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Israël prive les Palestiniens d'eau tout en laissant les colons israéliens de Cisjordanie profiter de quantités illimitées Dans la vallée du Jourdain, la terre palestinienne est réduite en poussière
Autrefois, Abdullah Naji était fier de sa bananeraie. Mais ces dernières années, il récolte plutôt de la poussière. Il accuse la sécheresse mais surtout les Israéliens qui limitent l'accès à une eau de plus en précieuse. “Chaque jour, je prie pour l'eau”, dit Abdullah Naji, un Palestinien de 40 ans. Dans son village d'Auja, au coeur de la vallée du Jourdain, même les chèvres ne trouvent plus de quoi se nourrir parmi la terre desséchée et les rochers.En désespoir de cause, Abdullah Naji a renoncé à cultiver des bananes il y a deux ans et est devenu berger. “Maintenant il peut se plaindre auprès de ses moutons”, plaisante un voisin. Même faire pâturer un troupeau est devenu un problème. Les villageois d'Auja et leurs animaux survivent grâce au fourrage livré par l'association caritative Oxfam, qui fournit aussi des réservoirs et de l'eau.“Eux, en revanche, ils ont toute l'eau qu'ils veulent”, affirme Abdullah Naji en pointant du doigt une colonie israélienne. Une canalisation court le long du village mais, selon les autochtones, elle ne sert plus depuis le mois de mai. La source qui apportait de l'eau à des milliers d'habitants est asséchée. Selon des organisations caritatives internationales, c'est le creusement d'un nouveau puits pour desservir la colonie israélienne de Yitav et ses 175 habitants qui est à l'origine de la pénurie d'eau. Les vastes exploitations agricoles bien irriguées, les vergers verdoyants et les vignes des implantations israéliennes offrent un saisissant contraste avec les villages palestiniens et les campements de Bédouins au milieu du désert. Dans un rapport publié mardi, Amnesty International accuse Israël de priver les Palestiniens d'eau tout en laissant les colons israéliens de Cisjordanie profiter de quantités “illimitées”.L'organisation humanitaire appelle Israël à “mettre fin à ses politiques discrimatoires et à lever immédiatement toutes les restrictions imposées aux Palestiniens” pour leur permettre un accès équitable à l'eau. “Israël ne laisse les Palestiniens accéder qu'à une fraction des ressources communes en eau, qui se situent surtout en Cisjordanie occupée, alors que les colonies israéliennes illégales reçoivent des quantités pratiquement illimitées”, écrit Amnesty.Un rapport détaillé de la Banque mondiale publié au printemps dernier blâmait aussi les Israëliens et les Pallestiniens.Mais ces derniers répondent qu'ils ne sont pas autorisés à creuser de nouveaux puits ou à réhabiliter les anciens sans l'autorisation israélienne qui n'est accordée qu'aucompte-gouttes. Beaucoup de localités rurales palestiniennes sont ravitaillées grâce à des camions citernes. “La nappe phréatique est riche dans la région. Mais nous n'y avons pas accès. L'eau est à 500 mètres sous terre, mais Israël ne nous permet de restaurer des puits que pour pomper à 10O mètres, là où il y a peu d'eau”, explique Khader Zawahra, un villageois d'Auja.Son frère Suleiman se souvient avec nostalgie de la vie à Auja il y a dix ans. “Il y avait de l'eau toute l'année, des champs à foison et assez de fourrage pour les bêtes”, dit-il, à côté de trois chameaux faméliques.