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Culture et consommation ramadanesques : Comment la menthe est devenue l'une des plantes les plus populaires au Maroc ? [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 18 - 03 - 2024

Originaire des régions tempérées et subtropicales, la menthe s'est enracinée au Maroc pour se fondre dans son identité comme dans les millions de verres de thé qu'elle y parfume chaque jour.
C'est une plante qui nous accompagne depuis la nuit des temps. Elle orne nos théières et parfume les successions de verres dorés que les Marocains enchaînent à volonté, et en toute occasion. Si notre pays est connu pour l'importance du thé sur ses tables et dans ses cérémonies, le mélange thé-menthe s'est naturellement fait à l'époque des premières introductions de thé vert venu de Chine et du lointain Orient. Nos ancêtres avaient alors spontanément allié au nouveau breuvage la menthe qu'ils consommaient déjà en infusion. Depuis, alors que le thé vert a toujours dû être importé, la culture de la menthe n'a pas cessé de se développer et de prendre de l'ampleur. Les botanistes s'accordent à dire que les espèces de menthe « sont originaires des régions tempérées et subtropicales » sans pour autant mettre le doigt sur un seul berceau originel de cette plante aromatique et médicinale. Sous nos cieux, sa culture ancestrale a toutefois permis à une multitude de variétés distinctes de naître et de prospérer.

Des menthes et des saveurs

Quelque part dans les méandres de la médina de Rabat, un bonhomme d'âge respectable occupe l'angle d'une ruelle, derrière un étalage luxuriant de menthes parfumées. « C'est un des marchands les plus connus de la zone lorsqu'il s'agit de trouver une menthe bien fraîche. On peut trouver chez lui plusieurs mélanges et variétés de plantes provenant de diverses régions du pays », affirme une des clientes qui attendent d'être servie par le sexagénaire. «Abdi», «Ziani», «Meknassi», «Lbrouj», «Doukkali», «Tamaris», «Tiznit»... Les variétés de menthe produites au Maroc sont diverses et plusieurs d'entre elles sont étalées dans l'achalandage rustique du marchand en blouse bleue. « En hivers, à cause de l'habituelle baisse de disponibilité de la menthe, beaucoup se tournent vers l'absinthe (Chiba en Darija, NDLR). Les goûts ne se discutent pas, mais pour ma part, je préfère la menthe et je fais l'effort qu'il faut pour en trouver même quand l'absinthe est de mise », confie notre interlocutrice avec le sourire.

Des menthes et des couleurs
Au cœur des Lyalis (40 nuits les plus froides de l'année, NDLR), l'étalage qui s'offre à notre regard ne reflète pourtant aucune espèce de pénurie de menthe. Les couleurs des variétés oscillent dans le spectre colorimétrique du vert. Les odeurs, textures et saveurs qu'elles produisent semblent tout aussi nuancées. « Etant originaire du Nord du Maroc, la menthe revêt une importance particulière pour moi, puisque nous avons pour habitude dans notre région d'en mettre directement dans les verres. Parfois, je préfère même boire une infusion de menthe sans ajouter de thé vert », nous confie un autre client qui patiente dans la queue, ajoutant qu'il peut s'accommoder en temps normal de la menthe disponible dans les commerces de proximité, mais que durant le Ramadan, il préfère se déplacer régulièrement à la médina pour s'approvisionner en menthe de haute qualité. « C'est normal, car ce qui est aussi sacré que le Ramadan, c'est bien le verre de thé que l'on prend à la fin du Ftour », fait remarquer le jeune homme.

Prix à la hausse

Après avoir fini de servir ses clients, nous avons enfin toute l'attention du vénérable marchand. « Je vends de la menthe depuis plus de 30 ans et j'ai des clients qui viennent de toute la région parce qu'ils sont certains d'avoir un produit de qualité », tient d'emblée à préciser notre interlocuteur qui évoque tout de même des « temps difficiles ». « Ce n'est pas toujours facile », lance-t-il après un soupir las. « Les prix augmentent, surtout ceux des menthes de qualité que je sélectionne avec soin. Les frais de transport ont également augmenté. Or, mes clients sont habitués à venir chez moi parce qu'ils sont certains de trouver des produits d'excellente qualité gustative et sanitaire, mais ils viennent aussi parce qu'ils sont aussi habitués à des bouquets généreux pour des prix très raisonnables », déplore le sexagénaire qui n'arrive manifestement plus à maintenir l'équation sans rogner sa marge de bénéfice. Il trouvera certainement une solution pour peu qu'il y réfléchisse en prenant un bon thé à la menthe.

