Forte d'une récolte exceptionnelle de blé, la Russie s'est dite prête à approvisionner le Maroc à des tarifs raisonnables, au moment où le Royaume s'apprête à augmenter ses importations de blé tendre à environ 5 millions de tonnes pour la saison 2023-2024, selon les dernières prévisions d'experts agricoles marocains, cités par Reuters. Frappée par la sécheresse, la production céréalière nationale se révèle actuellement insuffisante, voire en dessous de la moyenne mondiale ainsi que celle observée dans les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, comme le souligne le Haut-Commissariat du Plan (HCP) dans son dernier rapport publié en juillet dernier.
Selon un autre rapport, publié récemment par l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), le Maroc devrait importer plus de la moitié de sa consommation cette année, en raison d'une production locale insuffisante. La production prévisionnelle des trois principales céréales pour la campagne agricole 2022-2023 a été estimée à environ 55,1 millions de quintaux, contre 34 millions de quintaux en 2021-2022. Des chiffres qui sont cités par le ministère de l'Agriculture.
Face à une situation pareille, la Russie, via son ambassadeur à Rabat, Vladimir Baïbakov, s'est dite « prête à fournir du blé au Maroc à des prix raisonnables ». D'autant plus que « le Maroc et la Russie s'achètent mutuellement les produits les plus demandés sur leurs marchés. Le charbon et les produits pétroliers représentent une grande partie des importations marocaines, tandis que la Russie achète des agrumes et du poisson », s'est réjoui le diplomate dans une interview avec l'agence de presse russe.
Selon lui, « ce partenariat revêt une importance particulière, notamment dans un contexte marqué par des enjeux géopolitiques et des crises énergétiques ». Le diplomate russe a rappelé, par la même occasion, que le Maroc est l'un des principaux partenaires commerciaux et économiques de la Russie en Afrique.
En 2022, « le Maroc se classait au troisième rang en termes d'exportations et au quatrième rang en termes d'importations pour la Russie. Malgré les défis posés par la pandémie de Covid-19, le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a dépassé les deux milliards de dollars et continue de croître », s'est-il félicité.
Il est important de noter que la Russie avait annoncé, en juillet dernier, qu'elle mettait fin à un accord précédent signé avec l'Ukraine, sous la médiation de la Turquie, qui permettait le passage des céréales ukrainiennes vers les marchés internationaux par voie maritime.
L'import pour combler les déficits
Le Maroc prévoit d'accroître ses importations de blé tendre à hauteur de 5 millions de tonnes pour la saison 2023-2024, incluant notamment des céréales russes. Selon les estimations des experts agricoles marocains, rapportées par Reuters, le Maroc devrait, d'ici septembre, déjà avoir importé 2,5 millions de tonnes de blé tendre, mais il aura besoin de 2,5 millions de tonnes supplémentaires d'ici la fin de juin 2024, a précisé Omar Yacoubi, président de la Fédération marocaine des commerçants de céréales (FNCL), dans une déclaration à Reuters.
Dans un souci de soutenir l'approvisionnement face à une récolte nationale inférieure à la moyenne, et à des prix élevés sur le marché international, le Maroc a prolongé les subventions à l'importation pour l'ensemble du blé de juillet à septembre, quelle que soit son origine, afin de stimuler les importations.
Dans cette optique, deux navires chargés de 100.000 tonnes de blé en provenance de la Russie sont déjà en route vers le Maroc, comme l'a expliqué Abdelkader Alaoui, président de la Fédération des meuniers industriels.
Les céréales russes devraient représenter environ 5% des importations totales de blé du Maroc, la majorité provenant de l'Union Européenne, notamment de la France, selon le même intervenant.
Jusqu'à fin août, les réserves de blé ont couvert environ cinq mois de besoins de consommation intérieure, avec une légère augmentation de la capacité de stockage à 5,2 millions de tonnes, a-t-il précisé.