Quelque 800 millions de personnes dans le monde souffraient de malnutrition avant même que les crises alimentaire et économique ne frappent. Désormais, de gros efforts pour faire face à ce problème sur le long terme commencent à être déployés. Lors des récentes réunions internationales, les dirigeants ont consenti à financer une initiative à hauteur de plusieurs milliards de dollars en vue de stimuler l'agriculture et de renforcer la sécurité alimentaire dans les pays à faible revenu. Des discussions concernant la conception du plan d'ensemble et le niveau de financement sont en cours. En septembre, le G20 a demandé à la Banque mondiale de travailler avec les bailleurs de fonds et les organisations intéressés afin de mettre sur pied un fonds fiduciaire multilatéral spécial pour soutenir cette initiative. Les discussions ont été approfondies en octobre, lors de la tenue des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI à Istanbul (Turquie). « Le travail a déjà commencé lors d'une réunion dont l'objectif était de s'accorder, entre partenaires, sur le cadre opérationnel de ce fonds » a affirmé, le 5 octobre, M. Robert Zoellick, Président de la Banque mondiale, au cours de la conférence de presse du Comité de développement. « Grâce à cette approche multilatérale plus globale, nous sommes en mesure de mettre en commun les ressources disponibles et de mieux soutenir les efforts novateurs en vue d'apporter des solutions au problème de l'insécurité alimentaire tout au long de la chaîne d'approvisionnement des produits alimentaires et d'élaborer des systèmes agricoles durables. » Toutefois, comme certains l'ont souligné au cours de ces réunions, les crises alimentaire et énergétique ont des effets plus néfastes sur les pays en développement que la crise financière. Et pour nombre d'entre eux, cette crise se fait toujours ressentir… Nous devons agir promptement pour concrétiser cette initiative » a-t-il ajouté. Une demande alimentaire en hausse face à des taux de croissance des productions en baisse Avant la survenue de la crise alimentaire de 2007, la pauvreté et la faim avaient enregistré un déclin constant à l'échelle mondiale. Cependant, l'effet conjugué d'un sous-investissement de longue date dans l'agriculture, de l'envolée des prix alimentaires et énergétiques, ainsi que de la crise économique aurait acculé 100 millions de personnes supplémentaires à la pauvreté. Selon les estimations de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, le nombre de personnes souffrant de la faim et de la pauvreté dépasse aujourd'hui le milliard. Selon le rapport des Nations Unies intitulé Perspectives de la population mondiale 2009 (World Population Prospects 2009), le monde devrait compter, d'ici 2050, 2,3 milliards de personnes supplémentaires à nourrir (soit un tiers de plus qu'aujourd'hui). Par ailleurs, de nouvelles demandes de produits alimentaires sont apparues avec l'utilisation accrue des récoltes pour la production de biocarburants. Alors que la demande en produits céréaliers est en hausse, le taux de croissance des productions des principales céréales enregistre un recul, passant d'environ 3 % en 1980 à 1 % aujourd'hui. « Ces tendances exercent davantage de pression sur les prix des denrées alimentaires, sur l'intensification de la déforestation afin d'étendre les surfaces cultivables et accentuent les effets liés au changement climatique, » affirme le nouveau plan d'action pour l'agriculture 2010-2012 du Groupe de la Banque mondiale. « D'importants investissements pour soutenir la croissance de la productivité agricole sont requis dès aujourd'hui. » Le Plan d'action vise à venir en aide aux pays en développement pour accroître la productivité agricole, relier les producteurs au marché, faciliter la génération de revenus non agricoles dans les zones rurales et intensifier les services environnementaux et le développement durable. Selon les estimations de l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), 14 milliards de dollars supplémentaires d'investissements publics seront nécessaires chaque année dans le secteur agricole des pays en développement afin de réaliser l'objectif de développement pour le Millénaire visant à réduire de moitié la pauvreté et la faim d'ici 2015. Le Groupe de la Banque mondiale prévoit d'accroître son soutien au secteur agricole, passant de 4,1 milliards de dollars annuels au titre des exercices 2006-2008 à une fourchette de 6,2 à 8,3 milliards de dollars annuels au cours des exercices 2010-2012 (soit entre 13 et 17 % des engagements totaux prévus par la Banque mondiale). Accélération de l'octroi de fonds dans le cadre de l'intervention en réponse à la crise Par le biais du Programme d'intervention en réponse à la crise alimentaire mondiale, quelque 1,2 milliard de dollars de fonds internes et 200 millions de dollars sous forme de financements extérieurs ont été octroyés afin de répondre directement à la crise alimentaire mondiale. Des fonds à décaissement rapide ont été accordés pour atténuer les effets néfastes de l'envolée des prix alimentaires et pour aider les pays à s'adapter à des prix plus élevés et plus volatils. Étant donné la persistance des besoins, ces apports financiers ne cessent d'augmenter. À ce jour, il est estimé que l'approvisionnement en denrées alimentaires à court terme, effectué dans le cadre du Programme d'intervention en réponse à la crise alimentaire mondiale, a profité à 5,8 millions de ménages agricoles. Pour ce qui est des programmes de protection sociale et de nutrition, les estimations indiquent que 1,5 million de personnes ont directement été aidées, profitant au final à un bien plus grand nombre.