● Destiné autrefois aux petites bourses, le marché de la friperie, Souk El Hamra, est aussi prisé par une clientèle plus ou moins huppée. ● Une petite virée dans ce marché du dimanche où l'on vient de loin pour dégoter la bonne affaire.
Au Souk El Hamra, on trouve aussi bien de l'occasion que du neuf. Implanté, en ce moment, non loin de la gare ferroviaire de la ville d'El Jadida, le marché aux puces, nommé «Souk El Hamra», est devenu, au fil du temps, le lieu incontournable où se réalisent les bonnes affaires pour toutes les catégories sociales. On y trouve de tout : de la vieille marmite usagée au robot de cuisine dernier cri, en passant par les vêtements d'occasion. Car dès 7 heures du matin, les commerçants sont au rendez-vous, étalant vêtements, chaussures, ceintures et sacs neufs ou d'occasion. On trouve autant des vêtements déjà portés que des lots neufs en provenance des grands magasins.
Le Jdidi n'a plus besoin de se déplacer en Europe pour s'offrir des habits signés. Au souk, il peut trouver du H&M, du Celio, du Zara, du Massimo Dutti, etc. Et ce sont ces vêtements signés qui ont le plus de succès. Mais pour dénicher la bonne occasion, il faut souvent chercher longtemps. Et les clients sont capables de fouiller pendant des heures pour trouver la perle rare. Ils ont bien souvent raison, car les articles y sont jusqu'à dix fois moins chers qu'en boutique. Des vestes en cuir véritable, des blousons en daim, des manteaux en fourrure, des capes en cachemire ainsi que des tops (pulls) et des pantalons sont proposés à des prix défiant toute concurrence, allant de 5 à 200 DH.
«Je viens de dégoter un pull de marque entre 30 et 50 DH, alors qu'ailleurs, je l'ai vu à 500 DH», s'exclame Fatima, une cliente assidue du souk. Pour Majda, le discours est plus nuancé : «Il faut chercher pour trouver de belles choses à des prix abordables. Parfois, je découvre rapidement un article à la mode. Mais, parfois, je passe des heures sans rien dénicher d'intéressant. Une grande partie de ma garde-robe est formée de vêtements d'occasion. Il suffit de laver la pièce achetée et de la repasser pour avoir une nouvelle tenue dans la garde-robe».
Souk El Hamra grouille toujours de monde le dimanche matin, mais surtout à l'approche de l'Aïd ou de la rentrée des classes. «Chaque dimanche, je rencontre toutes les catégories sociales qui viennent fouiller dans mes étalages. Même pendant les périodes des fêtes, les Jdidis n'hésitent pas à s'habiller et à habiller leurs petits en vêtements d'occasion. Pour ce qui est du rapport qualité-prix, les gens choisissent d'acheter ici plutôt que dans des boutiques de prêt-à-porter», souligne un marchand de fripes. Il ajoute : «Certains sont des clients fidèles depuis tellement d'années que je connais bien leurs goûts».
En effet, Souk El Hamra a ses clients habituels qui viennent d'Azemmour, de Sidi Bouzid, de Moulay Abdellah et des communes avoisinantes pour faire leurs achats tout au long de l'année, même lors de certaines occasions, telles que l'Aïd ou encore la rentrée scolaire. Les étrangers sont également très portés sur les fripes. «Ils sont nombreux à venir en quête de bonnes affaires». Un marchand affirme même qu'il sélectionne ses clients. «Mes meilleurs clients, particulièrement la gent féminine, connaissent les dates de l'arrivage des stocks», dit-il. «Je les contacte directement la veille par téléphone pour leur permettre de choisir aisément chez moi. Cela me permet aussi de les fidéliser».
Les prix sont aussi, pour les meilleures marchandises, à la tête du client. Mais tout dépend de la marchandise du jour et de l'heure à laquelle l'on se rend au souk. Il n'est pas rare toutefois d'assister à des altercations entre clients, pour la plupart des femmes. Comme tous les articles ou presque sont uniques, il arrive que deux clientes aient des vues sur la même pièce, ce qui crée des tensions. C'est le prix à payer pour les bonnes affaires. Les dangers des friperies Le commerce de la friperie n'est pas vraiment encadré et particulièrement sur le plan des risques sanitaires éventuels, car il s'agit de vieux vêtements dont les propriétaires se sont séparés pour des raisons indéterminées. Ainsi, les questions qui se posent, c'est si les produits exposés en friperie subissent un contrôle sanitaire avant leur circulation sur le marché local ou s'il y a un danger à s'habiller des fripes importées. Selon un médecin de la place, les ballots contenant la friperie importée sont souvent pleins de poux et d'autres insectes nuisibles à la santé et risquent de provoquer des irritations en tous genres, des dermatoses, l'eczéma ou la gale. «Les autorités doivent se préoccuper avant tout de la santé de leur population», déclare ce médecin.