Plébiscité par les militants, le Secrétaire Général de l'Istiqlal, Nizar Baraka, a été réélu pour un nouveau mandat, alors que les Istiqlaliens ont les prochaines élections en ligne de mire. Reportage. Réunis à Bouznika, les militants istiqlaliens sont venus nombreux au 18ème Congrès général, tenu du 26 au 28 avril au complexe Moulay Rachid. Présidé par un comité tripartite composé des Conseillers istiqlaliens Mohammed Kayouh et Fouad Kadiri, en plus du président de la Commission préparatoire, Abdeljabbar Rachdi, ce rassemblement a été l'occasion de faire une introspective tout en se projetant sur le futur d'une formation qui se fixe désormais des objectifs ambitieux pour les années à avenir. Durant trois jours de discussions intenses qui ont duré jusqu'à des heures tardives de la nuit, un vent de renouveau a soufflé sur le Parti de la Balance qui a renouvelé ses instances dirigeantes. Après avoir pris acte des rapports moral et financier et adopté les rapports thématiques de la Commission préparatoire, les 3600 congressistes, venus de toutes les régions du Royaume, ont constitué leur Conseil national qui a tenu aussitôt sa première session. Nizar Baraka succède à lui-même Comme attendu, le Secrétaire Général Nizar Baraka a été réélu à la tête du parti pour un second mandat. Plébiscité, le leader de l'Istiqlal a été réélu à l'unanimité des voix après que son rival, le député Rachid Afilal Idrissi Alami, a retiré sa candidature à la dernière minute. A une heure tardive, au moment où les journalistes et les observateurs commençaient à se livrer aux conjectures, le député istiqlalien a fini par se désister en faveur de Nizar Baraka auquel il a rendu hommage lors d'une courte allocution avant de se tenir côte à côte devant les caméras. Contrairement aux commentaires précipités de quelques observateurs qui croyaient avec une certitude déconcertante qu'il s'agirait d'une candidature protocolaire, Rachid Afilal s'y est attaché jusqu'au bout avec conviction, avant de se retirer. Ce retrait a permis la réélection de Nizar Baraka à l'unanimité des voix sans recours au scrutin. Il est clair que ce plébiscite a été largement attendu compte tenu que tous les Istiqlaliens se disent convaincus du bilan de l'actuel ministre de l'Equipement et de l'Eau à la tête du parti. "Nous sommes tous là pour sa réélection, j'en suis persuadé", lâche avec un large sourire le Conseiller istiqlalien et membre de la présidence du Congrès général Fouad Kadiri, qui juge que le bilan de M. Baraka fait l'unanimité dans les rangs des Istiqlaliens. "Franchement, il a fait ses preuves aussi bien dans ses mandats ministériels que dans son leadership du parti", rappelle le parlementaire, qui pense que le choix de Nizar Baraka s'inscrit dans la continuité des efforts consentis pour redresser et raffermir le parti en tant que force politique de premier plan depuis le 17ème Congrès. "Personnellement, je ne pense pas que nous soyons dans une période transitoire, nous continuons sur le chemin que nous avons tracé", conclut-il. Pour sa part, Lahcen Haddad juge que le Secrétaire Général a raffermi le parti dans une période sensible et a réussi à le positionner au sommet de la scène politique lors des élections du 8 septembre 2021. "Il a également bien géré la participation de notre parti au gouvernement", souligne l'ancien ministre du Tourisme.
Les priorités de la prochaine étape Les Istiqlaliens s'accordent sur le fait que M. Baraka a conduit le parti vers le score honorable aux élections du 8 septembre 2021 qui en a fait la troisième force politique du pays. Un tel bilan a fait de lui un choix naturel pour conduire le navire istiqlalien pour les six prochaines années. Une période cruciale où le parti place ses objectifs très haut en aspirant à gagner les élections de 2026. Un choix assumé et déclaré haut et fort par tous les cadres du parti. Pour y parvenir, le leader de l'Istiqlal parie sur le renouvellement du projet de société capable de mobiliser les électeurs et rassembler davantage les militants. "Nous devons faire évoluer notre projet de société et l'intégrer dans le cadre de la dynamique que connaît notre pays", a déclaré M. Baraka au micro de "L'Opinion" après sa réélection. Il a beaucoup insisté sur l'importance de veiller à ce que les citoyens aient confiance dans la politique en leur donnant une vision claire et un horizon politique palpable. Pour ce faire, le leader istiqlalien parie sur une stratégie basée sur quatre axes fondamentaux. Selon lui, il est désormais indispensable de travailler sur la proximité avec le citoyen auquel il faut expliquer les retombées des politiques publiques sur son quotidien à l'aide d'une communication efficace. Durant les prochaines années, le parti devrait renforcer son maillage territorial. M. Baraka nous explique, à cet égard, qu'il est nécessaire de mobiliser davantage les militants au niveau des régions dans cette stratégie de proximité à l'égard des citoyens. Ainsi, l'Istiqlal, qui s'investit massivement dans le digital pour toucher le plus grand nombre de sympathisants, compte s'investir davantage sur le terrain pour élargir son électorat. "Maintenant que nos instances sont renouvelées au niveau des régions, c'est là qu'il faut travailler pour aller plus au contact direct avec le citoyen et fédérer davantage nos militants autour du projet que nous portons", explique dans ce sens le Conseiller Mohammed Zidouh, persuadé que le cap est désormais fixé sur 2026, l'année des grandes échéances électorales auxquelles le parti doit se préparer dès maintenant pour être à la hauteur du défi. D'où la nécessité, selon lui, du rajeunissement des instances dirigeantes capables de produire un leadership assez fort pour mener le parti vers ces objectifs. L'Istiqlal compte sur le projet de société qui a été renouvelé sur la base des rapports de la Commission préparatoire. "Le 18ème Congrès n'est pas seulement un rassemblement purement électoral, mais c'est une agora de débat idéologique", rappelle Othmane Tarmounia, Conseiller istiqlalien et président de la Jeunesse Istiqlalienne.
