Le prix Nobel de la paix a été attribué vendredi au président américain Barack Obama, premier noir à occuper la Maison Blanche, où il a fortement infléchi la politique étrangère en optant pour une approche plus consensuelle et multilatérale. «En tant que président, Obama a créé un nouveau climat dans la politique internationale», a déclaré le président du comité Nobel norvégien, Thorbjoern Jagland, soulignant sa quête de solutions négociées. Entré en fonctions il y a moins de neuf mois, M. Obama s'est dit «honoré» par la voix d'un responsable de son administration. Le président américain reste toutefois confronté à deux conflits ouverts: en Irak mais surtout en Afghanistan, où il est à la recherche d'une nouvelle stratégie et où la situation se dégrade au point que certains évoquent un nouveau bourbier comparable au Vietnam. Depuis sa prise de fonctions, M. Obama, 48 ans, a tenté de jeter des ponts entre son pays et le monde musulman après des années de tensions liées aux attentats du 11 septembre et à la «guerre contre le terrorisme» qui s'en est suivie. Le «cycle de méfiance et de discorde doit s'achever», a-t-il dit en juin lors d'un discours-phare à l'université du Caire. La première réaction de l'Iran, qui s'oppose aux puissances occidentales sur son programme nucléaire, a été mesurée. «Nous espérons que cela l'incitera à emprunter la voie qui apportera la justice dans le monde», a réagi un conseiller du président Mahmoud Ahmadinejad. Certaines voix, telles que le Polonais Lech Walesa, lui-même lauréat en 1983, ont jugé ce Nobel prématuré, faute de percée concrète à l'actif du président américain. «Nous avons maintes fois essayé de donner (le prix) pour encourager ce que de nombreuses personnalités essayaient de faire», a répliqué M. Jagland, citant le chancelier ouest-allemand Willy Brandt (1971) pour sa Ostpolitik ou le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev (1990) avant la fin de la guerre froide. M. Jagland a aussi relevé l'engagement du 44e président américain dans la lutte contre le changement climatique après des années de relative inertie sous le règne de George W. Bush. Hasard du calendrier, le Nobel est remis le 10 décembre, une date qui coïncide avec la conférence internationale sur le climat à Copenhague.