On est à «J-5» d'un éventuel démarrage du nouveau transporteur urbain de la wilaya de Rabat et le problème des employés des anciennes sociétés privées de bus n'a pas encore été résolu. Pire, le risque d'escalade est des plus probants tant que chacun des protagonistes campe sur sa position. Les employés grévistes maintiennent leur débrayage et leur sit-in dans les locaux de leurs compagnies, la «Staréo» s'accroche à sa position et la wilaya peine dans son rôle d'arbitre. En attendant, l'informel continue à sévir en matière de transport urbain et les citoyens-usagers souffrent mille calvaires pour vaquer à leurs occupations quotidiennes et subissent les caprices des Pick-Up et autres triporteurs. Avec l'espoir que d'ici le 1er novembre l'éventuel démarrage des bus sous leur nouvelle appellation mette fin à leurs déboires. Voire ! Tant que les causes qui ont provoqué la crise demeurent, l'issue paraît lointaine et depuis la dernière réunion des protagonistes avec la wilaya le problème semble glisser vers une «indifférence inexplicable». D'une part, la «Staréo» ne semble pouvoir (ni vouloir ?) proposer plus qu'elle n'en a fait jusqu'à présent. A l'issue de la réunion qui a eu lieu la semaine dernière à la wilaya, le Wali de la région, M. Hassan Amrani a annoncé que la nouvelle société, s'apprête à embaucher quelque 3.200 employés, travaillant actuellement dans les sociétés de transport urbain. Dans de "bonnes conditions" et dans le respect et la protection de leurs droits et acquis. Quand bien même ces employés avaient des droits et des acquis. Et c'est là que le bât blesse. Puisque plusieurs employés n'ont jamais été titularisés, par conséquent jamais inscrits à la CNSS. Ce qui fait que malgré plusieurs années de labeur, ils se retrouvent avec zéro année d'ancienneté. Quand bien même la nouvelle société voudrait réintégrer tout le monde sous sa coupole, elle ne pourrait assumer à elle seule un retard de cotisation de la CNSS de plusieurs années. Conséquences, pour plusieurs employés, si jamais intégration y aura, elle se ferait sans tenir compte de l'ancienneté. Reste donc à savoir si l'offre de réintégration dépasserait les 3200 postes déjà offerts et si toutefois les grévistes en accepteraient les conditions? Ce qui ne semble pas être le cas puisque l'occupation des locaux des anciennes sociétés par les employés ne semble pas fléchir pour l'instant. Cela dit, si la nouvelle société pourrait démarrer le 1er novembre sans les employés des anciens transporteurs, le pourrait-elle sans leurs bus “séquestrés” par les grévistes? Selon le cahier de charges, «Véolia transport» devait démarrer avec un parc de 25% de véhicules neufs. Ce qui n'est pas le cas. Arguant l'état des artères éventrées de la capitale pour cause des travaux de la ligne du Tramway, le nouveau transporteur s'est contenté de démarrer avec le parc déjà existant, avec la bénédiction de la wilaya (le cas échéant cela aurait-il été nécessaire de changer de transporteur?). Mais vu l'évolution de la situation de la grève avec l'occupation des parcs de bus par les employés grévistes, ces derniers permettraient-ils la sortie des autobus qui constituaient leurs outils de travail et qui constituent actuellement leur seul moyen de pression pour obtenir gain de cause? On en doute. Ou en d'autres termes, la crise des transports urbains de Rabat risque d'aller au delà du 1er novembre. A moins que la wilaya ne prenne les choses en main et amène les deux parties à trouver un terrain d'entente qui ne léserait pas trop chaque partie.