Nabil El Bousaadi A l'approche des élections législatives qui se tiendront le 1er novembre prochain en Afrique du Sud, les différentes formations politiques en lice ont commencé à lancer leurs campagnes électorales. Evoquant un « engagement solennel » et reconnaissant que son parti n'a pas toujours fait ce qu'il fallait et, très souvent, tardé à écarter les brebis galeuses qui végètent en son sein, le président Cyril Ramaphosa, qui est également le patron du parti historique ANC, a déclaré que les Sud-Africains « veulent des dirigeants qui ne soient pas corrompus et qui aient à cœur les intérêts de leurs concitoyens » et promis de « faire mieux » et de veiller à ce que « l'ANC corrige ses erreurs ». Pour confirmer le renouveau de son parti, le leader de l'ANC a présenté une vingtaine de jeunes candidats auxquels il a rappelé que les « intérêts du peuple » viennent avant les leurs tentant, par-là, de reconquérir un électorat découragé par les défaillances des municipalités qui manquent de tout (eau, électricité, routes, services...) et promis, à l'assistance, que 25% des candidats de l'ANC au scrutin du 1er novembre auraient moins de 35 ans. Pour rappel, lors des municipales de 2016, l'ANC avait essuyé son pire revers électoral depuis son arrivée au pouvoir en 1994 qui avait signé la fin de l'apartheid en recueillant moins de 54% des suffrages au niveau national et en perdant de grandes villes comme Johannesburg et Pretoria Représentant l'opposition, l'Alliance démocratique (DA) qui souffre d'être encore perçue comme étant un parti de blancs a, également, lancé ce samedi, sa campagne électorale sous le slogan « pour un gouvernement local qui fonctionne ». Après avoir annoncé que sa formation politique présenterait un candidat dans chaque circonscription et qu'en cas de victoire ceux-ci veilleront à l'amélioration des emplois, des services, des transports publics et des routes et s'attèlleront à la lutte contre la criminalité, son leader John Steenhuisen a tenu à rappeler que bien qu'elle gère « moins de 10% des municipalités d'Afrique du sud », les 5 villes les plus performantes du pays sont administrées par elle avec une « tolérance zéro » face à la corruption. De leur côté, les Combattants pour la liberté économique (EEF) ont tenu leur meeting en présence de milliers de leurs partisans vêtus en rouge et noir dans le centre délabré de Johannesburg. Après avoir pourfendu, dans son allocution, les « capitalistes blancs qui ont capturé et continuent de contrôler tous les dirigeants de l'ancien mouvement de libération », leur leader Julius Malema, 40 ans, a pointé du doigt la liste des manquements de l'ANC et l'avidité et la corruption de ses cadres car « au lieu de créer des emplois pour des millions de jeunes sans emploi, les municipalités [gérées par l'ANC] réservent les appels d'offre à quelques personnes connectées » Agnes Jase, 28 ans, qui se présente aux élections municipales du 1er novembre sous les couleurs de l'EFF à Carletonville ne cache pas le « clientélisme » de sa démarche lorsqu'elle raconte son histoire. « La maison de ma mère a été détruite par un incendie l'an dernier. L'ANC n'a rien fait et c'est l'EFF qui l'a aidée à la reconstruire ». Aussi, en considérant que « l'ANC s'est égaré », la jeune femme lance, dans un éclat de rire triomphal, qu'elle est persuadée que ce parti va « maintenant se noyer face à la déferlante » de l'EFF. Est-ce à dire que l'ANC de Nelson Mandela n'est plus que l'ombre de lui-même ?