Alors que la saison estivale bat son plein, les offres d'hébergement se multiplient et rendent l'organisation des vacances parfois compliquée. Pris d'assaut, les locations saisonnières et les hébergements chez l'habitant constituent des options de plus en plus prisées par les vacanciers. Plus abordables et répondant mieux aux attentes d'une catégorie de clientèles, ces logements à portée de clic nécessitent néanmoins un meilleur encadrement. Une semaine de rêve à un prix raisonnable, c'est devenu possible grâce aux plateformes de location saisonnière et d'hébergement chez l'habitant. Des villas avec piscine, en bord de mer, des appartements prestigieux ou plus traditionnels, ou des chambres dans un appartement pour les budgets les plus limités, des offres à foison qui répondent aux attentes les plus exigeantes. Une aubaine pour les clients marocains de plus en plus nombreux à voyager en famille face à une offre peu nombreuse d'appart-hôtels, mais aussi une alternative pour les couples qui ne peuvent séjourner dans des hôtels. De leur côté, les propriétaires se ruent sur ce type de plateforme pour arrondir leur fin de mois. « Je loue la deuxième chambre de mon appartement chaque été via Airbnb à 350 dirhams la nuitée », nous confie Amina, résidente dans un quartier central de Rabat. « L'été c'est quasiment complet, il m'arrive parfois de gagner jusqu'à 8.000 dirhams par mois », se réjouit-elle. Les propriétaires proposent parfois des prix très compétitifs avec d'innombrables avantages. Des logements meublés, plus de choix grâce aux nombreux filtres, des liens de parrainage et la possibilité parfois même de négocier les tarifs. S'ajoutent des frais de services et parfois des frais de ménage. Pour procéder à une réservation, muni d'une carte bancaire, il suffit d'effectuer un paiement en ligne.
Une activité illégale ?
Ce créneau comporte néanmoins son lot d'inconvénients. Sur les Forums de discussion, des craintes reviennent régulièrement, celles des caméras de surveillance cachées dans les logements, de la location par des couples non mariés ou encore l'absence d'une assurance. Contacté par « L'Opinion », Abdelhafid El Kholti, avocat en droit immobilier, confie que plusieurs cas de litiges peuvent être recensés entre les propriétaires et les locataires. « Dans le cas d'une plainte vis-à-vis de la présence d'un couple non marié par exemple, le propriétaire peut être poursuivi en justice ».Par ailleurs, il ajoute : « Ces dernières semaines, plusieurs personnes se sont présentées pour demander la légalité de l'utilisation de l'application d'Airbnb ». Pour Abdelaziz Samim, Directeur Délégué de la Fédération Nationale de l'Industrie Hôtelière, si cette dernière n'est pas considérée comme illégale, la commercialisation de ces logements par leurs propriétaires est considérée comme étant une activité informelle.
Vers l'adoption d'une nouvelle réglementation
L'apport de ces plateformes est non négligeable pour l'offre touristique d'un pays. Elles doivent néanmoins être mieux encadrées pour plus de transparence et ainsi mieux profiter à son économie ainsi que sa clientèle en quête de qualité. La loi 80-14 de 2015 considère « comme un établissement d'hébergement touristique tout établissement à caractère commercial, qui reçoit une clientèle de passage ou de séjour et lui fournit une prestation d'hébergement et des prestations en totalité ou en partie de restauration et d'animation ». Le dernier texte d'application devrait entrer en vigueur prochainement, après quoi l'obtention d'une licence d'exploitation d'une unité d'hébergement serait nécessaire avant l'ouverture de tout établissement d'hébergement touristique, « délivrée par l'autorité compétente après consultation du Comité régional unifié de l'investissement ». « Cette licence sera basée sur les avis des services concernés dans leurs domaines de compétence, ainsi que sur la classification provisoire délivrée par le représentant régional ou provincial de l'autorité gouvernementale chargée du tourisme, après consultation du Comité régional unifié de l'investissement », citent certaines sources médiatiques.
Pour Othmane Ibn Ghazala, Directeur d'Iktichaf Travel et Président Délégué de la FNAAVM, cette nouvelle réglementation pourrait améliorer la situation à condition que « les éléments purement opérationnels soient mis en place ». Citant l'exemple de la coopération entre la Mairie de Paris en France et Airbnb, il explique qu'une gestion de projet IT entre les autorités publiques et la plateforme a été déployée pour faciliter le suivi et l'encadrement de ces locations. Cette amélioration suppose de « mettre en place les éléments technologiques qui permettront la synchronisation des données d'Airbnb avec celles, en l'occurrence chez nous, des délégations régionales du tourisme et de collecter les taxes touristiques auprès des propriétaires de ces hébergements ». 3 questions à Othmane Ibn Ghazala « Encadrer ces activités devrait permettre d'améliorer la qualité de l'offre et de booster le tourisme ». Qu'est-ce qui fait le succès d'Airbnb auprès des voyageurs ? Il a été clairement constaté dans les destinations touristiques matures que Airbnb a favorisé le tourisme. Il a permis à certains voyageurs qui n'avaient pas les moyens de prendre des chambres d'hôtel de se rendre dans ces destinations grâce à des appartements en location à des prix plus abordables. Airbnb répond également à certains besoins de certains voyageurs qu'ils ne trouveront pas dans les hôtels en termes de superficie, d'espace, de typologie d'hébergements. Airbnb se distingue aussi par les logements insolites qu'il met particulièrement en avant sur sa plateforme comme les cabanes dans les arbres, les cabanons flottant sur des lacs, etc., et qui ont développé un type de tourisme.
