Le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques (CCSRS), réuni mardi 4 juillet au siège de Bank Al-Maghrib, a fait le point sur la stabilité financière du Royaume. Détails des travaux. Le CCSRS, est-il indiqué dans un communiqué, a examiné et approuvé le rapport sur la stabilité financière au titre de l'année 2022, tout en faisant le point sur l'état d'avancement de la feuille de route de stabilité financière couvrant la période 2022-2024. Il a également passé en revue la synthèse des travaux de son sous-comité mensuel et noté que les indicateurs de suivi examinés continuent de montrer la solidité et la résilience du secteur financier marocain.
Economie nationale
Bien qu'ils soient globalement en fléchissement, les risques macroéconomiques provenant de l'environnement externe et interne (enlisement de la crise en Ukraine, hausse des taux d'intérêt, niveaux encore élevés de l'inflation...) appellent à la vigilance sur fond de fortes incertitudes pesant sur les perspectives de l'économie mondiale. Selon les projections de Bank Al-Maghrib, et après une décélération en 2022 à 1,3%, la croissance économique nationale ressortirait à 2,4% en 2023 avant de se consolider à 3,3% en 2024.
Au niveau des comptes extérieurs, le déficit du compte courant devrait s'alléger autour de 2,5% du PIB en 2023 et en 2024, alors que les avoirs officiels de réserves permettraient, en intégrant les prévisions du financement extérieur du Trésor, une couverture autour de 5 mois et demi d'importations de biens et services.
Pour ce qui est des finances publiques, le déficit budgétaire devrait poursuivre son atténuation pour se situer à 5% du PIB en 2023 puis à 4,3% en 2024. Quant à l'endettement du Trésor, il se situerait à 69,7% du PIB en 2023 et ensuite à 68,5% en 2024.
Crédits bancaires
Dans une conjoncture difficile, le crédit bancaire destiné au secteur non financier a progressé à un rythme accéléré en 2022 avant de ralentir au cours des quatre premiers mois de l'année 2023. Compte tenu de la progression des créances en souffrance, le taux de sinistralité du secteur bancaire s'est établi à 8,4% à fin 2022 puis à 8,9% à fin avril 2023. Le taux de couverture de ces créances par les provisions s'est maintenu autour de 68%.
Le secteur bancaire continue donc d'afficher des fondamentaux solides. Au niveau de la capitalisation, les banques ont dégagé à fin 2022 sur base sociale un ratio moyen de solvabilité de 15,7% et un ratio moyen de fonds propres de catégorie 1 de 12,4% supérieurs aux minimas réglementaires de 12% et 9%. Sur base consolidée, ces ratios ressortent respectivement à 13,4% et à 11,2%. L'exercice de macro-stress test de solvabilité continue de montrer la résilience du secteur bancaire face à des scénarii simulant la dégradation des conditions macroéconomiques. Au plan de la rentabilité, en revanche, le résultat agrégé des banques sur base sociale a connu une baisse de près de 13%, contre une hausse de 76,4% en 2021. Cette évolution s'explique principalement par la contraction de 52% du résultat des opérations de marché, sous l'effet de l'augmentation des taux monétaires et obligataires. Le ratio de liquidité à court terme continue d'afficher un niveau confortable supérieur au seuil réglementaire de 100%.
Régimes de retraite
Concernant le secteur de la retraite, les principaux régimes de base continuent de connaître une situation financière difficile, marquée globalement par l'importance de leurs dettes implicites et par l'érosion continue de leurs réserves à divers horizons. La réforme systémique de ce secteur à travers l'instauration de deux pôles (public et privé), actuellement en cours de discussion entre le gouvernement et les partenaires économiques et sociaux, vise à instaurer une tarification équilibrée des régimes de retraite et à résorber une bonne partie de leurs engagements passés non couverts.
Marché obligataire
Sur le marché obligataire, les taux des BDT ont continué à augmenter en début d'année avec une hausse importante au cours du mois de janvier 2023. La volatilité des taux a enregistré pour sa part des niveaux historiquement élevés. A partir du mois de mars, les taux des BDT se sont stabilisés et ont même amorcé une légère baisse au mois de mai avec des niveaux de volatilité relativement modérés. L'encours de la dette privée à fin avril 2023 s'élève à 254 milliards de dirhams, en hausse de 1,86% en glissement annuel. Le paiement des échéances des titres de dette privée n'enregistre pas de défaut sur la période.