Alger ne saurait rester insensible au réchauffement des relations entre le Maroc et la France. Surtout, à un moment où Paris semble avoir tourné le dos à son ancienne colonie. La réaction d'Alger à la visite du ministre français des Affaires étrangères n'a pas tardé à venir. Le hasard aurait voulu que la 11ème session des consultations politiques algéro-françaises des secrétariats généraux des ministères des Affaires étrangères des deux pays, sous la coprésidence de Monsieur Lounès MAGRAMANE, Secrétaire Général du Ministère des Affaires Etrangères et de la Communauté Nationale à l'Etranger, et de Madame Anne-Marie DESCOTES, Secrétaire Générale du Ministère de l'Europe et des Affaires Etrangères de la République Française, se tienne le mardi 27 février. Soit, au lendemain de la visite de Stéphane Séjourné, le chef de la diplomatie française, au Maroc où ses déclarations ont fortement résonné dans les oreilles algériennes. C'était l'occasion idoine pour voir la partie algérienne réagir au rapprochement franco-marocain. Un rapprochement pas du goût du régime algérien. Au-delà de l'appui au plan d'autonomie au Sahara, exprimé depuis 2007, réitéré de « manière claire et constante », il y a du nouveau qui ferait, certainement, tiquer Alger. C'est « la disponibilité de la France à accompagner le Maroc dans le développement du Sahara » annoncé par le ministre français qui « veillera, personnellement », sur ce nouvel engagement. Comme première réaction, bien qu'elle soit assez timide, Alger a proposé d'inscrire au menu de la 11ème session des consultations politiques algéro-françaises, « la question du Sahara Occidental » en plus de « la situation au Sahel, au Mali et au Proche-Orient, principalement, la situation en Palestine et la crise humanitaire à Gaza », selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères. Que signifie une discussion sur une affaire dont les positions de chacune des deux parties sont définitivement tranchées. Du côté algérien, on tient mordicus au sacro-saint principe suranné de l'autodétermination et l'organisation d'un référendum, alors que la quasi-totalité des 74.000 personnes concernées par ce référendum ne sont plus de ce monde ou sont devenues des citoyens marocains et d'autres espagnols. Par conséquent, l'Algérie est appelée à présenter des propositions plus réalistes si elle tient à contester la souveraineté marocaine sur ce territoire. Quand bien même Alger se dit, nullement intéressée par ce territoire ni faisant partie du conflit opposant le royaume chérifien à un Polisario moribond qui perd de plus en plus de terrain. Du côté français, comme souligné plus haut, on a franchi un nouveau pas dans le soutien des thèses marocaines en s'engageant à « accompagner le Maroc dans son entreprise de développement du Sahara ». Et ce n'est pas au cours d'une réunion de consultations politiques qu'on compte parvenir à faire changer d'avis un Etat dans la constance des positions ne date pas d'hier. Tout ce qu'on pourrait dire de cette discussion autour du « Sahara Occidental » qu'il s'agit tout simplement d'une réaction algérienne qui tend savoir un peu plus sur le nouvel investissement français dans les relations avec le Maroc. Alger a bien senti que Paris lui a bel et bien tourné le dos et qu'il lui serait difficile de retrouver cette indulgence française manifestée par Emmanuel Macron durant les trois premières années du mandat du président Tebboune. Ce dernier, qui espérait renverser la vapeur à la faveur d'une visite d'Etat à Paris, a fini par comprendre qu'il n'a plus aucune chance d'effecteur cette visite initialement prévue le 2 mai de l'année dernière et annulée en dernière minute.