3 questions à Driss Terrab, vice-président de la FICOPAM « La contamination par pesticides qui rend la menthe impropre à la consommation est un phénomène qui est surtout encore d'actualité »
* Faut-il classer la menthe avec des plantes comme le café et le thé ou plutôt avec celles qui sont désignées comme aromatiques et médicinales ?
- Je pense que la menthe est surtout à classer parmi les plantes aromatiques et médicinales parce qu'elle répond aux caractéristiques de cette famille. La menthe est aromatique dans le sens où son utilisation se fait principalement pour son arôme qu'on peut déguster dans une infusion ou encore retrouver dans des huiles essentielles. La menthe est également une plante médicinale, puisque ses effets positifs sur la santé humaine sont également de notoriété publique.

* Encore faut-il que cette menthe ait été cultivée dans des conditions qui garantissent qu'elle n'est pas polluée et donc nocive...
- Vous mettez le doigt sur une problématique majeure de la culture de la menthe au Maroc et je parle ici en ma qualité d'exportateur de la menthe. La contamination par pesticides qui rend la menthe impropre à la consommation est un phénomène qui ne date pas d'hier, mais qui est surtout encore d'actualité. Pour remédier à ce problème vis-à-vis de nos clients, notre société a dû durant ces deux dernières années tripler son budget dédié à l'analyse de laboratoire. C'est malheureusement un vrai fléau qui touche aussi bien la santé des consommateurs que l'image du Royaume.

* Les autorités chargées de contrer ce genre de phénomènes sont-elles suffisamment engagées ?
- Je peux vous assurer en toute impartialité que nous avons remarqué les efforts importants de l'ONSSA pour lutter contre ce genre de danger. Cela dit, au vu de l'étendue de la zone de présence de la culture de la menthe, il est difficile avec les moyens actuels de couvrir tout le territoire. Je pense qu'on gagnerait à allouer plus de moyens pour la sécurité sanitaire relative à la culture de la menthe, surtout que cette plante est aussi consommée que fondamentale dans les habitudes culinaires des Marocains.
Marché : Potentiel d'export perfectible et production en dents de scie
Bien que le Maroc soit l'un des principaux producteurs mondiaux de menthe, cette culture peut être considérée comme une filière de niche dans le secteur maraîcher où elle représente près de 1% (en volume de production). La production nationale de menthe est assez variable d'année en année : alors que le Royaume a pu comptabiliser quelque 98.704 tonnes en 2018, la production totale n'est pas arrivée à franchir la barre des 30.000 tonnes durant la saison 2021. Cette culture est localisée dans les ceintures vertes des villes qui donnent aux cultivars leur nom vernaculaire : menthe de Tiznit, menthe de Meknès, menthe de Lbrouj, etc.
La superficie totale de la culture a quasiment doublé ces deux dernières décennies, passant de 2000 ha en 1998 à plus de 4500 hectares, sachant que la culture en question est pratiquée sur de petites parcelles presque au niveau de toutes les exploitations agricoles (pour l'autoconsommation). Le ministère de l'Agriculture envisage d'atteindre 20% d'export pour un taux actuel qui est moins de 10% de la production totale.
Production : La culture de la menthe entre irrigué productif et bour saisonnier
Au Maroc, la culture des diverses variétés de menthe se fait aussi bien en « bour » qu'en irrigué. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, c'est la menthe cultivée en bour qui gagne plus les faveurs des consommateurs en raison de son arôme fort et distinctif. Le seul aspect qui pourrait dissuader un producteur d'investir dans la culture de la menthe bour est le caractère saisonnier de la production et le rendement plutôt faible à l'hectare comparativement avec l'irrigué.
L'investissement dans les équipements d'irrigation localisée (goutte-à-goutte) n'est pas excessivement contraignant dans la culture de la menthe en raison des petites superficies qui sont généralement utilisées (exploitations de moins d'un hectare). De plus, la mécanisation de cette culture se limite au travail du sol et à l'ensemencement. Du fait du recours au travail manuel pour le reste des opérations (surtout durant les phases de plantation, de désherbage et de récolte) une part significative des coûts globaux de production est accaparée par la rémunération de la main d'œuvre.
Au Maroc, la culture de la menthe permet plusieurs coupes par an, avec des récoltes variant entre 4 et 6 tonnes par coupe, pouvant atteindre plus de 22 tonnes par an par hectare, et même jusqu'à 40 tonnes selon les variétés et les conditions de culture. Selon les experts, les récoltes des diverses variétés de menthe peuvent sous nos cieux générer d'importants revenus pouvant atteindre jusqu'à 100.000 dirhams par hectare de culture.


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