Hamid El Kasri, une figure notoire du Festival Gnaoua et Musiques du Monde, nous livre les secrets des sons enchanteurs émanant de son guembri, en revenant sur les faits marquants de sa carrière en tant que Maâlem. * Quel est le facteur clé qui contribue au succès de votre musique dès les premières notes de guembri ? L'art gnaoui nous offre un amour partagé, et je dois avouer que cela me surprend grandement. Comment le public parvient-il à graver dans sa mémoire chaque mot, chaque rythme de mes chansons ? Une étonnante prouesse qui me comble de bonheur et me pousse à maintenir un niveau de performance inébranlable au fil des années, afin de satisfaire pleinement ses attentes les plus élevées.
* Pouvez-vous nous relater vos débuts artistiques ? Dès l'âge tendre de sept ans, j'ai été envoûté par le charme captivant de cet art. J'ai grandi au sein d'un cercle gnaoui, m'imprégnant de chaque instant. Depuis lors, et après une carrière de 54 ans, j'ai lutté avec acharnement pour pouvoir transmettre toute l'affection que je porte à ce domaine.
* En tant qu'habitué du Festival d'Essaouira Gnaoua et Musiques du Monde, comment percevez-vous l'évolution artistique de cet événement ? Le festival a connu une évolution majeure depuis ses débuts jusqu'à nos jours. C'est comme si l'on parlait d'un athlète qui entame sa carrière : après des années d'entraînement, son souffle et son endurance connaissent une remarquable amélioration. Chaque année, nous attendons avec impatience les scènes époustouflantes offertes par le festival. À présent, nous en sommes à sa 24ème édition, et il ne nous a jamais déçus. Cependant, je suis convaincu qu'un investissement supplémentaire dans les artistes gnaouis est nécessaire pour les aider à travailler dans de bonnes conditions et renouveler cet art. Actuellement, la plupart des artistes gnaouis semblent stagner dans une boucle de reprises des anciennes chansons. Pourtant, il est important de rappeler que le Gnaoua est arrivé au Royaume depuis l'Afrique subsaharienne, dans une langue qui nous était étrangère à l'époque. Cependant, grâce à un travail acharné, les Marocains ont su innover cet art et l'adapter à leur propre culture. C'est grâce à cette évolution que le Gnaoua a atteint le niveau où il se trouve aujourd'hui. Par conséquent, il est essentiel d'encourager les nouvelles générations à prendre le flambeau et à préserver cet art précieux.
* Quelles sont vos principales sources d'inspiration pour créer ces rythmes uniques ? Tout d'abord, je puise ma créativité dans les profondeurs de la tradition gnaouie. Ensuite, je m'ouvre aux influences et aux rencontres. Les voyages, les échanges avec d'autres artistes, qu'ils soient gnaouis ou issus d'autres horizons musicaux, me permettent d'explorer de nouvelles sonorités, de fusionner les genres et de repousser les frontières. Enfin, la vie elle-même est une source infinie d'inspiration. Les émotions, les expériences, les moments de joie ou de tristesse, tout cela se reflète dans mes compositions. * Comment envisagez-vous l'avenir de la musique gnaouie ?
Comme je l'ai mentionné précédemment, il est crucial d'investir davantage dans les nouveaux Maâlems, car ils sont les piliers de cette démarche de préservation et d'évolution de l'art gnaoui. Tout comme nos ancêtres ont su adapter le Gnaoua à notre culture islamique, malgré ses racines souvent liées au paganisme, il est essentiel que cette nouvelle génération embrasse un esprit d'innovation et donne naissance à une nouvelle forme gnaouie qui soit en phase avec la réalité actuelle. Cela nécessite un soutien et des ressources appropriés pour permettre à ces jeunes artistes de s'épanouir et d'explorer de nouvelles voies musicales. En encourageant cette créativité et en favorisant une approche contemporaine, nous pourrons assurer la continuité de l'art gnaoui tout en lui insufflant une nouvelle énergie adaptée à notre époque.
* Quels sont vos projets à venir ? Je suis actuellement engagé dans un projet artistique passionnant qui consiste en la création de 12 morceaux. J'ai envoyé ces compositions au talentueux compositeur et producteur américain Michael League, membre du célèbre groupe Snarky Puppy, afin qu'il réalise les arrangements musicaux pour ces morceaux. J'attends avec impatience le résultat final et j'espère sincèrement que le public sera conquis lors de sa sortie.
Portrait Hamid El Kasri, virtuose de l'art gnaoui, charmeur des scènes
Hamid El Kasri, né en 1961 à Ksar El-Kébir, dans le Nord du Maroc, s'est rapidement fait remarquer en tant que musicien virtuose et chanteur exceptionnel dès le début de sa carrière. Ce choix musical était inévitable pour lui, car il a grandi au sein d'une famille paternelle descendante d'une lignée d'esclaves soudanais, où l'art gnaoui faisait partie intégrante de leur héritage. Sur scène, les performances de Hamid El Kasri sont toujours accueillies avec enthousiasme par des publics venus d'ici et d'ailleurs. Et cela n'est guère surprenant, car sa maîtrise du guembri, un instrument emblématique de la musique gnaouie, associée à sa voix envoûtante, ne laisse personne indifférent. Dès les premières notes de sa musique, il parvient à captiver les cœurs et les esprits de ses fans, ainsi que les novices qui découvrent cette musique pour la première fois. Hamid El Kasri a réussi à réunir les passionnés de l'art gnaoui, qu'ils soient originaires du Nord ou du Sud du Maroc, en créant un mariage harmonieux entre les deux tendances. Son talent et sa créativité ont permis d'établir des ponts entre les différentes traditions musicales, offrant ainsi une expérience artistique unique toute en verve. Sa contribution à l'art gnaoui a été inestimable, propageant son héritage musical à travers le pays et au-delà.