Peut-on au nom de la liberté, de croyance soit-elle ou d'opinion, dépasser toutes les limites et offusquer les sentiments de tout un peuple. Le fait que des individus défient le peuple marocain en mangeant publiquement au cours du mois de Ramadan ou qu'on porte atteinte aux symboles de la souveraineté nationale et à nos institutions, cela ne relève pas de la liberté, mais de l'irresponsabilité. La liberté de la presse a constitué l'un des objectifs de la lutte engagée par les forces politiques nationales qui ont fait d'elle l'une des bases fondamentales de l'édifice démocratique. Que de sacrifices ont été consentis et d'épreuves endurées pour garantir la liberté d'opinion et son expression. Le Parti de l'Istiqlal a été à l'avant-garde de ce combat acharné et il lui revient le mérite de publier le premier code des libertés publiques le 15 novembre 1958. Il a milité pour la levée de la censure qui frappait la presse nationale et en a fait une condition sine qua non pour sa participation au gouvernement en 1977. Mais qui dit liberté dit aussi responsabilité dans son exercice. En effet, on ne peut tolérer qu'au nom de la liberté d'opinion, on touche à l'un des symboles de la souveraineté nationale : le drapeau marocain. Ce drapeau constitue un motif de fierté pour notre nation et que de sang a été versé par les martyrs et que des militants ont été condamnés à mort pour que ce drapeau flotte haut sur nos édifices et sur nos demeures. Ce drapeau est l'expression de notre dignité et de notre fierté en tant que peuple souverain et indépendant. Le fait de porter atteinte à ce symbole national constitue, en réalité, une insulte à tout un peuple et à la mémoire de ses martyrs. De même, le fait de porter atteinte à un membre de la Famille Royale ne peut être accepté par notre peuple qui a toujours vécu en communion avec la famille régnante et lui a témoigné respect et considération. Tout en réaffirmant notre attachement au principe de la liberté de la presse, nous condamnons fermement tout dérapage, toute atteinte au drapeau national et tout manque de respect à nos institutions. La liberté ne peut se concevoir en dehors de la responsabilité. Les deux principes sont inséparables et tout manquement à la notion de responsabilité vide celui de la liberté de son sens et de sa portée.