre de toutes les dispositions prévues dans le cadre des accords ratifiés. « En raison de ces suspensions arbitraires, les enseignants vivent une situation difficile sur le plan psychologique et social. Ce sont nos collègues que nous continuons à soutenir jusqu'à ce qu'ils puissent reprendre leur travail dans de bonnes conditions. L'école publique a réellement besoin d'eux en cette période de réforme », nous indique un membre du comité syndical. Les cinq syndicats les plus représentatifs du secteur de l'enseignement ont abordé le sujet avec le ministre de tutelle, mais pour le moment aucune solution n'est encore tranchée, apprend-on d'une source concernée.
Intransigeance totale Face à la pression des syndicats qui menacent d'intensifier leurs actions même après la fin de l'année scolaire, le ministre de l'Education, Chakib Benmoussa, a affirmé que la plupart des mesures de suspension ne dépassaient pas un mois, et a assuré que la situation de tous les enseignants concernés par ces mesures serait réglée après l'approbation des procès-verbaux disciplinaires. Malgré les menaces de grève, le ministre est resté intransigeant quant à l'application de ces sanctions. Selon lui, certains grévistes ont empêché leurs collègues de remplir leurs fonctions, même si ces derniers n'étaient pas en accord avec le principe de la grève. Selon Benmoussa, les actions de certains enseignants ont créé une forme d'anarchie dans les établissements scolaires, portant atteinte aux droits d'apprentissage des élèves. Il a précisé, dans ce sens, que les salaires de tous les enseignants concernés seraient versés rétroactivement à compter de la date de leur suspension.