Autrefois méprisés, les vêtements de seconde main sont aujourd'hui une nouvelle mode si ce n'est pas LA grande mode, chicissime et stylée à souhait. Exit, donc les idées reçues sur la propreté de ces habits et place aux bonnes affaires et aux belles trouvailles ! Le secteur de seconde main se porte comme un charme. Le marché n'est plus la destination " misérabiliste " des petites gens. Il est, bien au contraire, en train de s'étendre à toutes les classes de la société. Côté goûts, aussi, il y en a pour tout le monde. Mais on y va, tout de même, au gré de sa bourse. Dans la majorité des villes marocaines, le marché de l'occasion a gagné du terrain à des prix riquiquis, parfois arrondis mais pas pour autant excessifs. À titre d'exemple, dans les marchés aux puces du quartier Hay Hassani de Casablanca, ou celui sis au centre-ville de Kénitra, la mise en vente de vêtements de seconde main n'a pas fléchi malgré l'inflation. De ce fait, chaque jour que Dieu fait, a fortiori le week-end, ces échoppes sont très achalandées, accueillant toutes les classes sociales qui y dénichent, à cœur joie, les grandes griffes du prêt-à-porter et ce, à des prix cassés. Ainsi, les visiteurs fouillent et farfouillent dans montagnes gigantesques de vêtements et de chaussures. Ces adeptes de l'achat radin-mâlin sortent, le plus souvent, le sourire au coin des lèvres. Un marché de plus en plus prisé "Pour fabriquer ce t-shirt bleu ciel, il a fallu des litres et des litres d'eau. La personne qui l'a fabriqué, elle, souvent en âge d'être scolarisée, a touché une somme ridicule à la fin du mois. Nous pensons d'abord à nos économies mais nous ne devons pas non plus encourager une industrie aussi polluante et aussi je m'en-foutiste que celle de la mode", témoigne Sarah, une habituée des marchés et des boutiques de seconde main. "Parmi ma clientèle, j'ai des professeurs universitaires, des femmes d'affaires, des juges, des avocates, mais aussi des touristes européennes et américaines", témoigne Salma, propriétaire d'une boutique de revente d'articles de marque à Casablanca.
Le prix est, selon Brahim, fripier, le principal élément de choix des clients qui, bien qu'ayant les moyens d'acheter des articles neufs dans les magasins, ne manquent pas de fréquenter les friperies dans l'espoir d'y trouver des accessoires attrayants tels que des manteaux, vestes d'hiver, sacs, des ceintures ou des écharpes. "Ce mois-ci, avec la modique somme de 500 dirhams, j'ai pu renouveler ma garde-robe pour cet hiver. J'ai acheté deux manteaux, quatre pulls en laine, deux pantalons, deux grandes écharpes douillettes, une paire de chaussures et une paire de bottes", se réjouit Sarah, avant de prendre un ton un brin frondeur : "Les manteaux de qualité sont devenus de plus en plus chers ces dernières années. Je préfère en acheter deux d'occasion à 50 dirhams l'unité plutôt que d'investir 400 dirhams dans une chinoiserie de pacotille". Le luxe encore et toujours La fast fashion vit-elle ses ultimes années ? Certainement pas. Mais sur la frange, une tendance plus évoluée fait ses débuts en toute sérénité. Le principe ? Miser sur des pièces intemporelles, de qualité, haut de gamme et disponibles en toute simplicité. À l'étranger, les dépôts-ventes sont devenus monnaie courante, tout comme les sites de revente de sacs et de chaussures de hautes griffes. Au Maroc, les adresses où l'on peut dénicher du Dior, du Prada, du Chanel à partir de 2000 dirhams sont sises aux quartiers Guéliz de Marrakech, Bourgogne et Californie de Casablanca ou Hay Riad de Rabat. Ici, l'achat d'une pièce de luxe est un privilège que l'on ne peut pas toujours se permettre. Entre le prix, la pièce manquée de la saison écoulée et notre dressing bien fourni mais pas forcément réjouissant, les fashionistas ne savent pas toujours où donner de la tête. Pourtant, la solution est entre nos mains : la mode accessible à tous, celle que l'on trouve en quelques clics sur le web en fonction de nos fourchettes budgétaires et de nos envies. De même, peu d'entrepôts de luxe offrent une panoplie complète de pièces de luxe susceptibles de ravir tous les goûts. En revanche, certaines boutiques se distinguent en proposant des produits rares, vintage ou flambants-neufs, issus des plus grandes enseignes de luxe. On y trouve des talons aiguilles YSL, des sacs matelassés intemporels de Chanel et bien d'autres pépites encore. H. B.