On va dire cela, très vite, et passer à autre chose : l'année 2010 aurait pu être celle du football marocain, l'année où les médias du monde entier allaient nous consacrer reportages et documentaires. On avait travaillé pour cela depuis des années, et puis un matin de mois de mai 2004, voilà que pour quelques voix (4, ont dit les avertis, mais en réalité seul le président Blatter connaît le vrai résultat du scrutin) la Coupe du Monde 2010 est passée au pays des Bafana-Bafana. Premier rendez-vous manqué avec l'Histoire, et cela on ne l'a vraiment pas mérité, mais la FIFA a ses raisons que la Raison ne connaît pas ou ne connaît que trop bien. Bon ; exit le Mondial 2010 et tout le battage méditico-économico-socio-promotionnel dont aurait bénéficié notre Royaume, mais qu'y peut-on ? Cependant le 2ème rendez-vous avec l'Histoire, on l'a raté tout seul, comme des grands, sans l'aide de personne. Notre élimination de ce Mondial sud-africain, dont toute la planète parle déjà, en attendant les pics d'audience du mois de juin prochain, on se l'est fabriqué nous mêmes, à coups de milliards, de coaches limogés, de fédération renversée et de non-dits, ou de vérités non dévoilées qui aujourd'hui encore provoquent le malaise et laissent penser que le mal qui a détruit notre belle équipe nationale n'est pas tout à fait résorbé. Si la FIFA n'a, par définition, aucune explication à nous donner pour son choix sud-africain, les responsables fédéraux doivent, eux, fournir un minimum d'explications sur les vraies raisons de l'écroulement d'un onze qui paraissait promis à une promenade de santé dans un groupe facile. La vérité ne se situe pas simplement dans la mauvaise gestion technique ou dans l'incompétence des coaches nationaux qui se sont succédés sur le banc de touche. La vérité est à rechercher dans cette cassure qui s'est opérée, au sein du groupe des Lions de l'Atlas, entre joueurs pros d'Europe et joueurs des pays du Golfe. Et sur ce point, des joueurs comme Karkouri, Regragui, Amine R'bati, Lambarki, Alloudi, Ouaddou auraient peut-être beaucoup à dire, de même que les coaches qui sont restés au pays comme Fathi Jamal, ou ses successeurs, les 4 désignés par Ali Fassi Fihri. Les mystères de 2009 seront-ils percés en 2010 ? On en fera le vœu sincère car c'est sur ce nécessaire éclaircissement que peut se bâtir la restructuration. On a beaucoup parlé de 2016 comme la date de la relance du football national, avec l'organisation de la CAN 2016 au Maroc. D'abord cette organisation n'est pas acquise, encore faudrait-il que la CAF nous choisisse, car d'autres pays sont candidats et comme en 2014, ce sera un pays d'Afrique du Nord qui organisera la compétition, 2016 serait d'ores et déjà assez douteux. Mais notre football, pas si mort, qu'on ne le dit, a tous les atouts pour rebondir beaucoup plus tôt que cela. Notre équipe nationale, celle des pros, celle de Chamakh et consorts a des revanches à prendre. Et les rendez-vous pour cela sont déjà fixés. Il y a la CAN 2012 qui se passera au Gabon, et le Mondial 2014 au Brésil. Ne venez pas me dire, ici et maintenant, que l'on va encore rater ces qualifications pour les pays de Bongo, le fils, et de Luna, l'homme de l'année 2009 pour beaucoup de médias dont « Le Monde », quotidien français est-il utile de le préciser. Et c'est justement ce matin que peut commencer le travail vers la route des qualifications. La Fédération de football qui s'est fait un peu oublier depuis la réunion de Skhirat où elle présenta ses plans de relance aux clubs, a des engagements à tenir. D'abord les clubs lui ont répondu quant aux propositions qui ont été faites par l'équipe d'Ali Fassi Fihri, il va falloir donc trancher et, puis, on est dans l'attente de la nomination des techniciens qui vont constituer la nouvelle commission technique. Et il est bizarre que l'on se focalise sur la nomination d'un coach national venu encore une fois d'ailleurs, alors que la direction technique fédérale n'est pas encore constituée. Or c'est à elle, en principe, que doit revenir l'encadrement et le suivi du travail du coach de l'équipe nationale… Cette direction technique est censée piloter les centres de formation et orienter le travail des clubs pour aboutir à une véritable école du foot marocain pour éviter les tâtonnements et dérapages de naguère. Amener Zorro, ou Hercule, ou encore Zorba le grec, ou un Ould Layaachiya pour voir en lui l'ange salvateur et le larguer dans toutes sortes de problèmes comme ce fut le cas pour Henri Michel et Lemerre serait suicidaire. On entend toutes sortes de noms par-ci par-là, c'est parti du Belge Gerets à l'Argentin Passarella, en passant par l'Italien Mancini et le Français Fernandez. Tout cela ferait rigoler si ce n'était pas dramatique. Notre football n'a pour l'instant pas besoin de chercher l'oiseau rare, hors frontières,… Il n'y a aucun match de qualification à l'horizon proche : les rendez-vous de l'équipe A sont fixés pour septembre 2010. Rien ne presse donc, à moins que l'on ait des réserves d'euros à gaspiller pour remplir le compte de coaches désœuvrés et de managers opportunistes. Car le vrai boulot doit se faire ici. Et il y a déjà un certain Jean Pierre Morlan, patron technique qui a tous les atouts pour coiffer le travail. Pour le reste, on a le temps d'attendre… Maintenant si on veut livrer en pâture à l'opinion publique des « sauveurs » recrutés à prix d'or et qui risquent de partir avant que de comprendre où ils se sont aventurés, chacun est libre de recommencer les mêmes gaffes que par le passé. Et ainsi, cette année nouvelle sur laquelle on place bien des espoirs n'aura de neuf que l'adjectif.