Le nouveau projet médiatique « Sawt Al-Maghrib » (La Voix du Maroc, ndlr), qui est le produit du programme « Intilaka », est porté par les deux journalistes Youness Meskine et Hanane Bakour. Un projet médiatique qui se veut novateur en incarnant une nouvelle offre dans le paysage médiatique du Royaume. * Vous venez de lancer votre nouvelle offre dans le paysage médiatique marocain qu'est « Sawt Al-Maghrib ». Pouvez-vous nous présenter ce projet ?
- Il s'agit d'une nouvelle entreprise de presse, dont le capital est entièrement détenu par les journalistes fondateurs de cette expérience, à savoir ma collègue Hanane Bakour et moi, Younes Meskine, après avoir obtenu un prêt d'investissement d'une institution bancaire.
Le projet est conçu et entièrement pensé pour répondre aux exigences professionnelles et techniques modernes, tant en termes de structure que de la nature de son équipe et des formes de contenu qu'il produira.
Ceci, dans le but d'atteindre l'adéquation recherchée actuellement par les professionnels du journalisme, entre les fonctions, les principes et les règles du journalisme, les nouveaux modes, habitudes de production et de consommation de contenu journalistique.
Bien évidemment, nous avons pensé en premier lieu, et avant tout, exercer dans le cadre numérique. Car nous ne croyons pas qu'il soit encore possible de produire et de diffuser une forme de journalisme contemporain isolée des nouvelles technologies numériques.
Cependant, nous avons également veillé à garantir que le contenu journalistique que nous proposerons au public respecte toutes les contraintes et règles professionnelles et éthiques, telles que l'objectivité, la précision, la crédibilité, l'équilibre et la clarté...comme l'exige la déontologie du journalisme.
En plus du contenu numérique, sous ses formes écrites, écoutées et visuelles, nous avons pensé à préserver le journalisme approfondi, en lui attribuant un support indépendant, sous la forme d'un magazine papier, nommé « Lissane Al-Maghreb », qui paraîtra hebdomadairement (version digitale seulement au début) et inclura des dossiers, des articles analytiques et des éditoriaux...
* D'où est venue l'idée de « Sawt Al-Maghrib » ?
- Le nom « La Voix du Maroc » est le résultat de plusieurs mois de réflexion et de brainstorming, avec de nombreux amis, collègues et experts. Après plusieurs propositions, nous avons choisi ce nom car il exprime l'idée de notre projet et de la plateforme médiatique que nous aspirons lancer.
Nous croyons fermement aux rôles fondamentaux du journalisme comme quatrième pouvoir et comme outil de surveillance au nom de la société sur les décideurs, ainsi qu'au rôle de chien de garde dans le suivi des dépenses publiques... Cependant, nous estimons également qu'il est nécessaire de construire la confiance et de contribuer ainsi aux aspirations et ambitions nationales de notre pays.
De notre avis, il est essentiel d'avoir une presse qui soit la voix du Maroc, non pas dans le sens d'être la voix des autorités, mais nous avons choisi d'utiliser le mot « Maroc » plutôt que « Marocains », car nous considérons que l'intérêt général unit tous, gouvernants et gouvernés. Nous ne voyons donc aucun inconvénient à aspirer à être la voix de notre pays, en exprimant ses rêves, ses intérêts et ses droits, tant au niveau régional qu'international.
C'est de là que vient le nom « La Voix du Maroc », signifiant que tout le monde peut se retrouver dans notre ligne éditoriale, tout en restant toujours attentif à exercer notre rôle critique et à signaler les dysfonctionnements, en informant sur le train qui est en retard plutôt que celui qui arrive à l'heure.
* Etes-vous soutenus par des investisseurs ?
- Comme je vous l'ai dit au début, le capital de la société Newmedia Production est entièrement détenu par les journalistes porteurs du projet, et le financement principal a été obtenu grâce à un prêt bancaire dans le cadre du programme « Intilaka ».
Ce projet a commencé par un rêve dont nous n'étions pas vraiment sûrs qu'il deviendrait réalité, mais les premières étapes de l'étude que nous avons menées pour préparer le business plan, demander le financement, et sonder l'opinion générale des acteurs et de l'écosystème immédiat de la profession journalistique et de ses activités, ont été encourageantes et nous ont motivés à tenter l'expérience.
Permettez-moi de dire que nous démarrons avec des ressources propres limitées, mais avec un moral élevé et un grand optimisme, car la première chose que nous avons testée et sondée, avant de lancer cette initiative, était la mesure dans laquelle l'environnement professionnel était prêt à accueillir et soutenir une expérience de ce type, et la réalité est que le résultat a été très motivant. * Comment comptez-vous relever le pari des abonnements numériques que vous faites en premier lieu ?
- En fait, notre longue réflexion sur le projet et le temps que nous avons consacrés à sa préparation concernaient en partie le modèle économique et la manière d'atteindre une formule répondant aux contraintes auxquelles les médias sont confrontés aujourd'hui.
En conclusion, nous allons expérimenter une recette qui mise avant tout sur l'élément de qualité, la qualité en tout, dans le contenu comme dans la forme et les modèles utilisés. Nous considérons que le journalisme doit défendre son droit à l'existence et à la concurrence en s'armant de points forts plutôt que de se limiter à un discours de victimisation et de plaintes continuelles.
Nous devons d'abord fournir un produit journalistique de haute qualité, tant en termes de qualité éditoriale que technique et artistique, puis entrer sur le marché publicitaire avec une offre séduisante et compétitive, car le contenu éditorial que nous offrons gratuitement au public est en même temps un échantillon que nous présentons au marché du contenu publicitaire. Bien entendu, nous travaillons avec transparence et la clarté totales avec le public pour distinguer le contenu éditorial de la publicité.
Ensuite, vient le contenu analytique et approfondi qui prendra la forme d'un magazine papier, destiné à être un produit sur abonnement, comme moyen de soutenir le modèle économique et de permettre aux personnes désireuses de soutenir et de financer une institution médiatique professionnelle et indépendante de jouer ce rôle.
* Est-ce que vous vous considérez en concurrence avec l'offre médiatique qui existe déjà ou est-ce que vous venez apporter autre chose ?
- Je peux vous dire sans hésiter que nous ne sommes pas venus pour concurrencer qui que ce soit. Nous avons lancé cette expérience à partir d'une évaluation fondamentale selon laquelle nous avons besoin d'une nouvelle offre médiatique, et que la comparaison et la concurrence entre les médias, bien qu'elles restent positives, nécessitent désormais une pause pour réaliser une transition collective vers un nouveau modèle de journalisme.
Ce modèle dépasse la vision classique précédente qui le considérait simplement comme un outil dans la lutte politique, pour devenir un outil de prestation de services d'information, de défense du bien commun et de l'intérêt général, et d'opération dans une marge relativement éloignée des polarisations politiques.
Je pense que la révolution numérique, qui n'épargne pas le Maroc, nécessite un nouveau type de journalisme qui exploite le passé sans rompre avec lui, pour établir du neuf sans se précipiter vers l'inconnu. Par conséquent, nous cherchons à être plus inspirants et au service des autres, plutôt qu'à penser à concurrencer ou remplacer qui que ce soit.
* Un mot sur le nouveau cadre légal relatif au soutien public à la presse et à l'édition ?
- De manière générale, je pense que le texte reste bon et nous sort, au moins, d'une phase ambiguë et dénuée de tout cadre légal. L'important sera la manière dont il sera appliqué et mis en œuvre.