Du simple nomade digital à Taghazout à auto-entrepreneur qui se donne pour mission, de mettre en avant le Street Food Marocain. C'est ainsi que l'aventure d'Adrien Pantanella, ce Français, a commencé lorsque tous les ingrédients lui sont réunis pour mener son projet «MachiMouchkil», inspiré de la cuisine de la rue au Maroc. Interview avec ce jeune animé d'ambitions qui a représenté le Maroc au Forum gastronomique des Nations Unies dans le cadre du concours d'innovation, organisé par l'Organisation mondiale du tourisme. -Qu'est-ce qui vous a inspiré, en tant qu'étranger au Maroc, à investir dans le pays et surtout dans un projet de Street Food ? Je ne suis pas venu au Maroc avec l'objectif d'investir. Au début, j'étais ici en tant que Digital Nomad en Marketing venu à Taghazout seulement pour deux semaines. Mais avec mon frère, nous avons tellement aimé la qualité de vie au Maroc que nous sommes restés durant 5 mois pendant la période du Covid-19. Durant ces 5 mois, je me suis rendu compte de plusieurs choses dans le village, il y avait beaucoup de nourriture internationale de typeTacos, Pizza et Burger mais peu de streetfood marocaine. Alors, en tant que touriste, je cherche à manger local. Mais lorsqu'il y avait de la streetfood marocaine sur les Caroussa, il pouvait y avoir un manque d'hygiène, ce qui inquiète tout le monde. Deuxième constat, il n'y avait pas de point de vente de nourriture sur les spots de surf. C'est ce besoin-là qui m'a donné envie de me lancer dans cette aventure pour créer «MachiMouchkil» et qui fait référence à l'état d'esprit entrepreneurial qui résiste malgré les épreuves. -Quels plats ou spécialités proposez-vous dans votre stand ? Je propose des sandwichs du genre « Khanez ou Bnine » de différents types : « Kefta de Sardine, Thon et Lahrour, Kebda, Djej, Ma3qouda ». L'idée est de proposer les saveurs que j'ai découvertes lors de mes voyages dans les différentes villes du Maroc. Mais toujours avec des sauces fait maison, ce qui change des sauces industrielles. -Comment évaluez-vous l'impression des touristes dans la région par rapport à ce que vous proposez ? Ils adorent. Ils sont contents de découvrir des produits frais, locaux mais surtout l'histoire derrière chaque sandwich. Mais pas que les touristes, les Marocains aussi. Ils aiment le goût et aussi les noms des sandwichs qui les font sourire. -D'où provenaient les fonds initiaux pour démarrer votre projet au départ jusqu'à le maintenir ? L'investissement provient de mon travail de freelance en marketing digital. L'investissement initial est de 8000dh pour la création du Caroussa. Celle-ci m'a été créée par des artisans locaux de Taghazout. C'est vrai que ça été un peu cher pour le débutant mais après un mois l'investissement était rentabilisé. -Avec toutes les mesures prises pour inciter les investissements au Maroc, est-il, actuellement, facile pour un étranger d'y investir, surtout en termes de procédures administratives et fiscales ? La partie la plus compliquée est d'obtenir la carte de résidence, une fois que l'on a celle-ci, la création d'auto-entreprise est très simple en ligne puis pour récupérer sa carte à la poste. La création du compte à la banque, même pour le paiement des impôts, tout se fait en ligne, c'est vraiment simplifié. En vrai, toutes les conditions sont réunies pour mener un projet au Maroc. Certes, il y a des difficultés pour obtenir une autorisation de vendre dans la rue que je n'ai pas obtenue, mais ceci est pour tout marocain ou étranger. -Avez-vous des partenariats avec des producteurs locaux pour garantir la pérennité de votre projet ? Je travaille uniquement avec des locaux sur ce projet. Car c'est eux, plus que moi, qui peuvent transmettre la fibre marocaine pour les touristes. Ce qui est l'objectif. Avoir un moment culturel lorsqu'on mange. Mais je veux aller plus loin avec l'intégration de coopératives de femmes notamment pour l'argan alimentaire dans des recettes. Actuellement, je cherche un associé-gérant marocain, si possible de la région, qui a eu une expérience de gestion de restaurant et souhaiterait travailler avec moi de manière opérationnelle, pas un simple investisseur pour élargir ce projet. -Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés au quotidien en tant qu'entrepreneur étranger au Maroc ? En termes de procédures administratives, je pense que le fait d'avoir une carte d'auto-entrepreneur est devenu très facile à part le temps d'attente dans certaines situations et les difficultés avec la commune pour avoir une autorisation de vente dans la rue. A mon sens, la plus grosse difficulté est la langue, même si beaucoup parlent français, c'est pourquoi je suis en train d'apprendre le darija et même idéalement plus tard apprendre l'amazigh. -Qu'est-ce que ça vous fait de représenter le Maroc et d'être finaliste du concours d'innovation de l'Organisation mondiale du tourisme en partenariat avec le la Société marocaine d'ingénierie touristique (SMIT) ? C'est une grande fierté d'avoir représenté le Maroc au Forum gastronomique des Nations Unies. J'ai pu parler de Taghazout et de Souss Massa, ma région d'adoption devant une salle remplie de 300 internationaux. Après mon pitch de présentation du projet, beaucoup m'ont demandé plus d'informations sur la région et je suis fier de leur transmettre mes connaissances. C'est aussi l'objectif du projet. -Quelles sont vos perspectives d'évolution ? Désormais, je cherche à trouver un local pour créer mon propre restaurant. Ceci permettra d'éviter les problématiques liées au Caroussa et permettra d'être plus structuré. Ceci va demander beaucoup plus d'investissement mais j'ai confiance grâce à la réussite du projet avec la Caroussa.