Un programme renouvelé La priorité est accordée à l'Etat social, ce qui va dans le sens des idéaux égalitaristes du parti, et surtout à l'emploi. Un point fondamental qui occupe une partie importante des rapports qui appellent à soutenir davantage les PME et à travailler plus sur l'employabilité des jeunes ainsi que sur la baisse de la pression fiscale sur la classe moyenne. Par ailleurs, le Parti de l'Istiqlal compte sur un nouveau leadership issu du renouvellement des instances dirigeantes, dont le Comité exécutif constitué d'une trentaine de membres élus à partir de 107 candidatures. Concernant l'organisation interne, les Istiqlaliens ont réformé leurs statuts en y intégrant plusieurs amendements sur les critères d'éligibilité au Comité exécutif, la mise en place d'un code éthique de la déontologie partisane. Le corps de l'Inspection a également été amendé. Trois questions à Nizar Baraka : "La crédibilité passe par le fait de dire ce qu'on fait et faire ce qu'on dit" Après votre réélection à la tête du parti pour un nouveau mandat, quelles sont les priorités de ce nouveau mandat ?
Concernant les prochaines étapes, il est essentiel, d'abord, de renouveler le parti. Aujourd'hui, compte tenu des évolutions rapides que nous traversons et de l'évolution des nouvelles sociales et technologiques qui ont un impact majeur sur nos sociétés, nous devons nous adapter à ces nouveaux défis tout en restant fidèles à nos valeurs et à notre projet de société. Nous devons faire évoluer notre projet de société et l'intégrer dans le cadre de la dynamique que connaît notre pays, qu'il nous incombe de préserver grâce à l'action politique.
* Comment le parti compte-t-il convaincre de nouveaux électeurs dans les années à venir ?
Nous considérons qu'il est essentiel de faire en sorte que les citoyens aient confiance dans la politique. C'est un fondamental. Pour y parvenir, nous allons mettre en place une stratégie basée sur quatre axes fondamentaux. Il faut mettre l'accent davantage sur la proximité, apporter une vision claire pour l'avenir et montrer l'effet de notre action politique dans le quotidien des citoyens, à la fois au niveau des régions et à l'échelon des ministères que nous dirigeons. Il est également indispensable de mobiliser les militants et les sympathisants en partageant nos valeurs et notre projet de société pour faire adhérer davantage la population dans une nouvelle dynamique.
* Quelle est la stratégie du parti pour renforcer son poids sur l'échiquier politique dans les prochaines années ?
Tout est basé sur la crédibilité qui passe par le fait de dire ce qu'on fait et faire ce qu'on dit. Le Parti de l'Istiqlal a toujours plaidé pour libérer les citoyens et les affranchir de la pauvreté, de la dépendance et de l'injustice sociale. Il va sans dire que nous sommes un parti nationaliste qui considère que le sentiment d'appartenance à la Nation est essentiel pour raffermir l'union entre nos compatriotes. D'où l'importance de bâtir ce lien de confiance qui seul nous permettra d'aller de l'avant. C'est notre ligne directrice pour les années à avenir.
Recueillis par S.C.
Trois questions à Mohamed Zidouh "La priorité est de se focaliser sur le travail de terrain au niveau des régions" * Quel bilan tirez-vous du 18ème Congrès général ?
On peut dire que le 18ème Congrès du Parti de l'Istiqlal s'est déroulé dans un climat familial. C'est une étape extrêmement importante dans la mesure où le nouveau leadership aura la mission de conduire le parti jusqu'en 2026, l'année des échéances électorales.
* Le parti a de grandes ambitions électorales. Par où faut-il commencer pour que le parti soit prêt d'ici 2026 aux futures élections ?
Il faut, à mes yeux, entamer cette nouvelle phase avec un esprit de renouveau et un programme solide et un Comité exécutif raffermi et rajeuni, capable de relever le défi et mener le parti dans un nouvel élan. Là, je suis convaincu que le Parti de l'Istiqlal a toute l'immunité pour y parvenir.
* Quelles sont, à votre avis, les priorités des nouvelles instances dirigeantes ?
Maintenant, le parti se renouvelle avec un nouvel élan, il en est de même pour nos structures, y compris dans les régions. C'est une chance pour renforcer notre maillage territorial et entamer un véritable travail de proximité avec les citoyens. L'Istiqlal, tout le monde le sait, a toujours été une école de formation politique. Ce travail de formation doit nécessairement rester ancré sur le terrain au niveau des régions afin que nous puissions agrandir notre base militante.