Quid du Maroc ? Comment encadrer ce type d'activité ? Pour le Maroc, c'est différent, nous ne sommes pas encore une destination mature, on n'affiche pas encore des taux d'occupation de nos hébergements classés vraiment proches de 100%. Airbnb vient donc répondre à une demande qui n'est pas satisfaite par les établissements classés. De plus, ce qui a été constaté dans les destinations matures, c'est une étroite coopération entre les autorités publiques et Airbnb pour cadrer cette activité. À Paris, qui a été la ville qui proposait le plus d'hébergement sur Airbnb au monde pendant de nombreuses années, lorsqu'un propriétaire souhaite proposer son logement, il doit s'enregistrer auprès de la Mairie, obtenir un numéro spécial qu'il renseigne ensuite sur la plateforme et lorsqu'il a des clients, il paye des taxes à la Mairie, l'équivalent chez nous des taxes d'hébergement, touristique et de séjour. Ça reste répertorié, ça devient comme un type d'hébergements classés.
Quel sera l'apport de la nouvelle réglementation 80-14 ?
Elle va peut-être améliorer la situation, à condition que les éléments purement opérationnels soient mis en place. Dans le cas de la Mairie de Paris, il y a eu du Project management IT entre les autorités publiques et Airbnb pour faciliter le suivi et l'encadrement de ces locations dans certaines villes. Le prévoir dans la loi c'est bien, mais il faut une coopération pour mettre en place des éléments technologiques qui permettront la synchronisation des données d'Airbnb avec celles, en l'occurrence chez nous, des délégations régionales du tourisme et de collecter les taxes touristiques auprès des propriétaires de ces hébergements. Encadrer ces activités devrait permettre d'améliorer la qualité de l'offre et de booster le tourisme. Car qui dit plus d'Airbnb, dit plus de consommation de biens et de services touristiques en termes de restauration, de guides, de transports...
Secteur touristique « Une concurrence déloyale » pour les hôteliers Face à l'expansion des plateformes de réservation type Airbnb ou encore Booking, les hôteliers pointent du doigt une concurrence déloyale. Pour Abdelaziz Samim, la situation doit être régularisée : « Les locations qui passent par l'intermédiaire de certaines plateformes ne sont soumises à aucune obligation, ni celle de l'hygiène, ni celle de la sécurité, ou encore sociale et fiscale, à l'instar des établissements d'hébergements classés. Il faut donc les soumettre à un système de classement et aux mêmes critères que les unités classées. D'ailleurs, la loi 80-14 inclut ce type d'hébergements dont nous parlons dans la catégorie hébergement chez l'habitant. C'est important, il y va de la qualité de la prestation et de la sécurité des locataires ».
Il s'agit également d'un manque à gagner pour les agences de voyages puisque le client passe directement par Airbnb ou Booking pour programmer ses vacances. Mais pour Othmane Ibn Ghazala, le client qui loue un appartement sur Airbnb, n'envisageait pas de recourir à une agence. « Les clients sont très digitalisés, l'agence n'allait pas figurer dans leur premier choix pour la réservation de leur hébergement. Les agences qui partent de ce principe ont mal compris à quel point les habitudes de consommation ont changé chez leur clientèle ».
L'info...Graphie Benchmark : Airbnb sous d'autres cieux Le géant mondial de la location saisonnière poursuit son expansion. Cette plateforme créée en 2008 continue d'atteindre des chiffres inédits. En 2021, 300,6 millions de nuitées ont été réservées dans le monde. En 2022, 86 millions de nuitées auraient été réservées sur la plateforme rien que dans l'Hexagone, selon un média français.
Qu'est-ce qui fait le succès de ces plateformes à l'étranger ? Pour Othmane Ibn Ghazala, ces plateformes répondent à un nouveau besoin de certains voyageurs. « Il a été clairement constaté dans certaines grandes capitales, souvent dans les destinations touristiques matures, que Airbnb a favorisé le tourisme ». Selon lui, Airbnb a permis à certains voyageurs qui n'avaient pas forcément les moyens de prendre un hôtel de pouvoir se rendre quand même dans certaines destinations grâce à des prix plus abordables. « Airbnb répond également à certains besoins de certains voyageurs qui ne trouveront pas dans les hôtels, en termes de superficie, d'espace, de typologie. Airbnb se distingue aussi par les logements insolites qu'il met particulièrement en avant sur sa plateforme comme les cabanes dans les arbres, les cabanons flottant sur des lacs, et.,. et qui ont développé un type de tourisme ».
Par ailleurs, ce succès dans les destinations dites « matures », telles que Paris, est dû notamment à une étroite coopération entre les autorités publiques et Airbnb pour cadrer l'activité. « À Paris, qui a été la ville qui proposait le plus d'hébergements sur Airbnb au monde pendant de nombreuses années, lorsqu'un propriétaire souhaite proposer son logement, il doit s'enregistrer auprès de la Mairie, obtenir un numéro spécial qu'il renseigne ensuite sur la plateforme et lorsqu'il a des clients, il paye des taxes à la Mairie, l'équivalent chez nous des taxes d'hébergement, touristique et de séjour. Ça reste répertorié, ça devient comme un type d'hébergements classés».