Le Maroc serait très prochainement le premier pays le plus industrialisé d'Afrique, tandis que l'Algérie va devenir le pays le moins riche du Maghreb malgré ses gigantesques richesses naturelles en gaz et pétrole, souligne le Centre d'Etude et de Réflexion sur le Monde Francophone (CERMF), un think tank français. Grace à un cadre favorable aux investissements nationaux et internationaux, le Maroc, comme la Tunisie dans une moindre mesure, a réussi à constituer de nombreuses filières industrielles, lui permettant notamment d'occuper les premières places au niveau continental en matière d'industrialisation et d'environnement des affaires. Ainsi, et selon le dernier classement publié par la Banque Africaine de Développement (BAD), en novembre 2022, le Maroc se classait deuxième des pays du continent en matière d'industrialisation, alors que l'Algérie n'arrivait qu'à la 11ème position, derrière le Sénégal (septième pays le plus industrialisé d'Afrique de l'Ouest, devant être bientôt rejoint par la Côte d'Ivoire, qui a récemment dépassé le Ghana), ou encore le Kenya (neuvième pays le plus industrialisé d'Afrique de l'Est continentale). Le Maroc devrait d'ailleurs très prochainement accéder au premier rang du classement, en dépassant l'Afrique du Sud avec laquelle l'écart est désormais inférieur à 1 %, après avoir été divisé par 17 depuis 2010 (scores actuels de 0,8327 et 0,8404, respectivement), ressort-il de cette étude récente du CERMF (Centre d'Etude et de Réflexion sur le Monde Francophone) intitulée « L'Algérie devient le pays le moins riche du Maghreb ». « Une telle évolution s'explique également par le déclin économique constant de l'Afrique du Sud, comme en témoigne la croissance quasi nulle enregistrée au cours de la dernière décennie (0,9 % en moyenne annuelle sur la période de 2013-2022), ou encore le fait qu'elle soit l'un des très rares pays africains à connaître une baisse du taux d'accès à l'électricité, alors même qu'une partie non négligeable de la population n'y est toujours pas connectée au réseau électrique (15,6 % fin 2020, contre moins de 1 % dans chacun des pays du Maghreb, selon la Banque Mondiale) », explique le CERMF, basé à Paris. Et de poursuivre que la deuxième place actuelle du Maroc avait d'ailleurs longtemps été occupée par la Tunisie, qui a récemment reculé à la quatrième position, derrière l'Egypte, suite aux difficultés qu'elle traverse depuis sa révolution de 2011.
Le Maroc, seul pays arabe à avoir une véritable industrie automobile
Le CERMF indique, en outre, que les politiques économiques judicieuses suivies par le Maroc lui ont permis de réaliser un bond considérable au cours des dernières décennies. « Si la Tunisie a été pionnière, le Maroc a véritablement décollé au cours des vingt dernières années, et s'illustre aujourd'hui en étant notamment le seul pays arabe à avoir une véritable industrie automobile (et l'un des deux seuls sur le continent, avec l'Afrique du Sud, qu'il talonne désormais), avec une production de près de 470.000 véhicules en 2022, essentiellement destinée à l'export, contre seulement 25.000 pour l'Egypte, pays le plus peuplé du monde arabe. Le Maroc est aussi l'unique pays africain à être doté de trains appartenant à la catégorie des trains à grande vitesse, roulant à environ 300 km/h (et le seul au niveau arabe, avec la richissime Arabie Saoudite) », souligne la même source. Par ailleurs, le Maroc est également devenu un acteur économique incontournable sur la scène africaine, en se hissant au rang de deuxième investisseur africain sur le continent (après l'Afrique du Sud, notamment présente dans les industries minières), en s'appuyant sur un réseau bancaire particulièrement développé (à tel point que les agences bancaires marocaines sont désormais deux fois plus nombreuses que les agences françaises en Afrique subsaharienne francophone), ou encore en ayant fait de la compagnie aérienne nationale, Royal Air Maroc, un acteur majeur du ciel africain. De même, le dynamisme de l'économie marocaine se reflète aussi à travers le nombre d'entreprises nationales présentes parmi les plus grandes entreprises du continent. « En effet, et selon le dernier classement annuel publié par le magazine Jeune Afrique en mars dernier, le Maroc en comptait non moins de 56 parmi les 500 plus grandes entreprises africaines en 2021, contre seulement 12 pour l'Algérie, ou encore 46 pour l'Egypte, pays arabo-anglophone d'Afrique du Nord ayant une population 2,8 fois plus nombreuse », fait remarquer le CERMF. Mais si les bonnes performances du Maroc résultent, d'abord, des bonnes stratégies économiques adoptées, ainsi que de la taille de son marché intérieur (trois fois plus important que celui de la Tunisie, mais un cinquième plus petit que celui de l'Algérie), elles s'expliquent également par l'appartenance du pays à l'espace francophone, qui lui a permis d'attirer de très importants investissements français et de bénéficier d'un accès privilégié à la vaste et voisine Afrique subsaharienne francophone, fait valoir la même source.