Les Palestiniens souffrent de malnutrition, de déshydratation et d'infections gastriques en raison des pénuries de nourriture et d'eau potable. Les entraves israéliennes à l'entrée de l'aide dans la bande de Gaza empêchent la distribution des denrées alimentaires. Faire la queue pendant des heures pour obtenir ne serait-ce qu'une modeste quantité de pain est désormais une expérience courante à Gaza, où la diminution rapide des réserves alimentaires et la pénurie d'eau potable viennent s'ajouter aux difficultés déjà rencontrées par la population palestinienne qui vit sous le siège israélien. Depuis l'attaque du 7 octobre du Hamas contre le sud d'Israël et les représailles israéliennes qui en ont découlé, la crise humanitaire à Gaza a atteint une ampleur sans précédent: les hôpitaux sont débordés, les bâtiments résidentiels sont bombardés et les produits de première nécessité s'épuisent. «La situation sur le terrain est alarmante», a déclaré à Arab News, Alia Zaki, porte-parole du bureau palestinien du Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) à Jérusalem. «Les systèmes alimentaires existants s'effondrent. La dernière boulangerie avec laquelle le PAM a travaillé a fermé ses portes parce qu'elle n'a plus de carburant ou de gaz», a-t-elle alerté. Le pain, aliment de base du régime alimentaire palestinien, est devenu de plus en plus rare depuis le début du conflit à cause d'un manque d'ingrédients clés, notamment d'eau propre et de farine de blé. «Certaines boulangeries ont également été touchées par des frappes aériennes», a signalé Zaki. «Les gens risquent leur vie et font la queue pendant des heures afin d'obtenir du pain pour leur famille, mais ils reviennent souvent les mains vides».
La faim se répand à Gaza
Depuis le début de la guerre, le PAM suit de près la disponibilité des denrées alimentaires dans les magasins. La majorité des entreprises avec lesquelles il collabore signalent des pénuries de produits essentiels. Les produits alimentaires non essentiels, qui ne répondent pas aux besoins nutritionnels, et ceux qui ne peuvent être consommés sans cuisson, s'amenuisent également rapidement. «Les rayons sont presque vides. La faim se répand à Gaza et les cas de déshydratation et de malnutrition augmentent rapidement», a prévenu Zaki. Les responsables de la plus grande usine de farine et de blé de Gaza, Al-Salam Mills, ont déclaré, mardi à CNN, que l'usine ne fonctionnait qu'à 25% de sa capacité en raison de la pénurie d'électricité et de carburant. C'est la seule des cinq usines encore en activité dans le sud de la bande de Gaza. Avant la guerre, elle pouvait produire 480 tonnes de blé par jour ou 300 tonnes de farine. Aujourd'hui, sa production est limitée à 75 tonnes par jour. Au début de l'agression israélienne, le PAM et d'autres organismes d'aide ont commencé à fournir une aide d'urgence sous forme de rations prêtes à consommer et de bons digitaux qui peuvent être utilisés pour acheter de la nourriture dans des magasins désignés à l'aide d'une machine de point de vente standard.
100% des Gazaouis en situation d'insécurité alimentaire
«Nous travaillions avec les boulangeries locales pour livrer du pain frais aux personnes déplacées vers les abris désignés par les Nations Unies, et nous avons distribué des barres de dattes nutritionnellement condensées et des conserves qui sont arrivées de l'autre côté de la frontière de Rafah», a indiqué Zaki. Le PAM a déclaré avoir aidé plus de 700.000 personnes à Gaza depuis le 7 octobre grâce à ce type d'assistance alimentaire. Pour tenter d'enrayer l'aggravation de la crise de la faim, les organisations humanitaires ont demandé un financement important afin de pouvoir acheminer des fournitures d'urgence aux communautés de Gaza, dont beaucoup étaient déjà en situation d'insécurité alimentaire avant le début du conflit actuel, après dix-sept ans d'embargo israélien sur le territoire. Environ 112 millions de dollars sont nécessaires pour aider 1,1 million de personnes – soit la moitié de la population «menacée de malnutrition» – au cours des quatre-vingt-dix prochains jours, a déclaré Kyung-nan Park, directrice des urgences pour le PAM. «Avant le 7 octobre, environ 33% de la population était en situation d'insécurité alimentaire», a-t-elle expliqué à Arab News. «Nous pouvons dire avec certitude que 100% de la population est en situation d'insécurité alimentaire à l'heure actuelle». Israël pousse les habitants de Khan Younès à évacuer leur maisons L'armée israélienne a averti, mercredi soir, les habitants des quartiers du gouvernorat de Khan Younès, au sud de la bande de Gaza, d'évacuer leurs habitations. Les forces israéliennes avaient précédemment averti les habitants du nord de la bande de Gaza de se diriger vers le sud, avant d'appeler les habitants du sud aujourd'hui à évacuer leurs maisons. La radio militaire israélienne a déclaré : "Pour la première fois, l'armée a appelé les habitants de certains quartiers de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, à évacuer leurs maisons". La radio a publié un tract rédigé en arabe, qui a été largué par des avions de l'armée israélienne à l'attention des habitants de Khan Younès. Le texte du communiqué a explicité l'avertissement : "Aux habitants des quartiers orientaux de Khan Younès, Al-Qarara, Khuza'a, Bani Suhaila et Abasan, pour votre sécurité, vous devez évacuer immédiatement votre lieu de résidence et vous rendre dans les abris connus". Il convient de noter qu'il n'y a pas d'abris dans la bande de Gaza et qu'il n'y a aucun endroit sûr à cause des bombardements israéliens qui s'étendent sur toute la bande. La radio militaire a déclaré que des discussions se tiennent autour d'"une étape importante qui indique une expansion attendue des opérations de l'armée israélienne" vers le sud de la bande de Gaza. Le service de presse du gouvernement dans la bande de Gaza a rapporté des informations, dans la journée du lundi dernier, selon lesquelles il y avait des corps sans vie de centaines de Palestiniens déplacés sur les routes qu'Israël avait déclarées "sûres", en direction du sud de la bande.