Jeudi 20 juillet2023, Haïthem Djebbari, un jeune homme de 32 ans décède dans un hôpital de la ville de Annaba dans l'Est algérien des suites des tortures subies dans un commissariat de police de Tébessa. « Il ne fait pas de politique. Il n'a émis aucun délit d'opinion », assurent ses proches. Trois jours avant son décès, soit le 20 juillet, des éléments de la Brigade de Recherches et d'Investigation (BRI) de la police algérienne effectuent une descente au domicile de la famille Djebbari. Elle accuse le jeune Hichem Djebbari, mineur, âgé de 17 ans, de s'adonner au trafic de drogue. Une fouille minutieuse est, alors, entreprise dans toute la maison. Un mois et demi auparavant, les mêmes éléments de la même brigade y avaient minutieusement fouillé les mêmes lieux. Sans résultats. Cette fois-ci, encore une fois, les policiers n'ont rien trouvé de compromettant chez les Djebbari. Commencent, alors les palabres avec la maman et son fils Hichem. Au moment où Haïthem, l'aîné de la famille rentre (il faisait des courses dans la superette voisine), il voit un policier frapper sa mère. De quoi le faire sortir de ses gonds. Il se jette sur lui pour défendre sa maman. Il reçoit trois décharges de Tazer, un pistolet à impulsion électrique, du brigadier Souan Reda. Une fois à terre, commence, dès lors, son lynchage par les policiers présents sur les lieux. Pour se protéger et justifier leur intervention, les policiers (ils sont de la brigade de la lutte contre les stupéfiants) s'empressent de sortir 40 grammes de haschich pour les présenter comme butin de leur recherche. Ils emmènent Haïthem menotté et dans un état lamentable, au poste de police. Il est de nouveau roué de coups et soumis à une atroce torture. On exigeait de lui de signer le Procès-Verbal de la découverte des 40 grammes de haschich dans le domicile familial. Il opposa un refus catégorique. Ce refus, Haïthem, la payera cher. Ses cervicales sont brisées. Il est tabassé jusqu'à perte de connaissance. De peur que l'alerte ne soit donné dans la ville de Tébessa, sur ordre du chef de sûreté de la wilaya (préfet de police), Zoubir Bekchit, il est évacué à Annaba, une ville distante de 250 kilomètres. Durant deux jours, Haïthem avait souffert terriblement des blessures causées par l'atroce torture subie dans les locaux de la police. Mais, il a eu le temps d'enregistrer une vidéo diffusée sur YouTube dans laquelle il raconte en détails les affres vécues dans le commissariat de police de Tébessa avant de rendre l'âme au 3ème jour de son admission à l'hôpital. Ses obsèques se déroulèrent dans un silence imposé par la police qui a surveillé la cérémonie d'inhumation de bout en bout. A partir d'Alger, le Directeur Général de la Sûreté Nationale, Farid Zineddine Bencheikh, ordonne le classement de l'affaire et de faire comme si de rien n'était. La presse algérienne si prompte à réagir à l'assassinat du jeune adolescent français Nahel, tué par balle un policier, n'en souffla mot. Les autorités algériennes qui ont remué ciel et terre pour le jeune français Nahel rien que pour les origines algériennes de sans grand-mère maternelle ont brillé par leur silence. A Tébessa, au lendemain de l'annonce du décès de Haïthem plusieurs jeunes manifestants sont sortis manifester dans les rues de la ville réclamant justice. Ils sont vite réprimés. Mais quelques voix courageuses notamment celles de ses voisins qui ont été témoins des scènes de violences subies par la famille Djebbari et d'autres proches et amis qui connaissent la victime ont brisé le silence à travers les réseaux sociaux. C'est ce qui a fini par faire sortir de son silence le procureur de la république du tribunal de Tébessa pour annoncer le 23 juillet l'ouverture d'une enquête pour faire la lumière sur cet assassinat abject dont est victime un paisible citoyen qui a laissé derrière lui une orpheline de 2 ans, un jeune veuve et toute une famille dont il était principal soutien.