Une commission parlementaire a mené une enquête approfondie dans neuf cités universitaires marocaines, mettant au jour des failles inquiétantes qui impactent gravement la vie quotidienne des étudiants. Les résultats de cette enquête, analysés par la Commission parlementaire, dévoilent un tableau préoccupant de l'état actuel des infrastructures et des services offerts dans ces cités. Les premiers chapitres du rapport mettent en lumière des lacunes criantes au niveau des infrastructures et des services essentiels. Bibliothèques, toilettes, salles de sport, centres de santé et infrastructures technologiques font cruellement défaut, compromettant sérieusement le cadre de vie estudiantine. Le rapport pointe du doigt la surpopulation persistante dans plusieurs résidences, des espaces restreints et un manque flagrant d'intimité pour les étudiants. "La plupart des campus souffrent de surpopulation en raison de l'augmentation du nombre d'étudiants résidents", alerte le document, soulignant les conséquences délétères de cette situation. La bête noire des cités universitaires Sur le volet de la restauration et du point de vue de ladite commission, les menus, même pas affichés dans les cantines universitaires, n'ont pas du tout l'air alléchant. Menus préparés dans des cuisines sans surveillance sanitaire, petites portions alimentaires servies, manque de cuisson... L'absence de goût des repas servis dans cantines universitaires aurait une raison. "Une telle problématique est sujette à de nombreuses observations qui nécessitent un contrôle accru et un suivi rigoureux", relève la Commission. Elle souligne également que les étudiants reçoivent moins de 60 grammes de viande, avec une qualité des plats déclinante au fil des semaines, faute de contrôle régulier. Certains étudiants rapportent même devoir recuire la viande pour en améliorer la qualité en y ajoutant de l'huile, des épices et des légumes frais. Aussi, "la majorité des denrées utilisées par les cantines proviennent de villes lointaines et ne respectent pas les normes de conservation tout au long de leur trajet, ce qui réduit la qualité et la fraîcheur des produits utilisés". La situation est encore pire, plusieurs étudiants se sont plaints d'être très fatigués, voire ils s'endorment durant les cours après la consommation des repas, attribuant ces symptômes à "l'utilisation excessive des bicarbonates de soude dans la préparation des mets". Plus choquant encore, un bon nombre d'étudiantes et d'étudiants ont affirmé que "le repas qui leur a été servi le jour de la visite de la commission était de meilleure qualité que ce qui leur avait été proposé précédemment avant la visite".
Des files d'attente interminables A cette réalité peu appétissante, s'ajoutent l'absence du dîner le samedi et la fermeture de la cantine le dimanche. "Les files d'attente excessivement longues rendent l'accès aux repas un processus laborieux, nécessitant jusqu'à une demi-heure d'attente", poursuit la source. D'autres dysfonctionnements commencent à se faire sentir : manque de sécurité au sein des cités, faiblesse de structures de surveillance, ce qui résulte en des cas de vol et d'harcèlement. Des obstacles de taille restent encore à franchir en termes de financement, d'équipement et de communication, plusieurs responsables reconnaissent que la généralisation des cantines universitaires est une exigence difficile à satisfaire au vu de la "capacité très limitée des restaurants".
Ce qu'il faut !
La Commission recommande une réforme urgente et globale des cités universitaires, à travers l'accélération du chantier relatif à la construction d'une nouvelle génération de cités universitaires. A cet égard, il est important de rappeler que le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l'Innovation, Abdellatif Miraoui, a annoncé des projets d'extension de plusieurs cités universitaires, notamment à Nador (820 lits) et au premier complexe universitaire Souissi (1200 lits). Il a également annoncé l'ouverture de 11 résidences étudiantes en partenariat avec le secteur privé, à Fès (1600 lits), Mohammedia (1400 lits), Al Hoceima (1400 lits) et Agadir (574). Sur le volet de restauration, le responsable a promis une augmentation du nombre de repas à environ 15 millions pour l'année en cours, soit une hausse de 16% par rapport à l'année précédente. Dans l'une de ses recommandations clés, la Commission a préconisé la révision de la loi 81-00 relative à l'Office National des Œuvres Universitaires, Sociales et Culturelles, en se basant sur les nouveautés apportées par la loi-cadre 51-17 relative au système d'éducation, de formation et de recherche scientifique. Ainsi, la Commission appelle à la réhabilitation urgente et nécessaire des infrastructures, voire la construction d'infrastructures modernes mais surtout durables. Pour y parvenir, "il importe d'augmenter les fonds nécessaires à ces travaux", relève la source. Les membres de la Commission suggèrent d'encourager ainsi le partenariat avec le privé, en offrant des conditions avantageuses pour les investisseurs. Parmi les recommandations formulées figurent aussi l'accessibilité des cités aux personnes en situation de handicap, l'installation des ascenseurs ainsi que l'inclusion des représentants des étudiants dans la gestion des services universitaires, des activités sportives et culturelles.