Alors que plusieurs ensembles résidentiels sont déjà habités, de nombreux chantiers pour la réalisation d'autres complexes sont ouverts tout au long du littoral. Au Grand Casablanca, Le phénomène s'étend de Mohammedia aux limites sud de Dar Bouazza. Toutes ces constructions posent entre autres des problèmes environnementaux et particulièrement ceux implantés sur le domaine public maritime. L'un de nos lecteurs s'insurge à ce sujet. Voici ce qu'il écrit : « Depuis quelques années, on assiste à un phénomène gravissime qui ne cesse de prendre de l'ampleur. Un phénomène qui porte pour nom le bétonnage systématique du littoral marocain. Des rivages paisibles de la Méditerranée aux plages somptueuses de l'Atlantique, on voit pousser partout des projets immobiliers dont l'objectif premier est la spéculation, mais dont le résultat final est la défiguration définitive du littoral. La ruée de riches citadins sur les fermes agricoles durant les années 80, qui a jetée des millions de petits paysans pauvres sur les routes, n'est plus de mode. La mode des années 2000 est à la construction de complexes résidentiels pieds dans l'eau au détriment de l'environnement et au désagrément des citoyens qui, par endroits, n'ont plus accès à la mer et qui, bientôt, ne verront plus cette mer qu'en carte postale. Voilà la nouvelle mine d'or des promoteurs immobiliers voraces, marocains ou étrangers, qui veulent se faire passer pour des investisseurs utiles mais dont la plupart ne sont en fait que des ennemis de la nature. Des plages merveilleuses, que la nature a mis des millions d'années à construire sont détruites irrémédiablement en deux ou trois coups de pelleteuse. Le dernier scandale en date a eu lieu à Casablanca même, aux yeux et à la barbe des Casablancais dont la léthargie et l'amollissement choquent tout autant face à la défiguration de leur propre environnement. Ce scandale a pour nom Anfaplace. Un projet gigantesque en plein cœur de la métropole, initié par un promoteur espagnol qui n'a pas hésité à déverser des milliers de tonnes de béton sur l'une des plus belles plages de la ville. Or la première question qui vient à l'esprit est comment des responsables locaux ont pus accorder une telle autorisation : ceci dépasse l'entendement. Des responsables qui, après enquête annoncée par les autorités compétentes, devront répondre de leurs actes. Une chose est en tout cas certaine : ce promoteur espagnol n'aurait jamais pu réaliser un tel projet en Espagne où l'on ne badine pas avec la loi. Il lui était donc facile de se rabattre sur notre pays ... surtout en ce moment où l'immobilier en Espagne ne fait plus recette, conséquence d'un boom immobilier frénétique qui a duré des décennies et qui a défiguré une grande partie du littoral de ce pays, de la Costa Brava au nord à la Costa del Sol au sud. Tout le monde s'accorde à dire que l'Espagne a irrémédiablement détruit son littoral au nom du tourisme de masse. Or on a la désagréable impression que le Maroc, sous prétexte d'accueillir toujours plus de touristes, est sur la même voie du bétonnage massif de ses plages. Sauf que chez nous le processus est plus rapide, tellement la convoitise des promoteurs est grande. Le Morroco mall est un autre grand projet qui vient défigurer une autre plage de Casablanca. Il est certes louable de faire un projet qui va embaucher des centaines de personnes, mais pourquoi le construire obligatoirement en bord de mer ? A quoi sert de construire un centre commercial au bord de l'eau, sachant en plus les effets corrosifs néfastes de l'humidité et du sel marin sur les bâtiments. Quand on voit le trou gigantesque qui a été creusé sur la plage, on ne peut qu'être choqué par l'ampleur du désastre. Le bétonnage massif est devenu la nouvelle lubie des promoteurs immobiliers. Encore une autorisation de construire abusive qui fait scandale. N'en déplaise à ses investisseurs, ce projet sera un échec commercial total eu égard au lieu choisi et à son éloignement par rapport au centre ville. Il y a d'autres projets, hélas, qui n'auraient jamais du voir le jour sur le littoral casablancais, comme Mac Donalds et KFC par exemple. Des enseignes tristement célèbres qui ont vu le jour sur le plus beau site de Casablanca, avec vu sur mer, alors qu'elles sont le symbole même du mauvais goût et de la malbouffe, facteur d'obésité et de maladies cardiovasculaires. Des enseignes tellement décriées en Occident qu'elles sont reléguées à la sortie des autoroutes à défaut d'être interdites. Nos élus locaux ont besoins de voyager à travers le monde, d'avoir un minimum de culture pour accéder à certains postes et accorder des autorisations de construire. Laisser des incultes gérer le plan urbanistique d'une ville phare comme Casablanca n'aboutira qu'au désastre. « Ailleurs, il y a d'autres projets immobiliers grandioses qui ont défigurés le littoral marocain. Ce littoral qui possède les plus belles plages d'Afrique et qui malheureusement se trouve aujourd'hui victime du bétonnage massif, conséquence d'une vision à court terme. C'est le début d'une catastrophe écologique annoncée. Des plages dévastées par les excavatrices et les bulldozers, laissant des tempêtes de sable envahir les sols. On ne voit pas de quelle utilité on peut parler. Essentiellement constitués de résidences luxueuses pour milliardaires, de tels projets ne sont pourvoyeur d'aucun emploi digne de ce nom à long terme. Tout au plus, les gens espèreront-ils devenir domestiques ou chaouchs, payés une misère chez de richissimes étrangers qui viendront une fois l'an narguer le petit peuple. Chasser le colonialisme par la porte principale et il revient par la porte de service... D'ailleurs ces complexes touristiques géants, aux conséquences ravageuses sur l'environnement, sont passés de mode. Bronzer idiot dans un univers de béton semblable à un univers concentrationnaire n'intéresse plus personne. Ce qu'il faut privilégier à l'avenir, c'est un tourisme équitable, fruit d'une vision à long terme, qui implique les gens de la région tout en respectant les richesses naturelles locales. Il vaut mieux de petites unités hôtelières disséminées discrètement dans la nature, plutôt que de grandes structures de béton qui écrasent le paysage. Le touriste de demain recherchera le dépaysement, les randonnées dans des espaces naturels intacts, le contact direct avec une population locale authentique qui gère elle-même ces unités hôtelières tout en prenant le plus grand soin de la nature environnante. « Quel tourisme nous voulons? Si c'est pour déverser des millions de tonnes de béton sur nos plages, alors nous ne voulons pas de ce touriste-là. Avec la désertification, conséquence d'une déforestation aveugle, et la sècheresse, conséquence du pompage abusif des nappes phréatiques, il faut prendre le temps de la réflexion. Quel Maroc nous voulons léguer aux futures générations ? Est-ce un Maroc transformé en désert avec un rivage bétonné de Saïdia à Lagouira. Nos ancêtres ont eu la sagesse de nous léguer un pays pratiquement intact. A nous d'en faire de même pour assurer un avenir radieux à ces futures générations. Face au réchauffement climatique et à l'appauvrissement des ressources naturelles, la question de l'environnement est en train de devenir le thème central de ce 21ème siècle. Toute société qui ne se préoccupe pas de ce facteur, qui ne résonne pas en termes de développement durable, est une société qui est vouée à disparaître ».