La visite entamée aujourd'hui à Rabat par le chef de la diplomatie algérienne suscite plusieurs interrogations, quant à son objectif. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, entame aujourd'hui une visite de deux jours au Maroc à l'invitation de son homologue, Mohamed Benaïssa. Une visite qui entre dans le cadre du "renforcement des relations bilatérales et de la concertation politique entre les deux pays", affirme un communiqué du ministère algérien des affaires étrangères. Ayant lieu dans une conjoncture politique régionale et internationale très particulière, le déplacement de Belkhadem à Rabat suscite plusieurs interrogations, quant à ses objectifs. Surtout que les communiqués des deux parties annonçant la tenue de la rencontre entre les deux chefs de la diplomatie ne donnaient aucune précision sur l'agenda de la visite. L'agence de presse algérienne avait annoncé, le 2 février, que les entretiens entre les deux ministres porteraient sur les questions internationales d'intérêt commun, en particulier les développements de la situation au Proche-Orient aussi bien en Palestine occupée qu'en Irak et leurs répercussions sur la stabilité et la sécurité régionale et internationale. Outre cet aspect international, certains observateurs affirment que la rencontre entre Benaïssa et Belkhadem serait plutôt une préparation au réchauffement des relations entre les deux pays qui sont arrivées à une véritable situation de blocage qui risque de freiner certains efforts internationaux d'instaurer un climat de paix et de sécurité dans la région occidentale de la Méditerranée. C'est dans ce cadre qu'entrent certaines informations faisant état d'une éventuelle médiation française au sommet visant de rapprocher les points de vue entre Rabat et Alger. Une éventuelle médiation du président français, Jacques Chirac, aurait pour objectif de préparer un sommet tripartite franco-algéro-marocain. Certains organes de presse internationaux sont allés jusqu'à avancer une date à cette éventuelle rencontre. Elle aurait lieu, affirment-ils, en marge du sommet France-Afrique qui se déroulera les 20 et 21 février à Paris. L'affaire du Sahara étant le principal sujet de discorde entre les deux capitales, certains milieux politiques en Algérie anticipent déjà sur les résultats d'une telle rencontre en accusant le président algérien de vouloir "céder dans l'affaire du Sahara". Ainsi, le quotidien algérien Le Matin, par exemple, a parlé de "l'intention du président Bouteflika de brader le Sahara occidental en échange de soutiens internationaux". D'après ce journal, la question serait inscrite dans l'ordre du jour des discussions qui ont eu lieu, hier à Paris, entre le président Bouteflika et Jacques Chirac. Par ailleurs, et profitant de la visite du ministre algérien à Rabat, la société civile marocaine a entamé un ensemble d'actions visant à transmettre au pouvoir algérien la protestation du peuple marocain contre l'hostilité algérienne à l'égard le Maroc. Ainsi, l'association "Le Sahara marocain", s'intéressant au problème des citoyens marocains détenus par le Polisario sur le sol algérien, a envoyé au président algérien 1260 lettres lui demandant de mettre fin à leur souffrance. Un chiffre significatif puisqu'il représente le nombre des Marocains détenus, dans des conditions inhumaines, depuis plus d'un quart de siècle en Algérie. "Au nom de toutes les familles des prisonniers, et pour des raisons purement humanitaires, nous vous prions d'œuvrer à la libération de tous les prisonniers marocains…et nous vous demandons d'œuvrer sereinement au rapprochement de l'Algérie avec le Maroc", dit la lettre de l'association.