L'Afrique du Sud est frappée ces derniers temps de plein fouet par le fléau grandissant des assassinats politiques. Ce phénomène menace non seulement de détruire les acquis démocratiques engrangés après la fin du régime de l'apartheid, mais également de saper la stabilité et la sécurité de l'ensemble de la société. Alors que la nation arc-en-ciel se prépare pour les élections générales décisives de 2024, la spirale infernale des assassinats politiques continue de faire des ravages, mettant à rude épreuve la confiance du public dans le système politique sud-africain. Les chiffres officiels sur l'ampleur de ce fléau durant les dernières années font froid au dos. Le ministre de la Police, Bheki Cele, a souligné récemment que 155 personnalités politiques ont été assassinées entre 2011 et septembre 2023. Ces attaques ont, en effet, de grave conséquences sur le processus électoral et les institutions du pays en général. Ils découragent ainsi les citoyens de participer aux élections par peur de représailles et entravent le fonctionnement efficace des institutions gouvernementales, affaiblissant ainsi la capacité du pays à répondre aux besoins de sa population. En avril dernier, un rapport de l'Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (GI-TOC) a révélé que les assassinats politiques en Afrique du Sud ont augmenté durant les dernières années, passant de 24 cas en 2020 à 30 en 2021 et 40 en 2022. Ce phénomène est encore plus marqué dans la province du KwaZulu-Natal (est). Selon des chiffres révélés par l'Association sud-africaine des gouvernements locaux (SALGA), 21 conseillers locaux ont été assassinés depuis septembre 2022 dans la province. - Les assassinats motivés par la lutte pour le pouvoir Dans ce pays d'Afrique australe, les assassinats politiques provoqués par les conflits intra et inter partis politiques ont toujours été monnaie courante dans l'espace politique, même pendant l'ère de l'apartheid. Cependant, ils sont attribués en grande partie aux batailles entre factions au sein du Congrès national africain (ANC au pouvoir), qui ont mis à mal la réputation du parti qui essaie, tant bien que mal, de redorer son image ternie par des années de corruption et de mauvaise gouvernance. Selon GI-TOC, «le déclin du pouvoir de l'ANC, dû en partie à l'apathie des électeurs et à une majorité en baisse lors des dernières élections générales, suggère que les candidats du parti se battent pour des positions politiques au sein des différentes provinces». Notant que la lutte pour le pouvoir et les ressources au sein des gouvernements locaux reste le principal moteur de ces meurtres, l'organisme a estimé que «cela pourrait également être aggravé par la tendance évidente au déclin des fortunes électorales et à la diminution de la majorité de l'ANC.» Dans ce contexte, le gouvernement sud-africain ne fait que constater les dégâts en reconnaissant l'ampleur du problème, mais sans pour autant apporter des solutions palpables. Les prochaines élections s'avèrent ainsi un test sérieux, aussi bien pour le gouvernement en place appelé à assurer la sécurité des citoyens durant les différentes phases du scrutin, que pour le parti de Nelson Mandela qui peine à résoudre ses divisions internes et à garder sa popularité d'antan.