L'engagement soutenu de la diplomatie marocaine dans le dossier de résolution de la crise en Libye a fini par donner ses fruits. Après une série de réunions à Bouznika, la Commission 6+6 est parvenue à un compromis sur les lois électorales devant régir la présidentielle et les législatives en Libye. La signature officielle de ces lois se fera sous peu. Retour sur le bilan concluant de l'intervention marocaine. Réunir les protagonistes libyens autour d'une même table et déployer des ressources de diplomatie pour les mettre d'accord sur les moyens et dispositifs permettant de mettre fin au conflit libyen, était une gageure que la diplomatie marocaine a brillamment réussie. En atteste l'heureuse conclusion de la série de réunions de Bouznika qui constitue une étape cruciale dans le règlement de la situation en Libye, tout comme l'accord de Skhirat l'avait été en 2015. Cet accord référentiel de base avait abouti, rappelons-le, à la mise en place du gouvernement libyen d'entente reconnu par la communauté internationale en tant que seul représentant légitime. Pour conduire à son terme le processus de réconciliation libyenne, le président du Haut Conseil d'Etat libyen, Khaled Al-Michri, et le président de la Chambre des Représentants libyenne, Aguila Salah Issa, étaient tous deux présents au Maroc, pendant deux semaines, pour se concerter sur la commission mixte en charge de la préparation des textes de loi qui devraient régir les élections présidentielle et législatives, initialement prévues en décembre 2021 et reportées depuis lors. Le rôle assumé à cet égard par le Royaume était lui-même un gage de bonne conclusion. La constance de ses positions et son souci de faire prévaloir l'intérêt des Libyens d'abord, a été donc déterminant pour les parties prenantes de tenir leur conclave au Maroc, de préférence à d'autres plusieurs pays, comme par exemple le voisin algérien, sur lequel pèsent des suspicions d'ingérence. L'approche du Maroc émane de sa forte conviction de faire des rendez-vous entre les parties concernées, non pas une sorte de conférence internationale, aux voix souvent discordantes, mais plutôt un dialogue libyen, sans supervision autre que celle des Nations Unies. « Le Maroc développe une approche légaliste et une neutralité claire et prône la non-ingérence et la souveraineté de la Libye alors que de nombreux médiateurs du dossier libyen cherchent à favoriser leurs intérêts politiques et économiques lors des multiples négociations », font observer plusieurs spécialistes de la question. Chose que le ministre des Affaires étrangères et des Marocains résident à l'étranger, Nasser Bourita, a confirmée. « Il n'y a pas d'autres agendas qui animent l'organisation de pourparlers sur l'agenda libyen, et pas d'intérêts occultes sauf l'intérêt libyen suprême ; et pas de proposition sauf sur quoi les parties libyennes vont s'entendre ». Ce rôle pertinent du Maroc dans la facilitation du dialogue libyen a été largement salué et apprécié par la communauté internationale, notamment les instances onusiennes. Enfin un compromis pour l'organisation des élections : La résolution de la crise en Libye a donc marqué une avancée déterminante à la faveur des nouveaux développements facilités par le Royaume dans le dialogue inter-libyen. Les réactions de satisfaction des différents protagonistes en sont la preuve. D'ailleurs, les travaux de la réunion de la commission mixte, chargée par la Chambre des Représentants et le Conseil d'Etat de la préparation des lois électorales, ont permis de sortir avec un compromis clair sur l'organisation des élections. La voix populaire étant consacrée comme seul et unique moyen pour régler définitivement la question de la légitimité et mettre fin à la dualité des institutions du pays depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011. D'après le ministre Nasser Bourita, « ces compromis ont placé l'intérêt de la Libye et les bonnes pratiques en matière d'organisation de scrutins au centre des préoccupations, à même d'organiser des élections globales basées sur des critères précis, dont les résultats seront acceptés de tous ». D'ailleurs, la signature officielle de ces lois se fera dans les jours à venir. Pour ce faire, le ministre a plaidé pour l'accompagnement des parties prenantes en vue d'apporter davantage de précisions à certaines questions et s'accorder sur certains détails en vue d'une mise en œuvre harmonieuse de ces lois, car il s'agit de l'étape cruciale pour le début du processus d'organisation des élections, du règlement de la question de la légitimité en Libye et de la mise en place des institutions légitimes.
La communauté internationale salue les efforts du Maroc Les instances onusiennes ont salué, par la voix du porte-parole du Secrétaire Général, Stéphane Dujarric, les efforts fournis par le Maroc dans le but de trouver des compromis sur les lois électorales entre les parties libyennes réunies à Bouznika. Le ministère des Affaires étrangères saoudien, quant à lui, a salué, ce 10 juin 2023, les « efforts » du Maroc en vue de faire aboutir le dialogue inter-libyen, suite à la réunion qu'il vient d'accueillir les 6 et 7 juin 2023 à Bouznika. Le responsable saoudien a formulé les vœux que cela soit de nature à permettre enfin l'organisation d'élections en Libye et mettre fin à la crise que connaît le pays. De son côté, l'agence de presse italienne « Dire » a indiqué que la rencontre de Bouznika constitue « une étape cruciale en vue des élections libyennes attendues depuis 2014 ». Elle rapporte, dans ce sens, les propos de Jalal Shwehdi, membre de la Chambre des Représentants, qui a hautement salué le rôle joué par le Royaume pour la réussite de ce dialogue et parvenir à des compromis sur les lois électorales précitées.