La ministre de la Solidarité, de l'Insertion sociale et de la Famille, Aawatif Hayar, a dressé, lundi, l'état d'avancement des programmes visant à promouvoir les droits des personnes en situation de handicap, ainsi que les défis qui restent à relever pour réussir cette mission. C'est une priorité majeure des réformes structurelles entreprises par le gouvernement d'Aziz Akhannouch qui se voit assigné la mission de promouvoir les droits des personnes en situation de handicap et d'améliorer leurs conditions de vie, en vue de rattraper le retard enregistré dans ce sens. Une mission qui incombe à la ministre de la Solidarité, de l'Insertion sociale et de la Famille, Aawatif Hayar, qui s'efforce de réussir, en coordination avec les autres départements, les politiques publiques visant à consacrer les droits de cette frange sociale, à faciliter son intégration effective dans la société et à renforcer son autonomisation.
"Les programmes mis en place en faveur des personnes en situation de handicap ont permis de réaliser des sauts qualitatifs dans l'amélioration de leurs conditions de vie", s'est félicitée la ministre lors d'une conférence de presse tenue, lundi, à l'occasion de la Journée nationale des personnes en situation de handicap célébrée le 30 mars de chaque année.
Depuis la première année de son mandat, le gouvernement s'est mobilisé pour augmenter le budget de financement des projets destinés à cette catégorie de la société dans le cadre du Fonds d'Appui à la Protection Sociale et à la Cohésion Sociale. Ce budget, qui est passé de 250 millions à 500 millions de dirhams, a permis d'améliorer les services médicaux, paramédicaux et pédagogiques dispensés au profit des personnes en situation de handicap, d'une part, et d'élargir la liste des bénéficiaires, d'autre part.
Carte spéciale handicap pour bientôt
Attendue depuis 30 ans, la carte spéciale dédiée aux personnes en situation de handicap sera bientôt prête. Les personnes pourront en bénéficier après l'adoption du projet de décret portant octroi de cette carte, a affirmé la ministre, soulignant que l'identification se fera sur la base du système d'évaluation du handicap, le premier en Afrique à associer médical et social.
Hayar a noté, par ailleurs, que ladite carte servira de porte d'entrée vers le secteur privé et permettra aux personnes concernées de bénéficier des services de première nécessité.
En attendant que cette carte soit prête, la ministre a relevé que des efforts ont été consentis en coordination avec l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en vue d'élargir la liste de soins de base dédiés à cette catégorie sociale pour inclure notamment la rééducation des cordes vocales pour les personnes sourdes-muettes après implants cochléaires. Ces services seront couverts par l'Assurance Maladie Obligatoire, rassure-t-elle.
Pour réussir cette opération, le département de Hayar a mis en place 4000 guichets numériques dans les centres sociaux afin de faciliter l'inscription des bénéficiaires pour l'obtention de la carte spéciale handicap.
Education inclusive
D'autre part, le département de Hayar œuvre pour l'intégration des personnes en situation de handicap dans la vie active, en leur permettant de bénéficier d'une formation de qualité adaptée à leurs besoins. L'approche est simple mais couverte de défis : l'enfant bénéficie d'un accompagnement paramédical et scolaire continu au sein des centres inclusifs de qualification et d'appui à la scolarisation, avant qu'il soit transféré à l'école publique, où il évolue dans une classe ordinaire. Grâce à cette approche inclusive, "quelque 100.000 enfants ayant des besoins spécifiques sont, aujourd'hui, scolarisés dans l'école publique", a affirmé la ministre Aawatif Hayar qui ambitionne de lutter contre le décrochage scolaire parmi cette catégorie vulnérable.
Pour améliorer l'offre en éducation au profit de ces personnes, le ministère de la Solidarité et celui de l'Education nationale œuvrent pour la généralisation des classes ressources dans les établissements scolaires publics, et ce, dans le cadre du programme national de l'éducation inclusive. Ces classes sont destinées à préparer les enfants ayant des besoins spécifiques à la scolarisation, en leur permettant de bénéficier des services de base, notamment la rééducation de la voix et la rééducation comportementale... Deux services clés parmi d'autres qui s'imposent dans l'expérience de chaque enfant avant qu'il n'intègre les classes ordinaires.
Appui à la société civile
Partenaire central dans la mise en œuvre des politiques en matière de handicap, les associations œuvrant dans le domaine du handicap ont atteint 460 associations. Cela a permis d'augmenter le nombre de centres sociaux pour la prise en charge des personnes en situation de handicap. Par conséquent, le nombre de bénéficiaires du programme de qualification scolaire est passé de 16.000 personnes en 2021 à 26.000 en 2024.
Pour soutenir les efforts de ces associations et en vue de répondre efficacement aux besoins grandissants de la population concernée, le gouvernement a augmenté le montant de prise en charge des personnes en situation de handicap, passant de 700 dirhams à 1200 dirhams mensuellement, selon la ministre de la Solidarité.
Inclusion économique
Outre la scolarisation, l'employabilité des personnes en situation de handicap s'avère un défi de taille pour l'Exécutif qui multiplie les accords de partenariat avec le secteur privé en vue d'intégrer cette population dans la vie active. Après la signature d'une convention en 2023, les départements ministériels concernés et la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) se penchent sur l'élaboration du cadre contractuel pour la mise en œuvre des dispositions de ladite convention. "L'idée étant de promouvoir une politique des ressources humaines tournée vers les personnes ayant des besoins spécifiques, tout en mettant en place les aménagements nécessaires à leur accueil mais aussi à leur maintien", souligne Aawatif Hayar.
