Malgré les avancées majeures réalisées par le Royaume sur la voie de la lutte contre l'hépatite virale C, le prix du traitement générique est encore loin d'être abordable, surtout pour les personnes démunies. La cherté des prix des médicaments pour le traitement de l'hépatite virale C (HVC) pèse lourdement sur la situation des personnes atteintes de cette maladie. En effet, il devient de plus en plus difficile, surtout pour les malades démunis et ou issus de la classe moyenne de maintenir l'équilibre entre les besoins médicaux de survie et leurs moyens budgétaires. C'est en tout cas le constat inquiétant relevé par le Réseau Marocain pour la Défense du Droit à la Santé et Droit à la Vie à l'occasion de la Journée mondiale contre l'hépatite, célébrée le 28 juillet sous le thème « Une vie, un foie ». Lequel réseau salue l'efficacité du nouveau traitement adopté, et appelle à redoubler les efforts pour mettre fin aux prix trop élevés de ces médicaments dans l'optique de lutter contre cette maladie.
Décès
L'hépatite entraîne une dégradation de la structure normale du foie, empêchant ainsi le bon fonctionnement de cet organe. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), tous les virus de l'hépatite peuvent provoquer une infection aiguë et une inflammation du foie. Les hépatites virales B et C constituent l'une des causes profondes du cancer du foie.
D'après l'OMS, une personne meurt toutes les 30 secondes d'une hépatite virale dans le monde. Elle enregistre chaque année près de 1,4 million de décès et des centaines de millions de personnes touchées par cette affection chronique. Plus de 91 millions d'Africains vivent avec l'hépatite.
Le Maroc n'en échappe pas. Les chiffres de l'enquête nationale de séroprévalence des hépatites virales en disent long. Environ 245.000 et 125.000 personnes sont respectivement porteuses chroniques des virus de l'hépatite B et C avec une prévalence de l'HVC de 0,5% dans la population générale et 125.000 personnes sont atteintes de sa forme chronique.
« Cette prévalence est plus élevée chez les groupes à haut risque, notamment les populations clés et les hémodialysés, sachant que plusieurs personnes contaminées ignorent leur infection », souligne le Réseau Marocain pour la Défense du Droit à la Santé et Droit à la Vie.
Efficacité vs cherté
Partant de ce constat inquiétant, le ministère de la Santé, en collaboration avec les différentes instances compétentes, a mis à disposition un traitement générique fabriqué localement, pour le traitement de ce virus. Le Maroc est devenu, ainsi, l'un des rares pays à produire ses propres traitements contre l'hépatite C. Une vraie révolution thérapeutique dans un pays où l'hépatite virale tue encore plus de 5.000 personnes chaque année.
Bien qu'il est très efficace du fait qu'il guérit 95% des personnes atteintes, avec un risque faible d'effets indésirables et secondaires et d'interactions médicamenteuses, le traitement demeure, néanmoins, excessivement trop cher, notamment pour l'hépatite C, selon le même réseau qui pointe du doigt le monopole détenu par certains laboratoires.
Chiffres à l'appui, « ces médicaments génériques coûtent entre 5000 DH et 6100 DH pour une boîte de 28 comprimés par mois, équivalent à 18.300 DH pour 12 semaines, durée de traitement », alerte le Réseau, soulignant que le prix du même traitement pour trois mois ne dépasse pas 477 DH en Egypte, par exemple.
Couverture médicale
Si le traitement de l'hépatite C n'était pas remboursé pour les bénéficiaires du Régime d'assistance médicale, il l'est, désormais, suite à la généralisation de la couverture sociale. Sauf que même ceux ayant la couverture médicale de base n'échappent pas, selon la même source, à ce dilemme des prix, car le ticket modérateur est de 37%.
La situation demeure encore plus difficile à cause de l'augmentation, d'une part, des dépenses globales de la santé qui pèsent lourdement sur le budget des familles marocaines dépassant les 54%, et du non-respect de la tarification nationale de référence par certaines cliniques, certains laboratoires biologiques et de diagnostics radiologiques, d'autre part.
Un Maroc sans HVC Les efforts menés par le Royaume afin d'éliminer l'hépatite C à l'horizon 2030 ont été couronnés par l'adoption, depuis un an, de la stratégie 2022-2026, en application des orientations de l'OMS. Ladite stratégie, axée sur la prévention, le dépistage et le traitement de l'hépatite virale, vise à sauver plus de 4.000 vies humaines et d'éviter 2.300 cancers liés à cette pathologie. C'est ainsi que le ministère de tutelle organise, chaque année, des campagnes de sensibilisation et de dépistage du virus auprès de la population, sans pour autant oublier les subventions sur les médicaments de cette maladie. Sauf que cet effort devrait être consolidé, selon le Réseau précité, par la généralisation des programmes de prévention et de diagnostic précoce de l'hépatite virale. Ceci passe, selon la même source, par la mise à disposition pour la population de tests gratuits, mais aussi par la prise en charge gratuite des personnes atteintes de cette maladie. « Ceci est en mesure de permettre de réduire la gravité de l'infection et de guérir certains porteurs chroniques, à même de réduire les risques de cirrhose ou de cancer du foie », conclut le Réseau. Le Maroc s'est engagé depuis des décennies dans la lutte contre les maladies transmissibles, notamment l'hépatite virale C. Cependant, des efforts restent à déployer pour garantir la disponibilité des médicaments à prix abordables et accessibles. HVC Première campagne nationale de dépistage
Le ministère de la Santé et de la Protection sociale avait lancé, en 2022, la première campagne nationale de dépistage de l'hépatite virale C (HVC) sous le slogan : «Pour un Maroc sans Hépatite C». Organisée dans le cadre du Plan stratégique national de lutte contre les hépatites virales 2022-2026, cette campagne a été organisée en coordination avec les Directions régionales de la Santé et de la Protection sociale, ainsi que les partenaires, notamment les Organisations non gouvernementales (ONG) et la Délégation générale à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion. Cette campagne s'est axée sur des activités de dépistage et de prise en charge de l'HVC, avec comme objectif la réalisation de 150.000 tests de dépistage rapide dans les différents centres de santé.