Le foot, c'est juteux. Le foot fait vendre. Même à plat, le foot national attire toutes sortes de plumes et de sauveurs. Et en ces temps de Mondial 2010 et de tensions entre pays arabes et de main mal placée, il est utile de faire le point. D'abord, ce qui se passe chez nous au Maroc et qui nous intéresse en ce matin, c'est ce qui va avoir lieu tout à l'heure à Skhirat au Palais des Congrès, où la FRMF réunit tous les présidents de clubs pour leur présenter son programme d'action. Tous les aspects vont être exposés et discutés : championnat, sponsoring, droits T.V., direction technique, programmation. Des reports dûs au calendrier chargé du président Ali Fassi Fihri ont reporté cette rencontre qui était programmée bien avant que n'éclate «l'affaire Wydad-2M », c'est-à-dire il y a 3 semaines. Il se trouve qu'elle aura lieu aujourd'hui, une semaine après Maroc-Cameroun. C'est aussi bien… et ne dit-on pas que mieux vaut tard que jamais ? Même si ce retard aura permis au sémillant Moncef Belkhayat, ministre de la J. et S., de se présenter le week-end dernier dans un quotidien économique casablancais comme le promoteur d'une réforme sur laquelle cogitaient les membres du B.F. depuis plus de 2 mois… Il est vrai que dans le foot, personne n'aime être hors jeu. L'Algérie maintenant. La qualification à la Coupe du Monde aura fait couler beaucoup d'encre et elle a été saluée ici. Comme ailleurs, de la façon que mérite cet exploit. Cependant, des excès de part et d'autre obligent à mettre les choses dans leur cadre réel. Précisons d'abord que face à l'Egypte, l'Algérie a surtout gagné la bataille de la communication. Les images du bus caillassé au Caire et des joueurs la tête ensanglantée, ont fait le tour du monde, ont choqué et ont placé le rival égyptien parmi les « mauvais » sportifs, incapables de bien accueillir et de protéger leurs hôtes. Ces images ont été prises par un journaliste de Canal Plus qui accompagnait les Algériens en Egypte. Et le pays des Pharaons ne s'est jamais relevé des dégâts causés par ce reportage. Même sa victoire au Caire (2-0) qui ne souffre d'aucune contestation, même ce que les supporters égyptiens ont subi au Soudan au match-retour (parce que vous pouvez être sûrs que leurs homologues algériens sont allés au stade d'El Merriekh pour « venger leurs joueurs ») et que les médias du Caire dénoncent dans l'indifférence générale, ne sont pas parvenus à effacer la première et désastreuse impression. Et c'était tout « bénef » pour l'Algérie. D'autant plus qu'au Soudan, les journalistes occidentaux étaient beaucoup plus occupés à dénoncer autre chose qu'à s'attarder sur les accrochages entre supporters. Pour l'exemple, citons cette phrase d'un article de l'envoyé spécial de l'Equipe : « Tout a commencé dans un délire de brutalité que seuls les régimes militairo-islamistes sont capables de délivrer à leurs rares visiteurs ». L'article se termine ainsi : « Ce n'est que longtemps après la fin du match que Khartoum a retrouvé un semblant de dignité. Enfin ! ». On comprendra que les journalistes de l'Hexagone nourris de clichés sur l'Islam et anti-arabes se sont rapprochés de la délégation égyptienne plus « rassurante » car composée de dirigeants francophones et de joueurs pros venus de France. Donc les excès subis par les Egyptiens n'ont trouvé aucun écho. Et voilà comment l'Histoire se fait. Tant pis pour les injustices, personne n'a le temps ni l'envie d'aller voir plus loin que le bruit ambiant. Et voilà comment l'Histoire se fait. Tant pis pour les injustices, personne n'a le temps ni l'envie d'aller voir plus loin que le bruit ambiant. Au tour du Maroc et de la réaction du public à la qualification algérienne. L'inénarrable J.P Tuquoi, politologue au journal « Le Monde », entre lui aussi en scène et écrit (« Le Monde »-vendredi 20 novembre 2009 .....): « La finale de la Coupe du Trône entre le club des Forces Armées Royales et le FUS a été moins suivie que le match Algérie-Egypte qui (passait sur les chaînes satellitaires). Car s'agissent du football les Marocains ont toujours été pro-algériens» Oh là, pas si vite Jean Pierre. Cela n'est peut être vrai que lorsque les Marocains ne sont pas opposés aux Algériens. Le journaliste de « Le Monde » a-t-il vu les Marocains sortir spontanément en 2004 dans les villes de tout le Royaume lorsqu'en CAN 2004, les « Lions de l'Atlas » ont battu 3 à 1, l'Algérie après un match au scénario incroyable? Et une semaine plus tard l'accueil fait au retour de la sélection, de Rabat à Agadir avec un festival populaire à Casa, ne venait pas pour notre défaite en finale mais bien parce que le Maroc avait battu l'Algérie. Tuquoi parle d'un « Maghreb uni » par le foot, mais il doit savoir que le Maghreb ne se fera pas contre les sentiments profonds des Marocains. C'est facile à comprendre sans qu'on ait besoin d'insister plus que cela. La « main » de Thierry Henry enfin, ça va loin, cette histoire et la FIFA qui s'est empressée d'être fidèle à ses règlements qui font de l'arbitre le seul maître absolu du score d'un match, risque d'être obligée de revoir bientôt cette position ancestrale. La FIFA doit s'adapter à la révolution technologique et il est sûr que Blatter, jamais en retard d'une guerre, va faire réfléchir ses différentes commissions sur la nécessité de revoir les rigueurs de « l'International Board » qui fait les lois de l'arbitrage depuis près de 2 siècles. Mais aujourd'hui, l'oeil des caméras est partout, surtout dans les surfaces de réparation. Et tout le monde voit tout, en long et en large, au ralenti, en couleur et en qualité numérique. L'arbitre, son sifflet, ses juges de touche et leur drapeau, ne font plus le poids. C'est dépassé tout ça. Et quand on est dépassé on ne peut plus avoir d'autorité. La télévision a fait la richesse du foot et de la FIFA. Aujourd'hui ses caméras de plus en plus pointues peuvent l'obliger à l'urgente remise en question de ce sacro saint principe de « l'arbitre seul maître du résultat ». Ce n'est plus tenable. Alors, vidéo ou multiplication des arbitres (comme en tennis), il va falloir moderniser les règles et les mettre au niveau du foot du 21ème siècle.