Outre cela, la ministre a affirmé que des enseignes commerciales promeuvent plus de 100 postes d'emploi pour cette catégorie de la population, avec plus de 30 personnes intégrées . A cela, s'ajoutent les centres d'appel qui affichent la bonne volonté de promouvoir des centaines de postes d'emploi au profit des personnes en situation de handicap. Ceci dans le but de favoriser une croissance économique inclusive et durable pour tous, d'assurer un emploi productif et décent et de réduire les inégalités.
Le ministère parie également sur le développement des activités génératrices de revenu au profit de cette catégorie. La ministre Hayar a indiqué que le nombre de projets est passé de 400 à 1.830, soutenu par un montant de 80 millions de dirhams.
Trois questions à Aawatif Hayar : « Un comité national s'active pour faciliter l'inscription des enfants en situation de handicap à l'école » * Malgré les efforts déployés par votre département, les familles soulèvent toujours des difficultés quant à la scolarisation de leurs enfants en situation de handicap, notamment les autistes. Comment se décline votre action dans ce sens ?
Les ministères de la Solidarité et de l'Education nationale se sont fixé l'objectif de relever le défi d'intégrer les enfants ayant des besoins spécifiques dans l'école publique, conformément au programme national de l'éducation inclusive. Actuellement, un comité national, constitué des membres des Académies régionales d'éducation et de formation et des Coordinations régionales de l'Entraide nationale, se penche de façon active sur le parcours de chaque enfant en situation de handicap en vue de faciliter son inscription à l'école.
En vérité, nous sommes conscients que cela n'est pas suffisant pour répondre aux besoins grandissants. Raison pour laquelle le département de la Solidarité cherche à outiller les associations pour prendre en charge les enfants en situation de handicap lourd, les accueillir, les orienter et les accompagner dans la perspective d'intégrer l'école.
* Le ministère de l'Education nationale affiche l'ambition de généraliser les classes ressources dans toutes les régions du Royaume. Où en est-on exactement dans ce chantier ?
En déployant des salles de ressources implantées dans les établissements scolaires inclusifs, nous cherchons à faciliter l'intégration de cette catégorie dans l'environnement de l'école. Aujourd'hui, ce chantier avance à grands pas, permettant de rapprocher les services paramédicaux des familles.
Nous avons également mis en place une formation au profit du personnel de l'Education nationale pour coordonner la gestion de ces classes ressources avec les spécialistes exerçant avec les associations.
* Comment envisagez-vous accompagner les associations œuvrant dans le domaine du handicap pour réussir leur pleine implication dans les chantiers en cours ?
Il faut savoir que le ministère œuvre pour la promotion de la formation des experts et des travailleurs sociaux, compte tenu de leur rôle majeur dans les associations. Nous travaillons, dans le même sens, pour professionnaliser l'activité des travailleurs sociaux en leur octroyant des opportunités de formation en vue d'accréditer leur expérience. L'idée étant de les préparer pour appuyer les actions de la société civile.
Parallèlement, le ministère est mobilisé pour labelliser les associations actives dans ce sens en vue d'améliorer la qualité des services offerts et garantir l'adoption par ces associations d'une approche commune de travail.
Intégration socio-professionnelle : Vers la consolidation du rôle de la famille Abordant les programmes nationaux et les politiques publiques en la matière, la ministre Aawati fHayar a souligné que son Département œuvre à prêter main forte aux personnes en situation de handicap et à leur permettre de participer efficacement à tous les domaines de la vie, l'ambition étant de leur garantir les droits et les conditions d'une vie digne, mais aussi leur offrir les opportunités nécessaires à leur pleine intégration.
« Dans ces politiques, l'accent est particulièrement mis sur le renforcement de la protection sociale, la consolidation du rôle de la famille, la formation et la réadaptation professionnelles, sans oublier l'intégration scolaire », a-t-elle poursuivi.
Ces programmes s'inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre de la Loi-cadre n° 97.13 relative à la protection et à la promotion des droits des personnes en situation de handicap, ainsi que la mise en œuvre des engagements du programme gouvernemental 2021-2026 afin de consolider les piliers sociaux de l'Etat. Ils comportent, d'après la ministre, des services paramédicaux de santé et de réadaptation, le suivi psychologique, de même qu'ils visent l'amélioration de la formation des travailleurs sociaux et le ciblage via la carte d'invalidité. Accès aux services : Le grand dilemme... Pour la ministre de la Solidarité, de l'Insertion sociale et de la Famille, Aawatif Hayar, les programmes nationaux destinés à promouvoir les droits des personnes en situation de handicap sont confrontés à plusieurs défis, liés notamment à la communication autour des services mis en place au profit de cette population. "Les familles ayant des enfants en situation de handicap peinent toujours à accéder à certains services de base proposés par les partenaires sociaux, étant donné qu'elles ignorent totalement leur existence", a signalé la ministre, ajoutant que son département renforce la communication dans ce sens, notamment par le biais des associations et des médias. L'idée étant de permettre aux personnes en situation de handicap, de façon précoce, d'accéder aux services de base pour optimiser le temps de traitement.
La ministre a fait entendre, dans ce sens, que son département s'appuie sur le chantier de la généralisation de la Protection sociale pour garantir l'accès des familles au panier de services médicaux, paramédicaux et sociaux, selon les besoins spécifiques de chaque personne.
Pour ce qui est du recensement de la population ayant des besoins spécifiques, le département de Hayar mise sur les outils de mentoring déployés dans le cadre de la protection sociale, notamment le Registre Social Unifié (RSU) et le Registre National de la Population (RNP) et encore sur la carte spéciale du handicap précisant les spécificités de chaque maladie et les services nécessaires à promouvoir pour la population concernée. "Ces outils clés permettent de réactualiser les données en matière de handicap au Maroc pour une meilleure généralisation des services offerts à cette frange sociale", ajoute la ministre.